Sans surprise le président socialiste sortant du conseil régional a été réélu dimanche soir à la tête d’une liste de gauche unie. Il réalise un meilleur score qu’en 2015 et progresse même sur le total des voix PS-EELV du premier tour. Nicolas Forissier gagne des voix sur le premier tour à l’inverse d’Aleksandar Nikolic (RN) et Marc Fesneau (Modem/LaRem) qui maintiennent tout juste leur résultat du 20 juin. Principal défi pour François Bonneau : définir une majorité face à trois oppositions.
François Bonneau et Charles Fournier cl EC
Un « homme heureux » s’est ainsi que François Bonneau s’est présenté dimanche soir au conseil régional. Il est vrai que le président sortant à toutes les raisons d’être satisfait en gagnant avec une nette majorité à 38,6%. C’est mieux que le total des voix PS-EELV du premier tour (35,5%). La campagne du second tour a donc validé et légitimé la fusion entre les deux partenaires socialistes et écologistes malgré la campagne des oppositions dénonçant l’alliance contre nature avec la France Insoumise. Ce 27 juin restera pourtant comme une date funeste dans notre histoire démocratique avec plus de 65% d’abstentions, sans sursaut républicain su second tour. Malgré tout François Bonneau gagne des points et renforce son assise notamment en bénéficiant comme dans toutes les régions de la « prime aux sortants ». Pourtant par rapport à tous les présidents sortants réélus en France, François Bonneau réalise un score « modeste » de 38% bien inférieur à celui de tous les présidents de conseils régionaux de gauche comme de droite. Une faiblesse sans doute consécutive à une moindre notoriété de François Bonneau face aux Carole Delga, Renaud Muselier, Xavier Bertrand ou Valérie Pécresse.
Le pari perdu de Marc Fesneau
L’autre vainqueur de ce scrutin se nomme Nicolas Forissier. Alors que peu de commentateurs créditaient l’ancien secrétaire d’État de Jacques Chirac d’ambitions présidentielles crédibles il réalise un bon résultat avec 22,9 % des voix contre 18,8% dimanche dernier. Comme François Bonneau il gagne donc plus de 4 points, fruit notamment d’excellents résultats dans les zones rurales. Face à deux vainqueurs deux vaincus relatifs : Aleksandar Nikolic (RN) avec 22,4% et Marc Fesneau (Modem/LaRem) avec 16,1% qui maintiennent à peine leurs résultats du 20 juin. Mais si Nicolas Forissier avait accepté la main tendue de Marc Fesneau pour une liste d’union alors leur binôme aurait pu tutoyer le résultat de François Bonneau avec plus de 38% de bulletins potentiels.
Marc Fesneau cl EC
Marc Fesneau présenté hier comme une chance sérieuse de la majorité présidentielle pour gagner une région échoue donc dans son pari. Seule consolation pour le ministre des relations avec le Parlement : il réalise le meilleur score en France de tous les candidats du camp macronien.
Un président solide…mais minoritaire
François Bonneau sera donc réélu à la présidence vendredi prochain en même temps qu’une équipe exécutive. Les jours qui viennent vont donc être consacrés à la définition de cette équipe et à la désignation des vice-présidents à répartir entre les différentes formations politiques : PS, PCF, EELV, LFI, radicaux et d’autres. D’intenses tractations vont donc être organisées dans les prochains jours afin de parvenir à un équilibre cohérent capable de tenir sept ans. Une chose est certaine : certes dominant, le parti socialiste ne sera pas majoritaire dans la prochaine assemblée. Il devra donc s’appuyer comme hier sur ses partenaires notamment écologistes, au prix de bien des compromis. Comme hier les oppositions de droite, du centre et d’extrême droite ne manqueront pas de dénoncer des renoncements, voire de petites manœuvres politiciennes menées par un « président prisonnier de ses alliés ». C’est le prix à payer au scrutin proportionnel souvent présenté comme le remède miracle au malaise démocratique de notre pays.
Jean-Jacques Talpin