Du 7 au 10 juillet, le festival Ici & d’ailleurs pose ses valises à la Halle aux Grains et dans différents lieux culturels blésois (théâtre Peskine, Chato’do, Fondation du doute, Les Lobis) pour de belles rencontres interculturelles.
Peut-on dépasser les lieux communs des « rencontres interculturelles » par temps de crise identitaire ? Avec Ici & d’ailleurs, c’est ce que tente de faire la Halle aux Grains (HAG) sous le prisme de l’art avec des auteurs, des comédiens, des danseurs ou des musiciens, principalement issus ou venus d’Afrique, du Maghreb ou d’Égypte.
Certains vivent ici, d’autres viennent d’ailleurs. Certains sont les enfants ou arrière-petits-enfants de ceux qui sont venus d’ailleurs. D’autres aiment beaucoup partir ailleurs, visiter, découvrir. Nombreux sont ceux qui risquent leur vie pour venir ici. N’ont d’autres choix que de venir ici. Tous ont beaucoup à nous dire.
Le 7 juillet à 20h30, le groupe Mademoiselle composé d’un trio de musiciens de talent (Rodolphe Burger, Mehdi Haddab et Sofiane Saidi) nous emmènera sur les rivages du blues et du raï. Les 8, 9 et 10 juillet, le trio Abozekry’s, rencontre de deux frères et d’un ami autour de musiques aux sonorités orientales et andalouses, proposera une ballade musicale entre jazz et rock. Mirtohid Radfar est compositeur et multi-instrumentiste iranien. Cyrille Auchapt et son groupe Dupont Kardesler jouent des musiques d’inspiration turque et des Balkans tandis que Toudgha fait vibrer les musiques du haut marocain. Accueillis sur différentes scènes de Blois, les quatre groupes se produiront pendant trois jours aux quatre coins de la ville, pour vous faire découvrir des sons d’ici et d’ailleurs !
Au théâtre Peskine, les 8, 9 et 10 juillet, Henri Jules Julien met en scène Mahmoud et Nini. Nini, une française quinquagénaire, rencontre Mahmoud, un jeune égyptien. Elle ne parle que le français, lui que l’arabe : ils dialoguent par l’intermédiaire d’une traduction automatique… Mais aussi à travers les stéréotypes et clichés qu’ils portent l’un sur l’autre. Incompréhensions, maladresses, ambiguïtés se multiplient. Une rencontre impossible ? À moins que… Par temps de crise identitaire, Henri jules Julien nous confronte avec humour et provocation au thème brûlant de la « rencontre interculturelle ».
Vivre comme un roi de Florent Trochel est un film qui a été tourné au printemps 2018 avec des amateurs blésois, dans le cadre du projet participatif de la HAG : Welcome ! Il sera projeté au cinéma Les Lobis, le 10 juillet à 11 h (gratuit). Quand Amir perd la clé de son appartement, il redevient comme un roi en exil. Avec ses deux compagnons, Mayha et Omid, ils rejoignent alors les bordures du fleuve, dans une échappée à la recherche d’une place dans le monde, d’un lieu où être.
Le 10 juillet, ce sera Racé une rencontre-dédicace à l’auditorium de la HAG avec Rachel Khan. Rachel Khan ne le sait que trop bien. Noire, gambienne, d’origine musulmane et catholique par son père, blanche, juive et française par sa mère, elle est fière de se dire « racée ». Mais comment vivre cet excès de « races » à l’heure des replis identitaires où seule la radicalité importe ? Comment se positionner avec ce « pedigree » alors que l’injonction est de choisir un camp ? À travers une série de mots, notions et expressions politiquement correctes, Rachel Khan pose un regard tant critique que malicieux sur notre époque idéologisée qui interdit toutes formes de nuances.
Transfrontalier, de et par Zora Snake, est un spectacle “choc” qui sera présenté le 10 juillet à la HAG. Peut-on s’affranchir des frontières ? Le danseur et chorégraphe Zora Snake, artiste phare de la scène camerounaise, explore cette question en exposant son corps aux espoirs, aux douleurs et aux obstacles jalonnant le parcours de ceux que l’on appelle aujourd’hui les « migrants ». Aux confins du hip-hop et des danses traditionnelles, éclatante de rage, reptilienne, sa performance dérange autant qu’elle envoûte. Cette performance dansée interroge les frontières réelles et imaginaires, géographiques et mentales.
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Jean-Luc Vezon
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