Faute d’accord entre Nicolas Forissier et Marc Fesneau, quatre listes seront en compétition ce dimanche. Une diversité qui ouvre un véritable boulevard au président socialiste sortant François Bonneau.
Finalement le véritable match n’aura pas lieu et François Bonneau arrivé en tête dimanche avec 24,81% des bulletins devrait l’emporter sans trop de difficultés. Sa seule angoisse était non pas le RN Aleksandar Nikolic (22,24%) mais une fusion des listes de la droite et du centre entre Nicolas Forissier (18,82%) et Marc Fesneau (16,65%). Additionnées ces deux listes auraient atteint un total de 35% des voix soit autant que le total Bonneau-Fournier puisque qu’un accord a été conclu hier entre la liste de gauche et les écologistes. Les deux blocs auraient dû s’affronter presque à armes égales rendant l’issue du combat incertaine. François Bonneau partait cependant avec un léger avantage grâce au soutien de la liste Démocratie Écologique éliminée avec 4% des bulletins.
« Rejeter les querelles de personnes et d’égo »
Mais l’arithmétique a parfais ses limites. Dès le début de sa campagne Nicolas Forissier avait rejeté toute idée de fusion avec Marc Fesneau au second tour. Personne ne lui tiendra rigueur de tenir ses engagements ! Mais son score inespéré de 18,82% (alors que des sondages avant le premier tour le donnait largement distancé par M. Fesneau) lui a sans doute donné des ailes et l’a poussé à prendre Marc Fesneau de haut. Celui-ci l’a très mal pris (il était passablement dépité et énervé lors de la soirée électorale dimanche soir) et a rompu définitivement les ponts par communiqué ce lundi.
« J’étais prêt, écrit Marc Fesneau, rejetant les querelles de personnes et d’égo, à engager ce rassemblement autour de Nicolas Forissier, dès lors que cette démarche était fondée sur la cohérence d’un projet à porter ensemble durant les six prochaines années à la tête du Conseil régional et du respect nécessaire de chacun. J’en ai pris l’initiative dès le soir du premier tour et c’est ce que je lui ai proposé ». En, vain semble-t-il : « Je prends acte avec regret du refus de rassemblement qui m’a été opposé par Nicolas Forissier, pour qui les logiques d’appareils parisiens et de repli sur soi ont malheureusement été plus fortes que ce qui pouvait nous rapprocher objectivement pour l’intérêt de notre région. Le rassemblement ne peut s’exercer dans l’effacement et le renoncement pur et simple des idées que nous portons et de la confiance que vous m’avez témoignée, mais dans leur considération. C’est donc dans les urnes que le rassemblement autour de notre projet et de nos valeurs devra s’opérer dimanche prochain ».
Le président élu le 2 juillet
Faute de combattant à l’extrême droite Marc Fesneau ne désigne plus qu’un ennemi : François Bonneau. « Il nous faut éviter écrit le ministre Modem la reconduction de François Bonneau, en place depuis 23 ans, et qui a maintenant fusionné son équipe avec celle de M. Mélenchon et des verts, les deux visages du dogmatisme, du sectarisme et de l’illusion, quand notre région a tant besoin d’ouverture, d’accompagnement et de concret. Pour conserver le pouvoir, M. Bonneau semble être prêt à tout, même à laisser sa propre majorité être prise en otage par les extrêmes(…) ». Une déclaration qui rappelle les éléments de langage martelés dans d’autres régions comme l’Ile-de-France ou les Hauts-de-France.
Il en faudra sans doute plus pour inverser le cours des choses. Même s’il lance un appel désespéré à la mobilisation des électeurs dimanche Marc Fesneau sait désormais qu’il n’a quasiment plus aucune chance de s’asseoir dans le fauteuil présidentiel lors du 3ème tour le vendredi 2 juillet.
Jean-Jacques TALPIN