Liesse et vive farandole avec l’Orchestre symphonique d’Orléans

 Voici des jolies joies dans les grandes. Il n’avait pu se produire depuis février 2020 du fait des contraintes liées à la pandémie, mais ce samedi soir, salle Touchard du Théâtre d’Orléans, l’Orchestre symphonique d’Orléans met les petits plats dans les grands pour offrir, à son public retrouvé, un programme résolument enchanteur. Il est tour à tour dansant, poétique, profond. Virtuose et cependant ponctué d’instants d’humour faisant mouche auprès des mélomanes. Dès les premiers accords, l’heure est à l’émotion. 

Marius Stieghorst en répétition cl Micheline Taillardat

 Infiniment de charme et de célérité  

Tout débute par une courte pièce en trois mouvements d’Erik Satie (1866-1925), « Jack in the box », œuvre initialement conçue pour accompagner une pantomime d’après un argument de Jules Depaquit. Un temps perdue, cette composition fut orchestrée par Darius Milhaud (1892-1974).   

“Prélude” “Entracte” et “Final” sont de brefs instants musicaux enjoués, parade poétique invitant à s’abandonner à des climats tour à tour doux, vifs et scintillants. Ce samedi, en respect des règles sanitaires, il ne peut y avoir de programme distribué à quelque six-cent spectateurs. Dès lors, l’Orchestre décide que trois de ses musiciens annoncent chaque mouvement en levant à bout de bras de grands encarts sur lesquels est mentionné le titre de chaque mouvement. Tous ces gestes, attentions et intentions ont le charme de la spontanéité. Avec un soupçon d’enfance malicieuse, le geste évoque ainsi le temps de ces lignes entrecoupant les premiers films du cinéma muet et destinées à expliciter voire souligner l’action en cours.  

Un parfum de road-movie cinématographique  

Place, ensuite et toujours, à une belle association de timbres et à l’harmonie de rythmes dans la “Suite Française”, de Darius Milhaud, réjouissante pièce, poème symphonique quelque peu folklorique et pétillant où le compositeur invite à un voyage par diverses régions de France. Chacune est furtivement et malicieusement évoquée par les interprètes, à chaque début de morceau, via divers symboles hissés à bout de bras. L’une élève ainsi un camembert… Un autre musicien portant une casquette de titi parisien brandit une baguette de pain… Ici, une musicienne hisse fièrement par-dessus tête une bouteille de cidre breton. Bref, tout est ici pétillant, communicant et de bon goût.  

cl Micheline Taillardat

A notre sens, ce voyage réveille de beaux parfums de cinéma.  Car cette musique si évocatrice de sentiments de Darius Milhaud, celle qui accompagna entre autres l’œuvre de Buñuel, est teintée du charme désuet du cinéma en noir et blanc qu’il illustra à maintes reprises. Souvenons-nous aussi avec mélancolie que Darius Milhaud eut entre autres élèves, et peut-être pour héritier sensible, le compositeur Georges Delerue.   

Pour le ciel et le soleil aux lèvres  

A l’écoute de cette “Suite française”, on ne peut qu’aimer, notamment, l’évocation de la Provence, respiration radieuse et enchantement musical en ce quasi début d’été qui nous met le ciel et le soleil aux lèvres. Mais aussi ce Paris à la valse amoureuse et prenante d’intensité ou vibre quelques seconde un violon perdu et éperdu.  

Effervescente comme entraînante est, en fin de programme, l’interprétation des Suites n°1 et 2 de “L’Arlésienne”, de Bizet (1838-1875). Cette nouvelle invitation au voyage fait assaut d’un beau tournis de rythmes, de vifs ou langoureux soli sur lesquels danse avec attention et rubato Marius Stieghorst.

Sans cesse en contact avec la salle, les musiciens vibrant crescendo, jouant en parfaire osmose et sans cesse sur le fil des nuances, ne peuvent plus que se lever, jouer debout, offrant un bouquet final d’un concert magnifique. Ce samedi, cordes et cuivres, bois et percussions se répondent et cisèlent à merveille les mille et un éclats de captivantes et joyeuses partitions.   

Entre autres scintillements  

A l’issue de ce concert, le calme reconnaissant revenant, nombre de mélomanes repensent à différents chants, celui de Delphine Paquin à la flûte, celui de Sujata Chapelain à la harpe. Résonnent encore le son de Frédérique Juranville au saxophone, celui de David Harnois au cor magistral, celui de Vincent Mitterrand à la trompette. Celui d’Olivier Petit à la clarinette ou celui de Christophe Patrix, virevoltant de présence volubile, sensible et sans faille au hautbois, instrument si sollicité de ce programme.  

En répétition cl Micheline Taillardat

Bref, avec ce concert intitulé à juste titre “Réjouissance”, voici une lumière symphonique que l’on ne peut qu’embrasser de grands applaudissements. A l’issue de leur offrande toute en fougue épanouie, compte tenu de l’enthousiasme soulevé auprès des spectateurs, les musiciens donnent en bis, et sans souffle férir, un extrait de “Carmen”, de Bizet. Le public ne peut qu’entre dans le jeu et scander en tapant dans leurs mains, comme le font les amoureux de la Marche de Radetzky à à Vienne. L’engagement de l’orchestre emporte la salle. Le triomphe est là. Juste avant ce rappel, Marius Stieghorst met un genou en terre devant son orchestre et fait se lever chaque pupitre en se rendant au cœur de l’ensemble. Un samedi soir sur la terre, cette déclaration d’amour musical force au respect et comble de plaisir.  

Jean-Dominique Burtin.   

Concert “Réjouissance”.  

Dimanche 13 juin à 16 heures, Théâtre d’Orléans, Salle Touchard.  
Réservations auprès du Théâtre d’Orléans au 02.38. 62. 75.  30. 
En raison de la distanciation prescrite et de la jauge limitée à 65% par le protocole sanitaire, le nombre de places restantes est très réduit.  
Tarifs : Cat 1 : 30€ ; Cat 2 : 27/24/13€ ; Cat 3 : 19€. 

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La saison du Centenaire dans ses grandes lignes 

Lors du concert de ce samedi marquant l’heureuse reprise de l’activité de l’Orchestre, Benoît Barberon, administrateur de l’Orchestre symphonique d’Orléans dont la présidente est Micheline Taillardat,  a annoncé au public les contours de la future saison qui marquera le centenaire de l’Orchestre symphonique d’Orléans. D’autres précisions et ajouts surviendront à la rentrée prochaine. 

Le 22 septembre 2021 au « Festival de Loire ».   Un concert exceptionnel de l’orchestre sera donné lors de la dixième édition du festival de Loire qui fêtera alors ses vingt ans. Le programme sera constitué d’œuvres en rapport avec l’eau et particulièrement les fleuves (La Moldau,   le Beau Danube Bleu, le Lac des Cygnes). Ce festival sera aussi l’occasion d’écouter « Impressions de Loire », de Thibaut Vuillermet, poème symphonique mis en image dans un documentaire qui a remporté une dizaine de prix internationaux. Il est signé Thibaut Vuillermet, compositeur orléanais accueilli en résidence par l’Orchestre.

“Centenaire cosmique” les 20 et 21 novembre 2021. Le premier concert au Théâtre d’Orléans célébrera les cent ans de l’orchestre, avec Les Planètes de Gustav Holst et surtout une création mondiale, « Andromède », œuvre de Thibaut Vuillermet, pièce novatrice pour trombone solo, images et orchestre. Le soliste en sera Fabrice Millischer.   

“Concert de Noël” les 18 et 19 décembre 2021.  Le programme du concert de Noël 2020 a été est reporté au Noël 2021. Belle occasion est ainsi offerte de retrouver Vincent Mitterrand, trompette solo de l’orchestre, en tant que soliste du Concerto de Telemann. Bien entendu, le Chœur symphonique du Conservatoire fera partie de la fête.

« Comédies, rêves et légendes » les 6 et 7 février 2022.   Le programme « Comédies, rêves et légendes » prévu initialement en février 2021, va permettre de restituer le travail d’écriture attendu de Florie Dufour qui a écrit le texte de “Ma Mère l’Oye” et a revisité le texte de “Pierre et le Loup”. Il s’agit d’un programme qui était très attendu du public, notamment du jeune public dans le cadre du concept Concert en famille.   

“Saxophonique” les 26 et 27 février 2022.   Fin février, l’OSO répond ainsi à l’appel du Congrès national du saxophone ui se tiendra à Orléans sous le nom de « SaxOphonie ». Il y programmera deux œuvres solistes avec saxophone : le “Concerto pour saxophone“, de Martial Solal, avec Jean-Charles Richard, et “Trame XIII“, pour quatuor de saxophones, de Jean Martinon, avec le Quatuor Zahir . “La création du Monde“, de Darius Milhaud, et “Appalachian springs“, de Aaron Copland, compléteront le programme dirigé par Quentin Hindley, neveu de Jean-Marc Cochereau, l’un des chefs emblématiques et disparu de l’Orchestre d’Orléans mais toujours présent dans la mémoire des musiciens et des mélomanes orléanais. 

Les 20 et 21 mai 2022 « Danses Symphoniques ». Ce programme est particulièrement ambitieux et mettra en valeur l’ensemble avec les “Danses Symphoniques” de Serguei Rachmaninov, la “Valse“, de Maurice Ravel, et les quatre danses “Estancia”, de Ginastera.  

 « Fantaisies grecques » les 18 et 19 juin 2022.   L’orchestre retrouvera ici le chœur symphonique du conservatoire pour un programme autour de Beethoven : “Les Ruines d’Athènes” et la “Fantaisie pour piano, chœur et orchestre”. Le soliste en sera Mikhail Bouzine, lauréat du quatorzième Concours International de Piano d’Orléans.   Le programme s’accompagnera de quelques œuvres prévues initialement en mai 2020. A savoir l’Ouverture des “Créatures de Prométhée”, “Pan et Syrinx “de Nielsen, et les “Eolides” de César Franck. 

Une grande parade en ville accompagnera également un premier concert de jeunes musiciens, donnés dans le cadre du projet Demos au théâtre d’Orléans.

 Plus de détails à découvrir courant juillet sur:  www.orchestre-orleans.com 

Parole à la Coordination Nationale des lieux occupés   

Depuis le 12 mars dernier les intermittents du spectacle ont pris salvatrice position au Théâtre d’Orléans où s’est déroulée il y a peu la seconde Coordination nationale des lieux occupés. Peu avant que ne débute le concert de ce samedi, en accord avec l’administration de l’Orchestre symphonique d’Orléans et la Scène nationale, des représentants ont pris la parole pour réaffirmer auprès du public, en lever de rideau du concert, les objets de leur lutte, de leur revendication face aux dispositions gouvernementales concernant chaque précaire. Ils ont invité chacun à partager d’autres lendemains plus justes dans les lieux de partage et de création et salué l’équipe permanente du théâtre ainsi que les intermittents du spectacle donné ce samedi en soulignant que la lutte était toujours de mise.

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