Hypnotique. C’est sous signe d’une double retrouvaille que s’est déroulé ce dimanche matin, en la salle de l’Institut d’Orléans, le récital des Matinées du piano d’Orléans organisées par le Concours International de piano d’Orléans. Pour la première fois depuis de nombreux mois, le concert est, en effet, donné devant un public certes restreint compte tenu des règles sanitaires mais toutefois enthousiaste comme aux plus beaux jours. Par ailleurs Francesco Tristano, lauréat du Concours de piano 2004, pianiste qui avait aussi interprété le Concerto de Khatchatourian en 2006 avec l’Orchestre Symphonique d’Orléans, retrouvait avec bonheur les mélomanes orléanais.
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Francesco Tristano (Photo Patrick Nachbaur)
Un récitatif empli d’inspiration
En ouverture de son récital, cet artiste interprète ” Introït”, une composition personnelle, spectre aux notes affûtées suspendues et faisant écho à de brefs silences sous tension. Voici une œuvre en perpétuel devenir affirmant un amour du jazz et de sa pulsation, une partition répétitive et évolutive souvent emplie d’une joie de lumière orchestrale. Puis Francesco Tristano fugue, sans temps de pause, sur les suites de Bach, son compositeur de prédilection, d’abord sur la Suite anglaise en mi mineur puis sur la Suite anglaise en ré mineur.
Le délié du jeu caresse à merveille la partition. L’élégance extrême de l’invitation à la danse coule de source, Tout est ici admirablement ciselé, notamment ces ornementations rafraîchissantes donnant une légère vivacité au discours. A l’Institut, Francesco Tristano sert, en virtuose et par cœur, ces souveraines résolutions d’écriture de Bach, cette métrique pure faisant cependant naître l’émotion. A l’Institut, voici l’effervescence du flux aux mille et une nuances, voici le tourbillon de sortilèges où se succèdent contrastes, tempi, climats, profondeur du discours, gravité du chant, liesse de l’élévation.
En fin de récital Francesco Tristano donne l’une de ses compositions “Ground bass”, Chaconne créée à Orléans en 2004. Un bref et bel instant, le pianiste se lève pour faire sonner, officiant du plat de la main sur le bois et les cordes, des percussions tribales montant du cœur de l’instrument. Cette fois, félin, cet artiste à la délicatesse effrénée, offre une architecture saisissante de puissance. Au terme d’une heure d’un concert passionnant, après le dernier cri des mains sur le clavier, fusent les applaudissements et les rappels. Avec reconnaissance, Francesco Tristano revient sur scène pour donner un bis, une fois encore un peu de Bach. Magnifique respiration comme inspiration pour point d’orgue.
Jean-Dominique Burtin
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