À l’occasion des 100 ans des sites « Refuges LPO », Saint Jean-de-Braye a signé le 31 mai une convention avec la Ligue de la Protection des Oiseaux (LPO). L’objectif : créer cinq sites sur la commune pour préserver la biodiversité. Premier de la liste, la Zone humide de la Bionne.
Signature de la convention pour les “sites-refuges LPO”. V.Slima, D. Deroin (Délégué pour la LPO, c.) et V. Licheron (d.). ©EB
« Il n’y a pas que l’urbain, il faut aussi dédier des espaces à la préservation de la faune et de la flore et trouver un équilibre entre l’espaces de vie urbain et celui des espèces », déclare Vanessa Slimani, maire de Saint Jean-de-Braye, dans le cadre champêtre de la Bionne. À cheval sur la commune de Chécy et de Saint Jean-de-Braye, cette zone humide (5ha au total), a été réaménagée en 2019 avec d’abord d’importants travaux de reméandrement pour rouvrir le cours d’eau et lui redonner une dynamique, puis d’un parcours pédagogique et d’un pont passerelle permettant d’explorer le site et la prairie alentour.
« En 2017, un inventaire de la biodiversité de la commune a été réalisé. Il a donné des éléments sur les populations, les colonies et la rareté de certaines espèces. » Ainsi, a-t-on appris que la commune abritait par exemple 11 des 24 espèces de chauves-souris présentes dans le Loiret ! Mais aussi des Martin-pêcheurs, des fauvettes à tête grise et à tête noire, troglodytes mignons, hérons (en voie de disparition dans les années 1980 !), ainsi que de rares tritons crénelés et 8 espèces de mammifères terrestres dont le castor, le chevreuil, la fouine…
Cinq sites « refuges LPO » en 5 ans
Une richesse naturelle qui a donc donné lieu mardi 31 mai à la signature d’une convention de 5 ans entre la commune et la Ligue protectrice des oiseaux (LPO) pour la création de 5 sites « Refuges LPO » dont le premier est cette Zone humide de la Bionne. En suivront 4 autres : le cimetière Frédeville (2021), le prolongement du parc des Longues Allées (2022), le bois de Coquille (2023) et la confluence Bionne/canal (2024). L’idée pour Saint Jean-de-Braye est d’aller plus loin dans la démarche de Ville en Transition et de préservation de la biodiversité : avec cette convention, elle sera ainsi la première commune du Loiret à accueillir des sites “refuges LPO” sur son territoire.
Un inventaire de la biodiversité de 2017 a révélé une importante richesse de faunistique et floristique notamment sur la zone humide de ma Bionne. ©VilleStJeandeBraye
« Ce label note la biodiversité écologique d’un site et préserve les sites naturels pour lutter contre le déclin de certaines espèces, explique Vincent Licheron, directeur de la LPO Touraine (future Centre Val-de-Loire). Il y en a environ 350 dans le Loiret et 3500 en Centre Val-de-Loire, soit 2137ha protégés ». Des sites-refuges qui augmentent trouvant un certain succès auprès des communes et des particuliers. « Ce sont des lieux d’enseignement et de compréhension », complète le directeur de la Ligue dont le rôle est d’accompagner et de conseiller la ville sur des actions de sensibilisation du public et de contribuer à la mise en place d’événements comme les « 24 heures de la Biodiversité » du 16 octobre prochain. Une richesse que la commune veut mettre à la portée de tous mais avec un accès encadré et respectueux : « Il faut apprendre à vivre avec ce monde du vivant en tenant compte des périodes de nidification et d’hibernation et apprendre à utiliser et observer ces espaces-là », insiste Corinne Lesaine, conseillère municipale déléguée à la préservation de la faune et de la flore. Des espaces naturels du territoire dont la commune souhaite reprendre la maîtrise en continuant à acheter du terrain comme le long de la Bionne. Pour autant, cette labellisation de site « Refuge LPO » ne garantit pas la zéro urbanisation, d’après Vanessa Slimani, qui dépend de la volonté des équipes municipales futures : « Le PLU doit normalement éviter la constructibilité dans cette zone. Mais il n’y a pas de cadre réglementaire comme sur une ZAP (Zone agricole protégée, NDLR) ».
A l’heure où le centre de Saint Jean-de-Braye voit bon nombre de parcelles arborées privées filer entre les mains de promoteurs, ces cinq sites « Refuges-LPO » sont plutôt une bonne nouvelle pour la biodiversité.
Estelle Boutheloup
Les oiseaux partent en vrille…
« De trop nombreuses espèces ont connu un fort déclin au cours des trois dernières décennies » vient d’annoncer le rapport de synthèse établi par le MNHN (Muséum national d’histoire naturelle), la LPO (Ligue protectrice des oiseaux) et l’AFB (Office français de la biodiversité). Ce bilan qui inquiète les spécialistes intervient au terme de 30 ans de comptages des oiseaux en France grâce au programme STOC (Suivi Temporel des Oiseaux Communs) qui recense l’avifaune française selon un protocole identique chaque année par un réseau d’ornithologues bénévoles (plus de 2000 observateurs) répartis sur tout le territoire. Grâce à eux, des dizaines de millions de données ont pu être collectées sur le terrain, compilées et analysées pour mesurer l’évolution des populations des 123 espèces d’oiseaux les plus communes en France. Résultat : si 32 espèces sont en expansion, comme le Rouge-queue à front blanc ou la Fauvette à tête noire, 43 régressent, telles que le Chardonneret élégant, la Tourterelle des bois ou l’Hirondelle de fenêtres, les autres espèces sont stables ou en trop faible effectif pour déterminer une tendance significative. La cause ? L’impact du réchauffement climatique perceptible avec des populations d’oiseaux qui se décalent vers le nord pour tenter de rester dans les zones où la température leur est favorable.
Je crée mon refuge LPO dans mon jardin
Particuliers, vous aussi vous pouvez créer un « Refuge LPO » dans votre jardin. Il suffit pour cela d’en faire la demande à la Ligue Protectrices des Oiseaux en remplissant une fiche descriptive de votre jardin et des éléments végétaux remarquables qui le composent (mare, haie, mur de pierre, mangeoires…) et de vous engager à préserver la nature et enrichir la biodiversité en respectant quelques principes (zéro produits chimiques, zéro chasse, réduction de son impact environnemental, création d’installations propices à la faune et à la flore sauvages…). Une démarche également ouverte aux entreprises et aux écoles.
www.lpo.fr/refuges-lpo