Serpentine. Voici une onde à ton de jade et lissée de reflets, de douces flammes enlacées de lumières. De fait, on ne peut qu’admirer les œuvres de Jean-François Fouilhoux, sculpteur céramiste invité d’honneur du 114e salon des Artistes Orléanais qui s’est ouvert ce mercredi en la collégiale Saint-Pierre-le-Puellier d’Orléans. « Séduction », « Ardeur », « L’envolée » sont quelques-uns des titres des œuvres de cet artiste qui vit et travaille à Mont-près-Chambord : « Comme le calligraphe, j’ai médité la gestuelle avant de l’exécuter. Une sorte de danse, de rituel, où le mouvement est ample, dynamique, continu et sans remords ».
Jean-François Fouilhoux, Astride de La Forest. (Cl. JDB)
Sobriété de toute beauté
Dans le chœur de l’édifice, certaines pièces du maître du céladon, cette couverte monochrome allant du bleuté au vert mise au point progressivement par les Chinois durant plusieurs siècles, sont entourées d’un sobre et prenant ensemble de gravures monotypes d’Astrid de La Forest, autre invitée d’honneur dont l’atelier se trouve en Seine-et-Marne.
Ses présences féminines sont d’une grande intensité et ses paysages, dont la dense évocation des peupliers de Thomery, sont remarquables de sobriété et d’éloquence. Astrid de La Forest : « Mon travail traite essentiellement du vivant. Je ne pense pas qu’il y ait tellement de différence entre mes montagnes, les grands animaux, les personnages et les paysages. Ils suivent le fil de la limite entre le réel et une certaine abstraction. L’inspiration vient de très mystérieux et profonds ressorts du fond de soi-même tel un labyrinthe dont on cherche infiniment l’issue ».
Intense vivacité du geste
Sonore et passionnante est aussi la création de Loran Guillot, peintre orléanais à qui cette nouvelle édition adresse un légitime “coup de cœur”. Loran Guillot, auteur de toiles où les couleurs « geignent » et se « fragmentent » : « Apprivoiser l’accident… Je courtise ce genre d’exploration, cette quête. Le sens vient alors à moi comme une évidence et je m’en amuse. Il se nourrit de mon intériorité et révèle mes tourments et mes désirs. »
Raffinement et émotion
Jusqu’au 2 juin prochain, à l’occasion de cette exposition extrêmement aérée qui réunit cependant les œuvres de cent-dix artistes de la région Centre, les amateurs d’art mesureront une belle mise en valeur de la céramique contemporaine (raffinement de Jacques Dumery, poésie d’Etienne Magen, puissance de François Maréchal… )
A ressentir encore la beauté des toiles de Florence Dias Looten, Gélis, Marc Le Coultre , Cédric Vannier, Jean Bailly, Michel Gémignani, ou de Sylvie Desmoulin dont le portrait en pied de Daniel Leclerc, sculpteur aujourd’hui disparu et auquel le salon rend hommage dans son catalogue, véritable livre d’art, nous saisit.
De lignes en signes précieux
A découvrir, également, un séduisant espace consacré à la gravure contemporaine où l’on aimera, entre autres, l’œuvre de Marie-Amélie Choi Lucas, de Charlotte Massip et de graveurs invités de l’Atelier Moret. A voir encore la profonde gravité de « La Cité vagabonde », sculpture de Catherine Legrand ou la joie des danseurs de Jenny de Hooghe, le minimalisme d’un portrait de Chet Baker ascétique et merveilleusement évoqué par Jean Dubrana, les passants de grès, ombres envoûtantes de Dominique Coenen. Bref, ce salon est une réussite. Les correspondances y sont nombreuses. On s’y repère à merveille. Les œuvres semblent se répondre et s’accompagner du fait d’un heureux accrochage et d’une mise en lumière des cimaises respectueuse des formes, des lignes et des nuances.
Jean-Dominique Burtin.
Cent-quatorzième Salon des Artistes Orléanais
jusqu’au 2 juin, collégiale Saint-Pierre-le Puellier , Orléans.
Du mardi au dimanche, de 14 heures à 18 heures.
Accueil du public dans le respect des règles sanitaires.
Jauge limitée à 65 personnes simultanément.
www.artiste-orleanais.com