Après le « psychodrame » de juillet dernier qui a vu la mise en route du curieux attelage Grouard-Chaillou le maire d’Olivet porte un regard plus que critique sur la Métropole orléanaise jugée « sans projet, sans ambition et sans vision ». Mais « loin des regrets et des ressentiments », il prépare l’avenir et devrait se présenter sur la liste de Marc Fesneau aux régionales.
Pourquoi avez-vous refusé le « deal » qu’on vous proposait en juillet dernier ?
Matthieu Schlesinger : Il n’y a pas eu de « deal » mais on a essayé de m’acheter. En mars, Christophe Chaillou était venu me voir pour m’affirmer que si Serge Grouard était élu maire d’Orléans alors il me soutiendrait à la Métropole. C’était aussi le cas de plusieurs maires de droite et du centre qui m’ont apporté leur soutien. Ces engagements n’ont pas été tenus j’ai préféré prendre mes distances.
Où en êtes-vous aujourd’hui ?
M. S. : Aujourd’hui je suis libre pour défendre les intérêts des Olivétains. Je suis dans l’action pas dans l’opposition sinon j’aurais voté contre le budget alors que je me suis abstenu. Avec mon groupe « droite centre et citoyens » nous avons une démarche constructive. D’ailleurs j’appartiens à l’exécutif, je suis membre du bureau. Nous ne sommes pas systématiquement contre. Nous votons pour les projets qui visent l’intérêt général métropolitain. Je suis sans regrets ni ressentiments.
« Les calculs politiques l’ont emporté ! »
La Métropole a remis en cause plusieurs projets en arguant des finances très dégradées. Partagiez-vous cet avis ?
M.S. : Non car avant la crise les finances de Métropole étaient bonnes, avec entre 30 et 40 millions d’euros d’épargne disponible. Orléans était une des collectivités les mieux armées financièrement pour investir. Certes la crise a porté atteinte à nos capacités d’investissement mais c’est une situation transitoire. Pour passer la crise la Métropole va baisser les impôts sur l’assainissement et augmenter ceux du budget principal. C’est très contestable. Dans 2 ans les capacités d’investissement de la Métropole seront rétablies.
Mais fallait-il abandonner des projets comme les bus électriques ou le téléphérique ?
M.S. : Les calculs politiques l’ont emporté. Il fallait effacer le bilan d’Olivier Carré. On a voulu s’appuyer sur des finances dites catastrophiques -pourtant validées par Michel Martin- pour satisfaire les uns et les autres. Les bus électriques portaient la marque d’Olivier Carré, on les abandonne donc. L’abandon du téléphérique -qui nous coûtera malgré tout de 5 à 6 millions de dédits- c’était pour faire plaisir à Christophe Chaillou et à Carole Canette.
« Des assises confidentielles et sans soutien populaire ! »
Mais les investissements dans les bus vont se poursuivre ?
M.S. : On a abandonné le téléphérique qui est remplacé par quoi ? Par rien ! Pour le réseau de transports la Métropole s’oriente vers des bus « full hybrid » et pas diesel comme certains le préconisaient, position que nous défendions et que nous avons donc soutenue.
Le duo Chaillou-Grouard fonctionne-t-il ?
M.S. : Non car on voit bien que la prééminence vient de Serge Grouard et de Florent Montillot. Christophe Chaillou a-t-il eu une seule idée depuis un an ? Aucune ! Aujourd’hui il n’y a plus de projet métropolitain, les vice-présidents n’ont pas de pouvoir. C’est une Métropole sans ambition et sans projet. Où est le Plan Prévisionnel d’Investissements -PPI- promis qui devrait nous guider ? Cela dit ce duo peut être stable car l’un et l’autre ont intérêt à le voir perdurer.
Il y a les assises de la transformation écologique…
M.S. : C’était une bonne idée mais qui a été lancée trop rapidement. On a voulu faire comme le Grenelle de l’Environnement mais on n’y arrive pas. On va trop vite, les agents de la Métropole sont en burn out. Ces assises restent confidentielles et sans soutien populaire. Il faut les remettre à plat mais les poursuivre puisqu’elles sont lancées.
« La confiance a été cassée »
Faut-il démétropoliser comme le souhaitent certains élus ?
M.S. : C’est le seul et unique projet de Christophe Chaillou, revenir en arrière alors que la Métropole permet de mettre en commun des compétences et des outils au service de l’aménagement du territoire. C’est vrai pour la voirie : Olivet n’y a rien gagné mais d’autres si. La Métropole est aussi pertinente pour le sport de haut niveau et la culture. La démétropolisation est une demande de Serge Grouard pour revenir en arrière alors qu’il faut au contraire aller de l’avant. Ainsi il ne serait pas aberrant que le théâtre d’Orléans ait une vocation métropolitaine car son aire d’influence et ses retombées dépassent la seule ville d’Orléans.
Que manque-t-il pour aller de l’avant ?
M.S. : Pour avancer il faut de la confiance. Mais elle a été cassée, elle n’existe plus : sur les 22 maires, 8 sont dans la défiance avec notre groupe, une (Saran) est dans l’opposition. Pour construire un projet on a besoin de vision. Mais on voit bien que la gouvernance Grouard-Montillot-Chaillou ne répond qu’à des enjeux politiciens. Les maires de l’agglomération sont majoritairement de droite et du centre qui devraient donc la diriger et pas une alliance LR-PS fondées sur des intérêts politiciens qui sont néfastes à la Métropole.
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Qu’elle ambition avez-vous avec votre groupe ?
M.S. : Nous travaillons, avec des réflexions, des groupes de travail pour préparer un projet mais dans le seul but de l’intérêt des habitants de la Métropole. On ne va pas se battre pour des places mais pour un projet.
Quel est votre avenir politique ?
M.S. : Je suis un homme de droite et du centre, ancien de l’UMP mais pas de LR. Je réfléchis aux prochaines échéances électorales. Ce ne seront ni les départementales ni les législatives. Je suis tenté par les régionales. Nicolas Forissier (LR) m’a proposé une place en m’affirmant que Florent Montillot ne serait jamais en deuxième position sur la liste du Loiret… Ce ne sera pas tenu donc j’ai décliné l’offre. Par contre je regarde favorablement Marc Fesneau qui est un homme de rassemblement d’autant plus que Guillaume Peltier s’est retiré de la liste LR ce qui facilitera le rassemblement au second tour avec un objectif essentiel : faire échouer la gauche et le Rassemblement National.
Propos recueillis par Jean-Jacques Talpin