Premières relocalisations en région Centre-Val de Loire

Près d’une trentaine d’entreprises ont des projets concrets de relocalisation. Le 22 avril dernier, la région Centre-Val de Loire et l’agence régionale de développement économique Dev’Up ont dressé un état des lieux de la relocalisation avec les témoignages éclairants de huit chefs d’entreprises.

La désindustrialisation n’est pas inéluctable. Si la crise sanitaire et les tensions d’approvisionnement dans certains secteurs illustrent un important recul de l’industrie qui « ne pèse » plus que 16,3 % des emplois en France, la région Centre-Val de Loire n’entend pas rester inactive. « Nous vivons un moment important pour notre industrie. Il faut faire des paris industriels et augmenter la valeur ajoutée produite grâce à l’automatisation et au capital humain. La relocalisation de l’industrie est au cœur du projet de notre région qui demeure une grande terre d’industrie (1)», a déclaré François Bonneau, président de la région.

Annoncé lors du Forum « Relocalisation, territorialisation, innovation et transformation de l’économie régionale » du 1^er juillet 2020, la stratégie régionale de relocalisation est désormais en marche comme l’ont confirmé les chefs d’entreprises présents (2). Au total, ce sont 28 entreprises au qui sont accompagnées par Dev’Up soit 300 millions d’euros d’investissement et 1 040 emplois possiblement créés.

Plus de 350 emplois relocalisés dans le Loiret

Parmi eux, Emmanuel Vasseneix, président du groupe LSDH (laiterie de Saint-Denis-de-l’Hôtel, Loiret), spécialisé dans l’embouteillage de liquides alimentaires, a présenté son programme d’investissement de 300 millions d’euros (dont 150 millions d’euros pour son site historique de Saint-Denis-de-l’Hôtel) qui devrait permettre l’embauche de 200 personnes. « La recherche et l’innovation sont au cœur de notre développement. Avec le projet des serres du futur, je ne vendrai pas de salades aux Américains mais des serres en aéroponie », a notamment annoncé le président du club des ETI de la région CVL.

Parmi les nombreux projets initiés par la laiterie, un atelier baptisé INOVé va permettre la relocalisation de cultures pour approvisionner le futur centre européen de l’extraction de jus végétaux d’Orléans réalisé en partenariat avec le groupe Avril. L’usine d’une surface de 9 000 m² et d’une capacité de production de 100 000 tonnes va ainsi permettre de développer la production de jus de soja, d’avoine, de riz, d’épeautre ou de quinoa… À la suite de la première pierre posée en février dernier, la production devrait démarrer en juillet 2022. (3)

Président de All Circuits à Meung-sur-Loire (Loiret), Bruno Racault a présenté le projet de développement du premier EMS (Electronics Manufacturing Services) de France et 55e mondiale. Le groupe spécialiste de la sous-traitance de cartes électroniques va construire de nouvelles lignes de production de cartes électroniques pour les voitures électriques sur son site de Meung-sur-Loire.

Le nouveau bâtiment réalisé grâce à un investissement de 8 millions d’euros devrait être livré à la fin de l’année 2022 pour un démarrage de la production en 2023 et permettre la création, à court terme, de 60 emplois. « Ce projet contribuera à révolutionner la production des cartes électroniques grâce aux nouvelles technologies du numérique afin de rendre la production électronique compétitive en France », a assuré Bruno Racault.

80 % des médicaments distribués contiennent des principes actifs venus d’Asie. Face à ce constat et dans le contexte de la pandémie liée à la COVID-19, David Simonnet, PDG du groupe Axyntis (4) a confirmé un investissement de 8 millions d’euros en R&D et équipements innovants pour relocaliser la fabrication de principes actifs pharmaceutiques dans le cadre de l’appel à projets « investissements industriels dans les territoires » et de l’appel à manifestation d’intérêt « Capacity » du « plan de relance ».

Lire aussi : Forum économie, comment repenser l’économie de demain ?

Le premier projet consiste à aménager une unité existante au sein de la plateforme de Pithiviers (Orgapharm) afin de pouvoir y synthétiser et y purifier des molécules dites de haute activité (HighlyPotent Active Pharmaceutical Ingredients, HPAPIs) principalement pour des médicaments anticancéreux. Le deuxième comprend la relocalisation de huit principes actifs clés, utilisés en réanimation ou comme anesthésiques. Le groupe veut ainsi minimiser les risques de rupture d’une partie de la chaîne logistique de principes actifs entrant dans la fabrication des médicaments destinés à la prise en charge des patients atteints de la Covid-19. Au total, ce sont 37 recrutements sur le territoire d’industrie de Pithiviers qui sont prévus.

Vice-président en charge du développement économique, de l’économie sociale et solidaire et de l’agriculture, Harold Huwart a de son côte souhaité une réforme de la fiscalité avec une répartition plus juste permettant une baisse des impôts de production. Les géants du Net devraient, selon lui, être davantage taxés. Le maire de Nogent-le-Rotrou rejoint ainsi la position d’Emmanuel Vasseneix pour qui l’économie française souffre de trois maux : « Le coût du travail, le poids des impôts de production (3 fois plus élevés qu’en Allemagne) et l’hyper réglementation. »

Jean-Luc Vezon

(1) 22,4 % de l’emploi régional et 141 000 salariés industriels.
(2) LSDH, All Circuits, Axytis, OTODO, Herdegen, TIB, SODICLAIR et RDV Products.
(3) Un site logistique sera également créé à Chateauneuf-sur-Loire. A la clef, 50 emplois.
(4) Créé en 2007 par David Simonnet, le groupe Axyntis, composée de deux divisions (les colorants et la chimie fine), est, avec près de 450 salariés et 90 M€ d’activité un leader indépendant de la chimie fine française.