[Mag Dossier] Hydrolienne, la Loire a-t-elle de l’énergie dans son lit ?

En novembre 2014, les Orléanais voyaient arriver quai Madeleine, un curieux bateau métallique qu’une grue plongea dans la Loire avant de l’amarrer solidement au centre du fleuve. L’hydrolienne fluviale de la jeune société Hydroquest était installée et Orléans devenait dès 2015 la première ville de France à expérimenter la production d’électricité hydrolienne pour une puissance de 40 kV soit l’équivalent de la consommation d’une soixantaine de foyers.

La ville d’Orléans apporta son obole avec une subvention de 50 000 euros, sur un un coût global pour ce prototype de 2,5 millions d’euros, et Serge Grouard alors maire d’Orléans se déclarait très enthousiaste notamment en facilitant l’implantation de l’engin en zone Natura 2000. Après quelques aléas dus à la crue de juin 2016, l’hydrolienne expérimentale fut extraite du fleuve en juin 2018 et déclarée “bonne pour le service” : ces quatre années d’expérimentation furent jugées “riches d’enseignements et ont permis l’émergence d’une nouvelle technologie de production d’énergie renouvelable”, se félicitait alors la ville d’Orléans, le suivi environnemental de l’expérimentation ayant mis en avant “une bonne acclimatation de la faune à proximité de la barge (…), malgré la sensibilité du fleuve”.

L’hydrolienne va être mise à l’eau. cl ChB

Une expérimentation positive… sans suite

Comme souvent en France, l’expérience resta… une expérience, et la société Hydroquest a continué à expérimenter des solutions d’hydroliennes fluviales avec un projet de “ferme hydrolienne” de 2 Mw sur le Rhône avec quarante machines qui n’aboutira pas, mais aussi avec des hydroliennes maritimes en Bretagne (Paimpol-Bréhat) sur le principe exemplaire de la célèbre et unique usine marémotrice de la Rance. Et si l’hydrolien maritime semble encore prometteur, l’hydrolien fluvial, loin des ambitions affichées en 2014 de plusieurs centaines de machines par an, semble aujourd’hui au point mort avec la start-up Hydroquest en recherche de fonds propres pour combler des pertes abyssales cinq fois supérieures à son chiffre d’affaires en 2019.

Sans doute, comme pour l’éolien, l’acceptabilité d’une production d’énergie renouvelable a des limites que la seule technologie ne saurait gommer : peut-on imaginer le Val de Loire, par ailleurs classé par l’Unesco, envahi de ces petites machines somme toute plutôt encombrantes ?

Gérard Poitou

A lire aussi: https://www.magcentre.fr/60945-une-hydrolienne-testee-dans-le-lit-de-la-loire-a-orleans/

Le reportage en 2014 d’Actu-Environnement

Commentaires

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  1. Ayant été à l’origine de la proposition de tester ce premier démonstrateur sur la Loire à Orléans, je peux confirmer que l’expérimentation a été positive. Je ne me prononcerai pas sur le niveau d’engagement de la ville d’Orléans.
    Par contre on ne peut pas dire “sans suite”…! Le but d’un démonstrateur est de valider en vrai grandeur un concept et d’identifier d’éventuelles difficultés. Le site d’Orléans était idéal en terme de difficultés : contraintes d’urbanisme, écologiques, forte visibilité des habitants, sécurité fluviale, usages de l’eau….
    Toute la suite de l’histoire d’hydroquest, loin d’être terminée s’est appuyé sur cette expérimentation.
    La phase 2 de l’expérimentation prévoyait de tester sur le même site la notion de “ferme hydrolienne” …expérimentation qui se déroulera sur le Rhône probablement par manque d’entrain local….
    Dans tous les cas il n’a jamais été question de développer cette technologie sur la Loire, mais pour des situations à l’export très spécifiques (nous avons eu aussi une expérimentation en Guyane pour remplacer des groupes diesels ravitaillés en carburant par hélico…) .
    Dans le même temps, vue la robustesse de la machine, l’option marine est arrivée . Là , même si le principe est le même, on change d’échelle et de niveau de contrainte en terme de conception. Mais de même le démonstrateur s’est montré performant : https://youtu.be/1gd0lJPnovw

    Hydroquest est une société qui a tenté de passer très rapidement de la recherche à la phase industrielle, sur une niche technologique peu connue. D’où probablement une expansion moins rapide que prévue…quoi que. Il y a 6 ans , qui aurait pu imaginer toutes ces avancées sur l’hydrolien marin?
    Donc Bravo à Hydroquest et bonnes vagues …

  2. Ces petites machines n’ont d’intérêt que dans le delta des plus grands fleuves , et à la marge de toutes façons.
    Ce n’est pas le cas avec les éoliennes dont la puissance de production est indispensable à une véritable transition énergétique .
    Pour ce qui concerne leur acceptabilité , ne pas confondre minorité de blocage bruyante et Riverains des sites déjà existants : à saint Georges sur arnon , dans l’Indre , le maire-communiste – pionnier de l’installation de parcs éoliens sur sa commune , finance les services publics avec ce que lui rapporte les taxes sur ces nouveaux moulins à vent et il est réélu depuis 1995 ….

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