Égratigné sur sa gestion hasardeuse de la crise sanitaire, du retard à reconnaître l’utilité du port du masque au cafouillage sur l’approvisionnement en vaccins, Emmanuel Macron vient d’annoncer la « suppression de l’ENA », ce symbole du creuset des élites administratives et politiques françaises dont il incarne la quintessence. Deux ans après le mouvement des gilets jaunes, au moment où le rival Edouard Philippe, très lié à la haute fonction publique (de Frédéric Mion à Marc Guillaume), revient perturber les plans du président pour sa réélection, ce sacrifice contribuera sans doute peu à redonner confiance à l’électorat populaire, en particulier aux jeunes non-diplômés, premières victimes sociales de la pandémie et désormais bastion du vote lepéniste. Cette suppression en trompe-l’œil améliorera-t-elle la démocratisation de l’accès aux postes de direction de l’Etat, objectif déjà affiché en 1945 par les fondateurs de l’École Nationale d’Administration ?
Petit voyage, en trois étapes, dans la longue histoire de l’École de formation des élites administratives, où l’on découvrira que cette idée a été profondément ancrée en Val de Loire, de Louis-Antoine Macarel à Michel Debré, en passant par Jean Zay.
Pierre Allorant
#1. L’ENA avant l’ENA. Rationaliser et démocratiser la formation des hauts fonctionnaires au XIXe siècle
#2. L’ENA de Jean Zay. La « Belle illusion » du Front Populaire
#3. L’ENA de 1945 : une certaine idée du Service public