Créée en novembre dernier, l’association Femmes Libres et Solidaires entend soutenir et aider les femmes dans leur vie personnelle, professionnelle et dans leurs engagements politiques, afin qu’elles puissent avoir les moyens d’exister à parité avec les hommes. Présentation.
Christina Brown et Isabelle Gasselin ont créé Femmes libres et solidaires à la suite de faits d’agressions et de harcèlements qu’elles auraient subi de la part d’un conseiller départemental (plainte déposée au parquet de Blois). Photo G. Brown
Se déclarant victimes de faits de violences sexuelles et harcèlements relevant de la justice et pour lesquels une plainte judiciaire est en cours d’examen auprès du parquet de Blois (1), Christina Brown et Isabelle Gasselin, respectivement conseillères départementales des cantons de Selles-sur-Cher et Sologne ont choisi courageusement de briser le silence.
« Engagées dans la vie politique depuis des années, nous voulons aider les femmes à trouver les moyens de tenir à égalité avec les hommes leur place dans la société, dans leur famille, leur travail et leur engagement politique. Il nous faut redonner aux femmes la confiance dans leurs possibilités et dans leur légitimité au cours de leur vie », assurent-elles.
« Un homme important qui agit avec détermination et caractère est un leader, une femme sera volontiers qualifiée d’hystérique », souligne par exemple Christina. Cibles privilégiées, les femmes de la ruralité qui n’ont pas forcément accès aux dispositifs d’aide accessibles dans les villes et se sentent prisonnières de leur contexte familial et/ou professionnel.
Preuve que l’initiative a touché sa cible, la création de l’association a recueilli de nombreux soutiens notamment via Facebook avec près de 750 abonnés et pas seulement des femmes, des hommes aussi, qui réprouvent le sexisme ordinaire et le machisme ambiant.
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« Les barrières et non-dits persistent dans l’action politique comme dans la vie professionnelle. Les obstacles sont nombreux et chaque jour une nouvelle haie à franchir : de l’annonce de la maternité, à la gestion de la petite enfance, sans parler des remarques liées au physique, à votre évolution corporelle (sympa la ménopause…), ou des réparties du genre “qu’elle aille faire la cuisine au lieu de……,” pour finir sur LA question : sera-t-elle compétente ? », écrivait ainsi justement Christine Jagueneau, ancienne référente de la LREM en Loir-et-Cher, le 12 mars dernier sur la page Facebook de Femmes Libres et Solidaires.
En phase de construction de réponses opérationnelles, l’association va proposer à partir de la rentrée plusieurs types d’interventions. D’abord, un secours immédiat avec soutien psychologique : « Il faut du courage pour dire non ou stop et porter plainte. Femmes Libres et Solidaires veut accompagner les femmes victimes dans leurs décisions ». Des actions de développement personnel verront aussi le jour pour les aider à retrouver confiance et estime d’elles-mêmes comme des stages de relooking ou, plus étonnant, de self-défense type krav-maga. Le tout avec un suivi personnalisé dans le temps.
Partenariats et locaux en Loir-et-Cher
« Nous souhaitons travailler en partenariat avec d’autres associations et structures qui accompagnent les femmes comme les CCAS, le CIDFF… A terme, nous disposerons de locaux à Selles-sur-Cher et en Sologne », développe Isabelle Gasselin, qui est aussi maire de la Ferté-Imbault et vice-présidente de la communauté de communes de la Sologne des rivières. Vice-présidente du jury de l’élection de Miss Pays de Sologne 2021, cette dernière vient d’ailleurs organiser un premier stage de Krav-maga à Romorantin-Lanthenay auquel ont participé quatre jeunes femmes.
Christina et Isabelle seront-elles de nouveau candidates aux élections départementales des 13 et 20 juin prochains ? « Nous ne voulons pas mélanger les genres. La création de l’association n’a rien à voir avec notre mandat politique. Certains font le rapprochement, c’est indigne. Nous l’annoncerons le moment venu », déclarent-elles. Derrière les mots, on perçoit cependant une forme rancœur : « On ne sent pas soutenues par l’institution. Nous nous sentons accusées alors que nous sommes victimes », poursuivent-elles.
Leur projet trouve en tout cas un écho dans l’actualité récente avec l’humiliation subie par Ursula von der Leyen placée en retrait, le 6 avril dernier, sur un divan lors d’une réunion des présidents des institutions de l’UE avec le chef d’État turc Recep Tayyip Erdogan et le président du Conseil européen Charles Michel.
« Il reste beaucoup à faire même si la parité a fait avancer la place des femmes dans la vie politique française. Dans certains pays, elles doivent hélas rester à la maison dans l’ombre et sous tutelle », concluent-elle navrées mais bien résolues à briser tabous et plafonds de verre.
La cotisation pour Femmes libres et solidaires est de 15 € (25 € couple).
contact@femmeslibresetsolidaires.fr
Jean-Luc Vezon
(1) Le nom de l’agresseur présumé n’a pas été révélé à ce jour.