Comme un mardi de PAC à Bourges

A l’initiative de la FNSEA du Centre-Val de Loire et des Jeunes Agriculteurs, la profession était appelée à manifester dans la capitale du Berry, sur fond de réforme de la PAC. Fernand Raynaud ne ferait vraiment plus rire dans les campagnes françaises. Lancé à la fin des trente glorieuses, son « J’suis qu’un pauvre paysan… Le blé, ça eut payé, mais ça paie plus… », ne serait pas en odeur de sainteté. L’agriculture, même plus drôle au XXIe siècle et encore moins un mardi de Pâques.

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Autour de 120 tracteurs sur la place Séraucourt, comme un air de Comice impromptu. Photo Fabrice Simoes

Ils sont venus. Ils n’étaient pas tous là mais pas loin. La FNSEA du Centre-Val de Loire et des Jeunes Agriculteurs a démontré sa capacité de rassemblement cette semaine, à Bourges. Pour Terre de Touraine, l’expression de la FNSEA sur la toile dans une partie des départements de la région Centre-Val de Loire, « Une nouvelle PAC entrera en application en 2023 pour quatre ans. Elle conserve le principe d’un paiement de base découplé (actuel DPB). Il est attendu des ajustements ou des modifications partielles sur le paiement redistributif et les aides couplées, notamment animales et plus particulièrement en vaches allaitantes. La grande interrogation tourne également autour du futur verdissement/paiement vert. Ce dernier va glisser dans les règles de conditionnalité (traduction en BCAE) pour être remplacé par une nouvelle exigence environnementale au sein des aides du premier pilier, appelée ecoscheme ou ecorégime. Ce dispositif sera assorti de contraintes nationales spécifiques… » et c’est là où le bât blesse, que l’ivraie pousse au milieu du bon grain, et que l’épandage colle aux bottes de caoutchouc.

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Le dispositif de sécurité aurait été bien peu efficace si les tracteurs avaient voulu forcer les barrages. Photo Fabrice Simoes

Certains, ceux qui venaient de plus loin, étaient partis pile poil à l’heure autorisée, 6 heures du mat ! D’autres avaient attendu que le jour se lève. Mais tous avaient un même rendez-vous… A Sancerre, un des points de départ officiel, une douzaine de tracteurs avaient pris la route vers Bourges. Au fil des champs, au gré des fermes, comme de nouveaux Cid campeador, par un prompt renfort ils se virent une quarantaine en arrivant au port, un rond-point berruyer.

D’autres, venus de l’Ouest, n’avaient pas lésiner sur le klaxon en roulant sur l’A85. Et d’autres encore assuraient la sécurité… mais était-ce nécessaire tellement la manif était encadrée, surveillée, suspectée par la maréchaussée et les autorités ?

Motards en ville pour fluidifier la circulation, voitures de la Police nationale pour bloquer certains accès, et militaires-soldats façon Robocop, le fusil en travers des bras, derrière les grillages. Si ça pétait avec ça… Les mini-bus des CRS, tous immatriculés dans le 35 – même si cela ne veut rien dire selon la législation, une telle unité départementale reste significative – étaient bien alignés devant l’hôtel de ville de Bourges. On n’avait pas à chercher les tuyaux, déjà déroulés, branchés à la pompe. Pas de grande échelle à l’horizon mais les lances étaient en batteries. Elles faisaient comme un point de couleur au milieu des barrières anti-émeutes. Le quartier pouvait s’enflammer, il n’allait pas brûler pas cette fois-ci. Une certitude…

Après les écolos, les tracteurs étaient dans la place, Yo !

Un peu plus d’une semaine après la Marche pour le climat qui avait réuni environ 150 personnes, des écolos paraît-il, place Séraucourt, ils étaient un peu plus nombreux, mais pas trop, autres acteurs de la nature, des écolos aussi paraît-il, à s’être rassemblés sur le même site. Les uns et les autres sont en questionnement quant à la meilleure façon d’utiliser leur outil de travail ou de loisir, c’est selon. Et les uns de penser que ce n’est pas la terre qui fait les hommes mais les hommes qui font la terre. Et les autres pas loin de penser le contraire.

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Ils étaient venus de tous les départements de la région Centre-Val de Loire. Photo Fabrice Simoes

Les tracteurs ont quitté leur rond-point et leur sortie-entrée d’autoroute. Parfois au son de Trois Café Gourmands pour montrer qu’y a pas que la Corrèze en cathéters, le Berry aussi. Plus de 120 se sont parfaitement rangés sur la place Séraucourt pour faire comme un air de Comice agricole dans la capitale du Berry. Une belle rencontre moins les buvettes, moins le concours de la meilleure laitière, moins celui du labour, itou. Par contre, les élus étaient presque tous là : deux sénateurs, deux députés, etc. Tous pour dire que l’agriculture tout ça… Sur un podium improvisé, une remorque de tracteur ou bien, ils ont, un moment, rejoint les représentants de chaque département pour le petit mot, la petite phrase qui va bien.

On a pu noter le large couplet du sénateur Rémy Pointerau pas agriculteur mais mari de paysanne – ça se dit paysanne sans être traité de sexiste ? – contre ces écolos qui veulent des fêtes de Noël sans vrai sapin devant la mairie, d’agriculture sans OGM et Néonicotinoïdes – enfin il ne l’a pas dit comme ça mais c’est tout comme – et des coquelicots dans les champs. Les effets de la future PAC ce sera pour 2023. Les élections c’est en Juin…. Alors, le chef de file de la Droite dans le Cher pour les prochaines régionales avait déjà la tête ailleurs.

Si en plus l’agriculture doit compter sur les politiciens, sur les méfaits du dérèglement climatique et sur le manque d’eau potentiel, non vraiment, être paysan au XXIe siècle « ça eut payé, mais ça paie plus… »

Fabrice Simoes

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