En traquant le beau gibier, les tables clandestines n’ont pas vu venir les chasseurs de scoop. Par Sainte Nitouche et Saint Pansard, au pays de Raboliot, quand la Fondation Bardot distribue des bonnets d’ânes, les fans de St-Hubert estiment que cela l’affiche mal. Et préfèrent jouer les taiseux.
“Et si quelques hommes, plus riches, accaparent le droit à la chasse, s’ils défendent leur droit avec l’appui des lois, des gardes qu’ils paient et qu’ils arment, des gendarmes en uniforme, des policiers habiles à se grimer, est-ce qu’il n’est pas d’autres lois plus anciennes, qu’on chercherait en vain dans les codes, mais que les gars de Sologne connaissent bien (…) ?” Sans conteste, mes seigneurs, panthéonisé en 2020, l’ami Maurice Genevoix savait causer du monde, et ces propos tenus dans un Raboliot goncourisé ne manquaient pas de pertinence.
En ce début de printemps, quelques avoindus de Brinon et d’alentours ne peuvent s’empêcher de rire sous cape. Rendez-vous compte. Il parait qu’à la capitale, et pas que dans le Marais, d’aucuns, plutôt collet-montés, se sont réunis à jour failli pour déguster quelques gibiers succulents, et peut-être même pour finir en radouille. Des bracos du dimanche qui se se sont fait piéger, et jouent les oubliances. On en perdrait son patois, si l’histoire était drôle. Mais pas tant que çà, en vrai, comme le clame à propos ma jumelle Néa. Confinée au logis, l’impertinente pétroleuse se rêve influenceuse, passionaria du web, vegan et dégagiste. “C’est un scandale, un point c’est tout. Chassons les chasseurs ! Sus aux bouffeurs de bidoche. Brigitte Bardot for ever“, clame-t-elle à sa webcam, fière de son auditoire. En peu de mot, elle remet des pendules à l’heure, et fustige la culture des terroirs, chers à Genevoix. “Et parle français, surtout“, me jette l’effrontée, comme si l’exercice relevait d’une improbable chasse au dahu.
Diantre ! Aurais-je manqué un virage, trop absorbé par l’adoption définitive ce jeudi 8 avril par l’assemblée nationale de la proposition de loi pour la protection et la promotion des langues régionales. “En France, près de cinq millions de personnes parlent une des 75 langues régionales estimées, mais elles se perdent“, selon Libération de ce samedi 10 avril. Ont-ils compté le Solognot ? Le Berrichon ? Tout autant de parlers régionaux issus du Centre-Val de Loire qui ont aussi contribué au français du Québec ? Qu’en pensez-vous, mes cousins ?
“Et alors, quel rapport avec les animaux?”, continue-t-elle avec son franc-parler, ouvrant grand une page sur le web. “Regarde, là. Je parle de la campagne de la Fondation Brigitte Bardot. Qui a commencé à faire des vagues au bord de l’Atlantique, et qui pourrait bien entrainer un véritable tsunami médiatique. Ca l’affiche bien, tu ne trouves pas ?” Mazette. C’est parti de Charente Maritime, s’est étendu à la Dordogne, et promet d’inonder toute la France. 15 000 affiches au total pour dénoncer les accidents de chasse et les actes manqués des chasseurs avec un message très explicite : qu’ils restent chez eux. L’arrivée dans notre belle région ne devrait pas tarder, si la riposte judiciaire lancée par la Fédération n’aboutit pas.
“D’ici à ce que Raboliot et ses amis prennent le maquis, il n’y a qu’un pas, nom d’un chien“, ironise la miss, d’un sourire carnassier, pour évoquer cette campagne, en citant George Sand, et clore le débat. “Tout sera faisable sur terre à partir du moment où nous viendrons à bout des repas de viande et des guerres“. Apparemment, sur ce sujet, un certain Pierre-Jean Chalançon, dans une posture impériale, a préféré resté muet, évitant d’être confondu avec François Pignon.
Allons, mes cousins. Il est temps d’envisager plutôt un beau déjeuner sur l’herbe. En pleine nature, sans se laisser impressionner par tout ce bruit médiatique. Et en tirant la langue à tous ces sottisieux .
Néo Triboulet