[Mag Dossier] Une énergie accessible pour tous demain ?

Si la transition énergétique a pour but d’aller vers les économies d’énergie et le passage aux énergies renouvelables, elle ne doit pas pour autant laisser sur le bord de la route toutes les personnes pour qui l’accession à toute forme d’énergie est difficile, autrement dit la précarité énergétique. Et les chiffres sont éloquents puisqu’elle concerne 1 Français sur 5 et 300 000 ménages dans le Centre-Val-de-Loire.

précarité énergétique gaz

Le gaz de plus en plus cher pour faire bouillir la marmite ©SD

L’accès à l’énergie devient un problème urgent dans notre pays. On peut même parler d’une véritable fracture énergétique avec sept millions de personnes concernées en 2018 selon l’ONPE, l’Observatoire de la précarité énergétique. En effet,  les chiffres clés recueillis par cet organisme sont alarmants :

  • 15% des Français déclarent avoir souffert du froid au cours de l’hiver 2018 pendant au moins 24 heures.
  •  11,7% dépensent 8% de leurs revenus pour payer les factures énergétiques du logement et sont parmi les plus modestes. (Ministère de la Transition écologique et solidaire 2019).
  • 572 440 ménages ont subi une intervention d’un fournisseur d’énergie (réduction de puissance, suspension de fourniture, résiliation de contrat) en 2018 suite aux impayés d’énergie ( Médiateur national de l’énergie 2019).
  • 62 510 ménages ont rénové leur logement grâce au programme Habiter Mieux en 2018
    (Anah 2019).
  • 5,7 millions de ménages ont reçu un chèque énergie en 2019 (Ministère de la Transition Écologique et Solidaire 2019).
  • 122 949 ménages ont bénéficié du Fonds de Solidarité Logement pour l’aide au paiement des factures d’énergie en 2017 (Ministère de la Cohésion des Territoires 2019).

 

Pourtant, il a fallu attendre la loi du 10 juillet 2010, dite loi Grenelle 2 pour que le terme de précarité énergétique apparaisse officiellement avec une définition légale très précise : « Est en situation de précarité énergétique (…) une personne qui éprouve dans son logement des difficultés particulières à disposer de la fourniture d’énergie nécessaire à la satisfaction de ses besoins élémentaires en raison de l’inadaptation de ses ressources ou de ses conditions d’habitat. »

En effet, comme le rappelle inlassablement la Fondation Abbé Pierre, la précarité énergétique est très et trop  souvent liée à de mauvaises conditions de logement.

 

Une flambée du prix de l’énergie depuis les années 2000 en France

Et loin de diminuer au fil des ans, cet accès à l’énergie se dégrade année après année à cause notamment de la flambée des prix de l’énergie avec une augmentation de 50% entre 2007 et 2020,  comme le rapportait le 19 février le journal Les Échos. Le journal économique explique également que l’ouverture à la concurrence des marchés de l’électricité n’a pas tenu ses promesses de baisse des tarifs, puisqu’en fait cette libéralisation n’influe que sur 30% de la facture. « Les fournisseurs doivent aussi acheter de l’électricité sur les marchés européens, où les prix sont tirés à la hausse par la progression des prix du CO2. Un mécanisme qui a joué à plein en 2019, entraînant une hausse des prix de près de 6 %. »

 

Les arnaques de l’isolation à 1euro 

Attention, l’isolation à 1 euro d’une maison ne comprend pas toujours les enduits extérieurs ©DR

 

Pour compenser cette hausse du prix de l’énergie mais aussi pour préserver nos ressources, l’heure est aux économies car bien sûr la meilleure énergie est celle que l’on ne consomme pas. Aussi, l’État met la main à la poche depuis 2013 avec un ambitieux plan d’aide à l’isolation des «passoires thermiques » que sont bien souvent nos maisons. Mais attention aux arnaques, notamment sur la fameuse isolation à 1 euro, offre alléchante de prime abord pour nos combles ou nos murs extérieurs  puisque ces travaux quasi-gratuits promettent ensuite une réduction de 30% de la facture de chauffage. Hélas, les arnaques si sont répandues que l’émission télé Envoyé Spécial (France 2) leur a consacré un reportage en février 2020. Voici quelques conseils pour les éviter :

  • choisissez vous-même votre artisan et surtout ne cédez pas aux promesses alléchantes d’un vendeur au téléphone. Ce type de démarchage est d’ailleurs interdit depuis le 25 juillet 2020
  • comparez les prix et les devis de plusieurs entreprises et surtout refusez toute entreprise qui voudrait entreprendre les travaux de rénovation dès le premier rendez-vous sur place, après trop souvent un simulacre d’état des lieux. 
  • refusez de payer la moindre facture. C’est l’entreprise qui doit se faire rembourser auprès de l’État et des organismes agréés pour cela.
  • enfin si le mal est déjà fait, des recours sont heureusement possibles. Plusieurs associations agréées de protection des consommateurs peuvent assister les consommateurs dans le cas d’un litige. Il est également possible de déposer plainte auprès de la Direction départementale de la protection des populations. Vous pouvez également saisir la Direction de la répression des fraudes (DGCCRF) en passant par la plateforme de signalement en ligne SignalConso créée à cet effet en février 2020.

 

300 000 ménages en précarité énergétique dans le Centre Val-de-Loire

Notre région n’échappe à cette précarité énergétique puisque selon une étude de l’Insee de 2016, celle-ci concerne 300 000 ménages, les personnes seules et jeunes étant, sans surprise, les plus touchées. Cette étude indique également que nos dépenses d’énergie pour le logement ne sont pas plus élevées qu’ailleurs. En revanche, l’Insee retient des facteurs de vulnérabilité plus importants dans notre région (hors Île-de-France) notamment l’éloignement des pôles d’emploi ou de services, les ménages vivant dans les zones rurales étant les plus impactés.

Lire aussi : 300 000 ménages en précarité énergétique dans notre région

D’où la signature le 6 février 2020 entre l’État et la région Centre-Val de Loire d’une convention de financement du service d’aide à la rénovation énergétique avec une enveloppe de 20 millions d’euros sur 3 ans. 

 

La fin des chaudières à fioul 

Cette transition énergétique passe également par la fin de l’utilisation des énergies les plus polluantes comme le fioul. Ainsi dès 2022 (et à l’été 2021 pour les logements neufs) les chaudières à fioul seront interdites. L’État va à nouveau mettre la main au portefeuille avec des aides pouvant aller jusqu’à 11 000 euros pour l’installation d’une pompe à chaleur, en remplacement de votre chaudière à fioul. Mais là aussi, il convient de se méfier fortement des annonces qui proposent une pompe à chaleur à 1 euro. En fait ces annonces vous expliquent tout simplement que les aides de l’État vont vous permettre de rembourser cette pompe à chaleur dont vous devrez avancer le coût. Assurez-vous donc d’être bien éligible à ces aides réservées en général aux ménages modestes, voire très modestes. 

 

Faire des économies d’énergie pour sa facture et la planète

  1. baisser la température d’un degré de sa chaudière permet en moyenne de diminuer sa facture de 7%. En effet la température idéale dans un logement  est de 19° dans le salon, 17° dans les chambres et 21° dans la salle de bain quand on l’occupe.
  2. programmer ses lessives et/ou son lave-vaisselle par exemple pendant les heures creuses, en général de 22h à 6h du matin, permet de bénéficier d’un tarif du kWh plus avantageux. Faire ses lessives à 40° et penser aux touches éco et lavage rapide des appareils. Bien remplir ses lave-vaisselle et lave-linge avant de les faire “tourner”. 
  3. choisir des appareils électroménagers peu gourmands en énergie en scrutant bien les étiquettes.
  4. dégivrer régulièrement son frigo peut faire baisser sa consommation d’électricité de 30%.
  5. éviter de laisser les appareils en veille en adoptant une multiprise dotée d’un interrupteur. Un chargeur de téléphone continue à consommer de l’énergie tant qu’il est branché.
  6. préférer un PC portable à un  PC de bureau car le premier consomme moins d’énergie et suffit le plus souvent à un usage courant.
  7. mettre des couvercles sur les casseroles et les marmites. Abuser de la cocotte-minute pour faire cuire ses légumes ou faire mijoter de bons petits plats. Faire bouillir de l’eau en bouilloire plutôt que dans une casserole. 
  8. préférer la douche au bain. Un bain de 150 litres équivaut à 4 douches de 4 à 5 minutes.
  9. Pour l’éclairage, éviter les abat-jour trop épais ou de couleur sombre. Dépoussiérer vos ampoules et abat-jour. Enfin, éviter les éclairages « décoratifs » et les lampes halogènes qui consomment énormément d’énergie, même en faible luminosité.
  10. En été, garder les volets et rideaux fermés aux heures chaudes de la journée. Le soir, ouvrir les fenêtres pour faire entrer l’air frais et éviter ventilateurs climatiseurs qui consomment de l’énergie.

Sophie Deschamps

Commentaires

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  1. La sobriété devrait se généraliser, mais notre système basé sur la production quasiment sans limites et la consommation, ne sauvera pas le climat.Et ce n’est pas la récente loi qui y parviendra
    Notre fine couche de vivant sur terre de quelques kms est soumise à une prédation sans limites.

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