Charles Fournier, tête de liste écologiste aux élections régionales, a participé ce mercredi soir à une table ronde autour du thème de la démocratie régionale avec ses homologues de la France Insoumise, moins d’une semaine après l’officialisation de leur alliance en vue du scrutin.
C’était leur premier évènement ensemble. Moins d’une semaine après leur conférence de presse à Tours (Indre-et-Loire) officialisant leur alliance en vue des Régionales, Charles Fournier, tête de liste écologiste, était invité à prendre part à une table ronde organisée par La France Insoumise sur le thème de la démocratie régionale, ce mercredi soir. Diffusée en direct sur Facebook, cette table ronde a ainsi rassemblé Charles Fournier, les deux chefs de file du parti de Jean-Luc Mélenchon : Karin Fischer et Aymeric Compain, ainsi que les conseillers régionaux insoumis Emilie Marche (Auvergne-Rhône-Alpes) et Guilhem Serieys (Occitanie).
Capture d’écran de la table ronde avec Charles Fournier et La France Insoumise autour de la démocratie sur Facebook
D’emblée, Aymeric Compain ouvre le débat : « Aujourd’hui, on voit une remise en cause, une défiance citoyenne vis-à-vis des institutions. C’est quelque chose de prégnant. Alors, comment est-ce qu’on peut construire une démocratie, à l’échelle de la région, pour que la population reprenne confiance en leurs institutions et reprennent aussi goût à la chose publique ? » Peu bavards sur cette thématique, Karin Fischer et Aymeric Compain ont volontairement laissé la parole à leurs invités, Charles Fournier, Emilie Marche et Guilhem Serieys.
Rapprocher la Région des citoyens
La tête de la liste nommée Un nouveau souffle y répond le premier. « L’échelle régionale est une échelle de transformation extrêmement importante, même si ce n’est pas la seule, indique Charles Fournier. Rien ne peut être réussi sans les gens. La question qui nous est posée c’est comment, dans l’ensemble des politiques publiques de la Région, on arrive à impliquer les citoyens ? Et je dirais, la démocratie c’est deux dimensions essentielles : le pouvoir de décider et aussi le pouvoir d’agir. Par nos responsabilités, on peut redonner à la population de la capacité à décider. »
Mais Charles Fournier ne s’arrête pas là et pointe ce qui représente, à ses yeux, l’un des plus gros problèmes, né de la loi NOTRe (Nouvelle Organisation Territoriale de la République) promulguée en 2015 qui a formée ces nouvelles grosses régions. « Il faut quitter l’entre-soi régional, souligne-t-il. On a éloigné les lieux de décision de la réalité des citoyens. Ce qui me paraît très important, c’est retravailler sur les lieux où peut s’incarner cette démocratie et cette citoyenneté. Ces lieux peuvent être multiples. Il faut reconnaître cette capacité à faire vivre du commun dans les territoires et la Région peut soutenir ces lieux qui font émerger des dynamiques démocratiques dans les territoires. »
Des divergences malgré l’alliance
Le concept de contrôle des élus s’est ensuite invité dans la discussion, devant une trentaine de personnes connectées simultanément pour suivre cette table ronde en direct. C’est le conseiller régional (La France Insoumise) d’Occitanie, Guilhem Serieys, qui amène le sujet. « Une autre difficulté se trouve dans l’absence d’instance de contrôle ou de transparence, explique le trentenaire. Les conseils municipaux sont publics et les délibérations affichées, par exemple. Les Régions, c’est beaucoup plus lointain. Des citoyens qui souhaitent se mobiliser n’ont aucun moyen concret à part les pétitions et les manifestations. La bonne question est : comment on met en place des outils qui donnent du pouvoir d’action direct aux citoyens pour au moins, que les élus se sentent contrôlés, au minimum ça ? Que les élus sachent qu’il existe un pouvoir d’interpellation et qu’ils auront des comptes à rendre afin de les responsabiliser. »
Pour cela, une des notions chère au parti d’extrême gauche est le mandat révocatoire. L’idée serait de contrôler et de pouvoir destituer à mi-mandat n’importe quel élu. Une proposition qui ne convainc pas la tête de liste écologiste. « Je pense en tout cas qu’il doit y avoir une évaluation permanente des élus, affirme-t-il. Le révocatoire, j’ai du mal à le voir opérationnel. J’ai un doute sur son efficacité. Le problème que nous avons est que nous sommes dans une démocratie de délégation, c’est-à-dire, en gros, pendant cinq ans je m’occupe de tout. Et dans cinq ans, vous me sanctionnez ou pas. Je pense que si on crée ce que j’appelle une démocratie permanente, pour dire qu’elle doit vivre partout et tout le temps. Partout, dans tous les territoires notamment ruraux ou populaires et tout le temps car l’important est ce qui se passe entre deux élections. L’élection ne doit pas être la majeure de la vie démocratique. C’est difficile à imaginer car dans notre pays démocratie est synonyme de vote… Il faut d’abord améliorer toutes les étapes qui vont du processus de délibération au moment de la prise de décision, puis celle de l’évaluation et du contrôle en améliorant, par exemple la participation citoyenne et l’information autour des projets. »
Delphine Toujas