Face au nombre de masques jetés à terre depuis le début de la crise sanitaire, les pouvoirs publics, en lien avec des chercheurs du CNRS d’Orléans La Source, viennent de mettre au point un masque traçable équipé d’une nanoparticule. Un virage rendu bientôt obligatoire, et qui n’est pas sans poser un problème de gestion des données personnelles.
Les services de voirie ramassent chaque jour des centaines de masques jetables. @M G
Depuis l’obligation faite aux Français de porter un masque, y compris en extérieur, la situation écologique est devenue intenable. Chaque jour, les services de voirie ramassent des centaines de masques jetés à même le sol. La solution, face à cette pollution de masse, a vu le jour dans les laboratoires du CNRS d’Orléans La Source. C’est là que l’idée d’introduire des nanoparticules dans les masques jetables est née. « C’est un procédé innovant sur lequel nous travaillons depuis septembre dernier avec les services de l’État », explique Charles Vernier, directeur du laboratoire en charge du projet baptisé NaNoC19. « Il s’agit dune nanoparticule intégré au masque et donc indétectable par le porteur, mais qui contient toutes les informations dont les pouvoirs publics peuvent avoir besoin », poursuit le chercheur. En l’occurrence, des coordonnées qui seront fournies au moment de l’achat. « Pour acheter ces masques jetables et traçables, qui seront, à court terme, rendus obligatoires, il faudra simplement présenter une pièce d’identité qui sera scannée. Si le masque est jeté à terre, il sera très facile de retrouver l’auteur grâce au fichier dédié qui sera accessible depuis l’ensemble des directions de la sûreté publique », détaille Philippe Baron, en charge de l’opération à la préfecture du Loiret.
Un surcoût pour le consommateur
Mais cet implant de puces savantes va-t-elle entraîner un surcoût pour le consommateur contraint à porter ces nouveaux masques? « Dans un premier temps, certainement », reconnaît le chargé d’opération. « Le prix du masque devrait augmenter d’environ 50 centimes d’euros, mais la montée en puissance de la production va naturellement faire baisser les prix ».
Une initiative prise en toute discrétion par l’État qui fait craindre des risques quant à la gestion du fichier. Tahar Moulay-Barras, de la Ligue des droits de l’Homme, y voit même un danger démocratique. « Que se passera-t-il si ce fichier contenant les coordonnées et, peut-être, les habitudes de déplacements des citoyens, tombe entre de mauvaises mains? Nous ne savons pas de quoi demain sera fait, hélas… », questionne le militant qui dit se réserver le droit de porter l’affaire devant la justice. Selon nos informations, les premiers masques devraient arriver sur le marché fin avril dans le cadre d’une première expérimentation avant la mise généralisée sur le marché, sans doute, courant mai.
R.A.S