Le gros dossier du conseil municipal de ce jeudi 18 mars portait sur la prévention de la délinquance et le bilan 2020 de la sécurité à Orléans. Deux thématiques que Florent Montillot, Premier Maire-Adjoint chargé entre autres de la sécurité, de la tranquillité publique et de la réussite éducative connaît sur le bout des doigts.
Florent Montillot, Premier Maire-Adjoint d’Orléans, chargé notamment de la sécurité et de la tranquillité publique ©SD
Avant la grand messe du conseil municipal de ce jeudi 18 mars, l’impétueux Premier Maire-Adjoint d’Orléans avait convié la presse le matin pour parler de la prévention de la délinquance et la sécurité à Orléans. Avec son sens habituel de la formule, il a d’emblée rappelé « nous marchons sur ces deux jambes (sécurité et prévention) depuis 2001 » (année de la première élection de Serge Grouard à la mairie d’Orléans NDLR) ne se privant pas de rappeler que la délinquance a baissé régulièrement depuis dans la capitale régionale.
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Établir un diagnostic avant d’agir
« Personne n’est à l’abri » s’est toutefois empressé d’ajouter l’élu, faisant allusion à l’actualité chaude des rixes violentes entre bandes avec le drame de Montargis qui a fait un mort et un blessé grave ce mercredi 17 mars. « On ne peut pas rester indifférents » a-t-il martelé. Une transition habile pour présenter l’important dispositif de réussite éducative déployé par la Ville depuis 2001 : « Nous faisons du sur-mesure avec des dispositifs très humanisés » a expliqué le Premier Maire-Adjoint pour accompagner les enfants, les adolescents, les jeunes adultes mais aussi les parents car « contrairement à de fausses légendes, la délinquance des mineurs n’est pas liée à des causes ‘socio-économiques’ mais ‘socio-éducatives’ », autrement dit l’absence ou la défaillance de l’autorité parentale, en référence notamment au travail du sociologue Sébastian Roché, spécialiste de l’insécurité au CNRS.
Redonner le goût de l’école aux élèves “décrocheurs”: (photo D. Chauveau conseil départemental)
Être exclu de l’école, une récompense et non une punition
Face à ce diagnostic, l’enjeu est double indique l’élu : « Restaurer l’autorité parentale tout en favorisant le rôle de l’école et de l’éducation, afin de sortir de l’école de la rue. » Car pour certains jeunes « être exclu du collège n’est pas vécu comme une punition mais comme une récompense ». Et de citer les nombreuses initiatives de la Ville dont certaines existent depuis longtemps comme le dispositif PASSERELLE mis en place il y a huit ans pour accueillir les jeunes “décrocheurs” ou exclus temporairement ou définitivement d’un collège. « L’objectif, explique Florent Montillot, est d’éviter à tout prix qu’un jeune ne se retrouve à la rue. » Un accompagnement qui fonctionne avec comme conséquence positive pour une exclusion définitive d’avoir réduit les délais de 2 mois à 2 semaines pour l’admission du jeune dans un nouvel établissement. Preuve de son efficacité, d’autres communes de la Métropole adoptent ce dispositif, notamment Saint-Jean-de-Braye, Saint-Jean-de-la-Ruelle et plus récemment Fleury-les-Aubrais.
Un dispositif complété pour les plus de 16 ans par l‘Ecole de la deuxième chance qui existe depuis 10 ans et accueille 150 jeunes en échec scolaire par an.
Le dispositif PLATEFORME propose lui aux 16/20 ans une remise à niveau et des chantiers éducatifs et d’insertion pour leur faire découvrir concrètement des métiers. Certains sont même payés comme par exemple les jeunes qui travaillent sur la préparation du Palais des Sports avant l’Open d’Orléans.
Les TIG accueillis en mairie
Enfin la Ville n’oublie pas les jeunes condamnés à des heures de TIG ( travail d’intérêt général ) en alternative à la prison. Sur ce point le Premier Maire-adjoint est très clair : « Chaque service de la mairie a vocation à accueillir un jeune par an, y compris celui de la Sécurité ». Ainsi 72 tigistes entre 16 et 25 ans y ont été accueillis en 2020.
Parents et enfants ne sont pas oubliés
Autre mesure phare qui a fait ses preuves au fils des ans, le Carrefour des Parents, lieu gratuit d’échanges et d’accompagnement pour les adultes dépassés dans leur parentalité avec 20 000 parents rencontrés depuis 2005.
Pour les enfants, Florent Montillot a rappelé que l’objectif était « d’intervenir le plus tôt possible lorsque des difficultés scolaires ou des problèmes de comportement surgissent, y compris en maternelle. » Par exemple, pour l’apprentissage de la lecture, les Clubs coup de pouce ont montré leur efficacité en prenant en charge 4 soirs par semaine, d’octobre à mai, les enfants en difficulté dès le CP avec à la fin de l’année plus de 90% de réussite et des mômes fiers de savoir lire.
Citons aussi les quatre maisons de la réussite d’Orléans accessibles à tous et qui permettent aux habitants de trouver en un seul endroit, l’ensemble des dispositifs en faveur de la parentalité, de la réussite éducative et de la prévention de la délinquance.
Patrouillage, îlotage, zonage
Le travail des policiers municipaux repose sur trois grands principes : patrouillage, îlotage, zonage ©Magcentre
Le patrouillage permet aux policiers de circuler en binôme dans les quartiers : « Le bureau des policiers municipaux c’est le terrain », a précisé Florent Montillot, le but étant une intervention très rapide des forces de l’ordre citant les deux personnes blessées par couteau, le 16 mars rue de la République « l’arrivée rapide sur place des policiers a peut-être évité un drame », estime l’élu. La géolocalisation des patrouilles par GPS permet aussi de savoir en temps réel où elles se trouvent.
L’îlotage permet aux policiers qui y travaillent depuis parfois vingt ans de bien connaître le terrain mais aussi les habitants et enfin le découpage de la ville en six zones réduisant le trajet des policiers, l’élu rappelant qu’« Orléans s’étale sur 18 km du Nord au Sud ».
Le Centre de Sécurité, cerveau de la télésurveillance à Orléans va accueillir prochainement des caméras intelligentes. ©Mairie Orléans
Faible impact de la pandémie sur la délinquance
Enfin contrairement à ce que l’on aurait pu penser, la pandémie n’a pas freiné la délinquance de proximité à Orléans avec même une augmentation de 4% des interpellations en 2020 : 757 contre 728 en 2019. Florent Montillot en a profité pour rappeler qu’Orléans a été la première ville de France à imposer le port du masque dès le 30 juillet 2020 sur les quais et les marchés avant une généralisation dans toute la Métropole le 20 août.
Sophie Deschamps