Foi de troglodyte, l’hibernation a ses limites, asséna un jour d’un tweet rageur une vieille taupe de la DGSE en retraite au bord du Cher. Par Sainte Nitouche et Saint Pansard, plus besoin de pigeons voyageurs pour sortir de l’isolement. SMS et tweets en folie inondent les réseaux. Comme si chacun, au jeu de l’ego, voulait apporter sa propre brique.
“Avez-vous remarqué comme on est bête quand on est beaucoup !” Ping ! Néa ma jumelle, plus souvent furie qu’à son tour, vient encore de perturber ma douce quiétude. Depuis son retour au foyer pour le 8 mars, elle est insatiable. “Celle-là, elle est de Georges Sand, mais elle colle bien à l’époque. La solitude domiciliaire attise l’idiotie virtuelle collective“. Un téléphone dans la main et le nez collé à son ordinateur portable, elle ne décolère pas, et cela fait un an que ça dure, entre confinement et couvre-feu. “Si tu savais ce qu’on peut lire sur le net. Tu vas bientôt être dépassé, mon p’tit bouffon préféré“. Le sourire angélique annonce une tempête que je connais trop bien. “Regardes donc“.
Effectivement. Surfer sur le net, écumer les réseaux sociaux, décrypter du langage phonétique peut faire mal à la tête, mais aussi déclencher quelques bonnes crises de fou-rires salvatrices, presque sanitaires. Au hasard. Historique : “Foi d’Orléanais, si le couvre-feu avait existé plus tôt, Jehanne d’Arc aurait pu échapper au bûcher“. Subliminal : “Je n’arrêtes pas d’envoyer des messages aux huiles essentielles, mais j’attends encore leurs réponses“. Frustré : “A cause du couvre-feu, je n’ai pas pu déclarer ma flamme. De quoi se consumer d’amour” . Fumeux : “Le père Noël nous a boycottés cette année. Impossible de passer par la cheminée. Le couvre-feu a été levé juste le jour de Noël“. Et tout çà gratos.
Quant à la vraie actualité, il y eut aussi de l’insolite, tel cet ancien champion du monde de semi-marathon, Yosi Goasdoué, qui a pu continuer à s’entraîner grâce à l’accueil du château de la Bourdaisière, à Montlouis-sur-Loire, en Indre-et-Loire, pendant le premier confinement. Beaucoup mieux que dans son appartement. Ou d’autres infos un peu plus “dépouillées”, telles ces infirmières, dentistes, hôteliers, agents de santé et membres de professions dites non-essentielles qui n’ont pas hésité à se mettre à nu pour crier leur colère ou leur désespoir. Inspirant peut-être quelques InterLuttants sans pour autant réclamer un César.
“Ca, dès qu’il y a une femme à poil, ça fait réagir“, s’exclame Néa. “Alors, t’inquiètes pas, tu vas en voir de plus en plus, c’est un sondage qui le dit“, conclue-t-elle d’un air moqueur. De plus en plus ? La maligne. Elle a laissé son écran ouvert affichant un article de Ouest France de début février 2021 indiquant que pendant le confinement, beaucoup de femmes ont décidé de moins s’épiler. Vera de Talleyrand-Périgord, résidente régulière du château de Valençay affirmait que “le seul capital qui ne coûte rien et qui rapporte beaucoup, c’est la flatterie“. Oser ici une référence serait assurément jouer les tristes sires.
Allez, mes cousin-e-s, on pourrait presque croire que le 1er avril est arrivé avant l’heure. Il est vrai que certains poissons vivent toute l’année, malgré eux, dans un bocal.
Néo Triboulet