Après Africatrek, la famille poussin a repris la route en 2014 pour un tour de l’Île Rouge de 5 000 km à pied avec leurs deux enfants. ©A.Poussin
Télé, radio, presse mag’… Quel média n’a pas relaté la folle aventure de la famille Poussin ces derniers mois : le tour de Madagascar à pied et en charrette avec deux enfants ? Loin d’un challenge touristique, c’est avant tout un voyage solidaire que Sonia et Alexandre ont entrepris, soulevant 330 000 € en crowdfunding pour aider 33 projets humanitaires. En pleine promo de leur livre Madatrek (Ed. Robert Laffont), Alexandre Poussin sera en dédicace ce samedi 13 mars à Orléans (10h30-12h30 et 14h30-17h30), au Comptoir Malgache, évidemment.
«Tsy mety, tsy mety ! » leur serinaient les Malgaches comme un refrain. « C’est pas possible, c’est pas possible ! », me traduit Alexandre Poussin, journaliste, écrivain-voyageur et réalisateur. Et pourtant, ils l’ont fait… Parcourir toute l’île de Madagascar par la côte, à pied, avec une charrette et quatre zébus : « 5000 km en famille, ma femme Sonia et nos deux enfants Philaé et Ulyss, 9 et 6 ans à l’époque. Un tour de Mada en 4 ans : il faut en vouloir et nous sommes les premiers à l’avoir jamais fait. »
Un périple solidaire
Ainsi, ils partirent en 2014 depuis Tana, la capitale. Puis cap vers l’ouest, Morondava, puis le sud via Toliara, Ambovombe, puis la côte en longeant l’Océan Indien jusqu’à Tamatave, Diego Suarez tout au nord, puis descente côté Canal du Mozambic par Mahajanga, et reboucler enfin jusqu’à Antananarivo. L’idée ? « Faire une série de documentaires et filmer toutes les initiatives positives qui sont développées sur l’île au niveau de la pauvreté, des maladies, de la déforestation, de l’accès à l’eau potable. On a levé des fonds et on a filmé les actions des associations, ONG, entreprises… Au total, 330 000 € ont financé 33 projets en faisant du crowdfunding à distance ! », explique Alexandre.
Parmi les projets soutenus, 5000€ ont été alloués pour la rénovation/réouverture du dispensaire pédiatrique des soeurs du Bon Sauveur de Manambondro. ©A.Poussin
L’occasion pour cette famille d’une vie au contact des populations et d’une immersion dans la vie du pays en analysant tous les aspects. « Quatre ans de sobriété heureuse et de frugalité, à dormir sous une tente et à vivre de la location de notre maison dans 4 m2. 52 mois, c’est énorme, c’est une tranche de vie pendant laquelle on s’est malgachisés. On est allés partout en nous acculturant, en nous fondant… et de la lenteur est sortie la profondeur ». Une aventure entre rencontres, émotions, émerveillement, mais aussi embuscades, construction de ponts, traversées de rivières épiques…, aujourd’hui racontée dans un superbe ouvrage, Madatrek (Ed. Robert Laffont), et 16 épisodes de 52 minutes en DVD qu’Alexandre Poussin dédicacera samedi 13 mars à Orléans, dans un endroit hautement symbolique, Au Comptoir Malgache, à Orléans.
William Rajaobelina valorise le savoir-faire des artisans de Madagascar comme ces baobabs en ferronnerie d’art en vente Au Comptoir Malgache.©EB
William, un colibri ambassadeur
Ouverte en 2004, au bas de la rue Royale, cette boutique est l’une des plus belles vitrines en France des richesses de Madagascar et son propriétaire, William Rajaobelina, l’un des commerçants les plus dynamiques du centre-ville d’Orléans. Vanille, rhum, huiles essentielles issues de plantes endémiques, pierres précieuses et fines, maroquinerie, ferronnerie d’art… « Depuis 15 ans, je ne me fais pas de salaire pour pouvoir aider les autres. Je veux faire en sorte que mon pays, si riche et paradoxalement si pauvre, se développe, en donnant du travail aux artisans malgaches pour qu’ils puissent s’offrir un toit, et en leur donnant les moyens de respecter la nature. C’est ce que j’essaye de faire en important leurs savoir-faire et en organisant des voyages pour faire découvrir l’exceptionnelle biodiversité de ce pays dans le respect et la préservation de l’environnement. »
Alors, recevoir Alexandre Poussin et lui permettre de raconter son aventure humaine tombait évidemment sous le sens : « C’est permettre d’avoir le regard d’un européen qui vit dans les conditions malgaches et qui met en valeur ces trésors ». Avec sa boutique maintenant sur orbite et convaincu que Madagascar peut se hisser dans le top 10 des destinations touristiques les plus remarquables, William Rajaobelina s’attelle maintenant à de nouveaux projets éthiques et solidaires, tel un colibri qui n’en finit pas de faire sa part…
Estelle Boutheloup
Photo de Une ©A.Poussin