Orléans: le monde de la culture se fait entendre

Un rassemblement statique a attiré une petite centaine de personnes à Orléans ce jeudi 4 mars lors d’une journée de mobilisation nationale du secteur culturel. À son issue, une délégation a été reçue par François Bonneau, le président de la Région, au conseil régional.

Difficile de les manquer. Ils étaient une centaine de personnes à répondre à l’appel du CUIP 45 (Collectif des intermittents et précaires du Loiret), le SNAM-CGT et Sud-Culture Loiret pour une manifestation statique sur la place de la République à Orléans (Loiret) ce jeudi 4 mars. Sous la statue représentant la Liberté, affublée d’une pancarte « J’aurais voulu être un.e artiste » (le mot artiste étant rayé), de nombreux syndiqués, des intermittents et des acteurs du secteur culturel ont souhaité faire entendre leur voix à une date pas choisie au hasard. C’est, en effet, le 4 mars 2020 que le Gouvernement d’Edouard Philippe mettait en place une jauge de 5000 personnes dans les manifestations publiques. « C’est le début de la mort de la culture », affirme Vincent Lemaire, représentant du SNAM-CGT Orléans, derrière son masque avec inscrit « culture en danger ».

De la place de la République …

Pour se faire entendre justement, les organisateurs ont misé sur une ambiance musicale avec une quinzaine de musiciens. Un air entraînant arrêtant curieux et passants, venant ainsi grossir les rangs de ce rassemblement et se trémousser au rythme de la musique. Une éclaircie dans un ciel maussade tant le public est privé de représentations culturelles depuis un an. Alors pendant que les uns peuvent enfin faire profiter leur art, les autres distribuent tracts avec leurs revendications. « On a des revendications sociales et solidaires, détaille Sacha Kovsky du syndicat Sud Culture Loiret. On attend des gestes forts de la part de ceux qui nous dirigent, avec notamment le prolongement de l’année blanche pour les intermittents, de nouvelles aides via un plan de relance culturel, la baisse du seuil d’heures travaillées pour prétendre au statut d’intermittent et au filet de protection sociale qui va avec, la réouverture des lieux culturels ainsi que l’abandon de la réforme de l’assurance chômage. »

Mobilisation des acteurs du secteur culturel place de la République à Orléans (Loiret). Crédit : Delphine Toujas

Des doléances que partage son homologue du SNAM-CGT, Vincent Lemaire. « On demande la prolongation de l’année blanche, un plan de relance et évidemment la réouverture des salles, même si celle-ci n’est pas la solution unique, explique-t-il. C’est un préalable, mais il faut un plan de relance derrière pour tout restructurer. Aujourd’hui, il y a eu des aides, de l’argent donné pour les grosses structures mais pas pour tout ce qui est petites compagnies et les gens qui fabriquent les spectacles, les artistes et techniciens, on est dans une situation où on ne travaille pas, les salaires sont divisés par deux. Nous, on aimerait bien travailler. Le problème c’est que la réouverture ne va pas forcément ramener le travail qu’on avait avant. Vu qu’on est contraints tous les ans de faire un nombre d’heures minimum pour pouvoir être intermittent, un sur deux ne va plus pouvoir l’être donc on risque de perdre des personnes hyper-spécialisées dans leurs métiers alors c’est catastrophique. »

… À une salle de réunion du Conseil régional

Après plus d’une demi-heure, les représentants syndicaux décident d’aller adresser une lettre au Conseil régional, situé à quelques centaines de mètres, comme ils l’ont déjà fait auprès de députés ou de la municipalité d’Orléans entre autres. C’est ainsi qu’une cinquantaine de manifestants se sont retrouvés devant les portes alors closes du Conseil régional. Peu de temps après leur arrivée, celles-ci s’ouvrent : le président de la Région, François Bonneau, accepte de recevoir une délégation de cinq membres.

Les manifestants attendent la décision de François Bonneau, président de la Région, de recevoir une délégation devant le Conseil régional à Orléans (Loiret). Crédit : Delphine Toujas

Durant une entrevue d’une heure, acteurs du secteur culturel et syndiqués ont notamment défendu leur idée de plan de relance, estimé à 7 millions d’euros pour l’ensemble de la région Centre-Val de Loire, pour relancer le travail « qu’il n’y aura pas pour tout le monde, même après la réouverture, car trouver des dates sera quasi-impossible, sans parler des primo-accédants qui ne pourront pas bénéficier du statut d’intermittent et se détourneront de ce milieu, déplore Sacha Kovsky. Il y a une urgence sociale. »

François Bonneau à la rencontre de manifestants suite à la rencontre avec une délégation à Orléans (Loiret). Crédit : Delphine Toujas

En face d’eux, ils ont trouvé une oreille attentive et acquise à leur cause, qui a longuement écouté, réfléchit et rebondit. Enfin, François Bonneau s’est engagé à les recevoir à nouveau en fin de semaine prochaine. En attendant le prochain rendez-vous, le président de la Région est ensuite allé brièvement à la rencontre de la dizaine de manifestants encore présents sous les fenêtres du conseil régional.

Delphine Toujas

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