Saint-Péravy-la-Colombe et l’envol de Théodora 

Belle nouvelle. Alors que le monde de la culture suspend son souffle depuis des mois, l’ensemble Théodora a enregistré son premier disque, du 18 au 26 février dernier, au sein de l’église de Saint-Péravy-la-Colombe, creuset de hautes aventures musicales. Cet enregistrement par des artistes d’une humilité et d’un talent de premier plan, rehaussé par  la contribution de Luc  Fourneau, ingénieur du son, est le fruit d’une résidence qu’ont permis par bonheur l’association villageoise des Amis de l’Orgue et la mairie de Saint-Péravy qui, dans un même élan, dans le Loiret, ont accueilli et soutenu cette initiative et proposition artistique. 

Un ensemble baroque à l’écoute du silence et de la passion 

L’ensemble Théodora est né en juin 2018. Composé de Pierre Gillet (trompettiste), Claire Feintrenie (soprano) et Marie Faucqueur (organiste). Ce trio s’est d’abord consacré aux œuvres baroques de Purcell et d’Haendel. Pour l’enregistrement d’aujourd’hui, l’ensemble a choisi de garder le socle baroque qui constitue son point de rencontre. Toutefois s’ajoute ici une œuvre contemporaine, intitulée “Phèdre” et composée, expressément pour l’ensemble, par Claude Barthélémy qui a notamment dirigé l’Orchestre National de Jazz. Décoiffant et subtil. 
 
Ici, afin de nourrir leur interprétation, les musiciens ont souhaité s’attacher à l’évocation de personnages forts, tel celui de Phèdre dont la pièce éponyme se déploie à partir des vers de Racine. Là, l’enjeu de cette pièce réside dans la traduction en musique du silence d’Hippolyte, envahi par l’incompréhension devant la folie des mots de Phèdre. Dans ce dialogue, ce faux monologue au cours duquel Phèdre déclare son amour à Hippolyte, les trois instruments se mêlent tour à tour pour dire la passion qui les anime (chant), le silence qui les subjugue (trompette) ou la dimension inexorable d’un destin qui se scelle (l’orgue). Voici, de fait, une vision dionysiaque du monde.

Un élan, entre fureur, lamentation et extase

L’entrée proposée par le trio s’inscrit dans une vision nietzschéenne du mouvement baroque, en opposition au classicisme. En effet, si le classicisme est assimilé au mouvement dit “apollinien“, tourné vers l’ordre et la mesure, le rationnel et l’intellect, le baroque se voudrait dionysiaque, lié à l’excès, à l’instable et à la folie. En définitive, c’est cette vision nietzschéenne de l’opéra baroque que le trio a voulu traduire à travers cet enregistrement mêlant profane et sacré, grâce des “Leçons de Ténèbre” de Couperin, et sulfureux “Couronnement de Poppée” de Monteverdi. A n’en pas douter, voici un programme porté par l’élan dionysiaque, entre fureur, lamentation et extase.
A suivre. 
 
Eloïse Duval
 
 

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