Situé en rive sud de Blois, cette zone de 350 hectares a été désurbanisée depuis 2004. L’agglomération veut en faire un lieu exemplaire qui tire parti de ses atouts naturels et rappelle l’histoire du site en lien avec le fleuve royal.
Françoise Bailly vice-présidente d’Agglopolys en charge du projet devant l’ancienne imprimerie Sograph en cours de destruction. Photo Jean-Luc Vezon
Avec ce projet d’aménagement qui s’étalera sur plusieurs années, l’agglomération de Blois affiche ses ambitions environnementales. Pas moins de 4 à 6 M€ de travaux sont ainsi prévus pour mettre en valeur les espaces naturels, créer des circuits de promenades pédestres et cyclables, des espaces de loisirs récréatifs, culturels et pédagogiques mais aussi développer des activités agricoles (pâturage, maraîchage, etc.).
« La qualité des paysages est un axe majeur pour le développement de l’agglomération. Située en entrée de ville, la Bouillie est une vitrine du paysage ligérien ; nous voulons redonner de la lisibilité et de la cohérence à cet espace naturel afin que l’ensemble des habitants de l’agglomération se l’approprie », explique Françoise Bailly, vice-présidente d’Agglopolys en charge de l’aménagement, de l’urbanisme, du PLUi, de l’habitat et de l’accueil des gens du voyage.
Les projets d’aménagement envisagés devront toutefois prendre en compte un certain nombre de contraintes. « Ils devront être compatibles avec la vocation première de la Bouillie à savoir l’évacuation des crues de la Loire et du Cosson. Sur ce point, le Plan de prévention des risques d’inondation (PPRI) interdit, dans les espaces situés dans le déversoir et en aval de celui-ci, toute construction ou plantation d’arbres. L’implantation d’installations démontables est, néanmoins, autorisée, de même que les haies et autres végétations basses », spécifie Françoise Bailly.
Ateliers participatifs
Le cabinet spécialisé Choreme qui accompagne Agglopolys a déjà formulé plusieurs hypothèses d’aménagements pour les 10 secteurs identifiés (voir carte). Ces dernières viennent d’être enrichies par les acteurs du territoire et la population via une consultation en ligne, qui a eu lieu du 1er au 21 février 2021, sur le site Internet d’agglopolys.
« Cette consultation avait pour but d’associer les habitants au projet et de recueillir leurs attentes sur l’aménagement futur de ce site. Nous sommes très heureux de son succès puisque 1 400 habitants et associations ont apporté leurs idées et remarques », déclare Françoise Bailly en précisant qu’une analyse précise des données va être réalisée.
Ce printemps, si les conditions sanitaires le permettent, des ateliers participatifs seront également organisés afin que des habitants puissent participer de manière plus approfondie à la réflexion menée. « Ces ateliers seront de véritables outils d’aide à la décision pour les élus communautaires », ajoute Françoise Bailly l’élue de Saint-Gervais-la-Forêt.
On sait d’ores et déjà, que ce sont les secteurs jouxtant l’avenue Wilson (Glacis et parc des Expositions) qui devraient être traités dans un premier temps car situés dans le périmètre de l’entrée de ville. Par ailleurs, il n’est pas envisagé de déplacer les équipements existants sur le site, tels que l’aire de grand passage des gens du voyage, le parc des expositions ou l’aire de camping-cars.
La difficile question des gens du voyage
Occupants historiques du lieu, les gens du voyage constituent cependant une difficulté à prendre en compte. « Sur la cinquantaine de familles installées à la Bouillie, il en reste 6 qui vivent là depuis 50 ans. Nous les accompagnons dans leur relogement en leur proposant par exemple des terrains », évoque l’élue sans éluder la question de l’occupation illicite et régulière de certains espaces par des voyageurs malgré les tranchées et les barrières.
Les gens du voyage sont nombreux à occuper illégalement le déversoir de la Bouillie. Photo Jean-Luc Vezon
« Il existe une aire de grand passage dans le déversoir qui accueille 4 ou 5 rassemblements annuels répertoriés par la Préfecture. Mais, il n’est pas simple de faire respecter plus fermement l’interdiction de stationner sur la zone » conclut l’élue.
Jean-Luc Vezon
Le site de la Bouillie
La Bouillie est un secteur situé en rive sud de Blois sur les communes de Blois, Vineuil et Saint-Gervais-la-Forêt. Il constitue un déversoir historique de la Loire destiné à préserver la ville des inondations. Ce secteur peut aussi se retrouver envahi par les eaux du Cosson en crue comme par exemple lors des inondations de juin 2016.
Au fil du temps, la mémoire du risque d’inondations s’estompant, des constructions et équipements y ont pourtant été édifiés, représentant un danger à la fois pour leurs habitants, mais également pour ceux situés dans la ville endiguée, les levées s’en trouvant fragilisées.
C’est pourquoi, devant cet enjeu de sécurité civile, la Communauté d’agglomération de Blois, s’est engagée en 2004, sous l’impulsion de Jacqueline Gourault qui la présidait alors, dans une vaste opération de désurbanisation du secteur. Il s’agissait là d’une des premières opérations de ce type en France.
Une ZAD (zone d’aménagement différé) a notamment été mise en place permettant à Agglopolys d’acquérir prioritairement les biens en vente, dans le but de redonner au déversoir sa fonction première. Cette opération de désurbanisation touche aujourd’hui à sa fin. Au total, 132 bâtiments ont été acquis sur 143 et 128 ont été démolis.