[Billet]Rien qu’une heure, une heure seulement, par mois et pour les autres. Par Sainte Nitouche et Saint Pansard, alors que le Département du Loiret invite à la générosité entre voisins, les Promenades photographiques de Vendôme annoncent des entrées payantes cet été pour leurs deux sites majeurs. Entre bénévolat plébiscité et rémunération justifiée, encore un beau débat servi sur un plateau d’argent, mes seigneurs.
“Trois choses sont absolument nécessaires : premièrement de l’argent, secondement de l’argent, troisièmement de l’argent.” Au tout début de la Renaissance, le lieutenant-général Jacques de Trivulce employait l’artillerie lourde en s’adressant au « bon roi » Louis XII. Ce futur gouverneur en Dauphiné, italien d’origine, confirmait sans conteste qu’à toutes les époques l’argent s’affirme comme le nerf de la guerre, de toutes les guerres. Et qu’il n’en est point autrement aujourd’hui, au grand dam de quelques utopistes, Thomas More dans l’âme.
Las ! Quand le Département du Loiret, en ce début février 2021, par la voix de son président Marc Gaudet, se rallie à l’idée de L’heure civique lancée par le créateur de la Fête des voisins, certains fustigent l’initiative sans bourse délier, y décelant une intention d’éviter des heures supplémentaires aux aides ménagères et autres auxiliaires de vie. Oser inciter à la solidarité « en donnant une heure par mois de notre temps pour aider un voisin, en faisant de la lecture ou en partageant son savoir » influe gravement sur le chômage et la précarité, entendons-nous sur l’air peu charitable du « Tout travail mérite salaire ». De quoi en rester pantois, et cacher sa marotte, aurait dit l’Unique, semant sa confusion à tous vents.
Le débat, toutefois, vaut bien un fromage. Car certains combats sont louables contre tout abus de facilité, à l’image de celui des artistes, mes frères, plus souvent montrés que rémunérés. Aussi, la récente décision prise par Odile Andrieu et l’équipe organisatrice des Promenades photographiques de Vendôme est-elle aisément appréciable. Maintenue dans un contexte culturel difficile, cette nouvelle édition 2021 innovera par l’instauration d’un prix d’entrée pour l’accès à ses deux sites majeurs. « Il s’agit de se poser la question de la valeur de la photographie. Est-ce que l’accès à des salles de spectacle, musique, théâtre, cinéma, etc, est gratuit ? Non. Alors, pourquoi l’accès à la photographie devrait elle l’être ? », dit-elle, défendant le prix modique avancé. «Dans un contexte économique où nos subventions et soutiens sont complexes, ce choix a été celui de pouvoir poursuivre dans les années à venir nos actions ». Une parole d’or.
Quémander quelques liards pour défendre son art peut paraître insolent, mais pas inhabituel. Et tant que l’on pourra compter sur les voisins, même une seule heure par mois, ce sera déjà fabuleux.
A bientôt, mes cousins. Le mois de mars arrive. Tenons bien la barre.
Néo Triboulet