Jean-Sébastien Herpin, membre de la liste OSE aux municipales 2020 à Orléans et ancien secrétaire régional Europe écologie Les Verts (EELV) pour le Centre-Val de Loire, vient d’annoncer qu’il ne reprendrait pas, pour l’heure, sa carte d’adhérent au parti écologiste. En cause, sa déception de voir l’opposition municipale de gauche et écologiste atone suite à l’alliance « suspecte » Chaillou/Grouard à la tête de la Métropole.
Jean-Sebastien Herpin. DR
Vous venez d’annoncer, notamment aux instances nationales d’EELV, votre intention de ne pas renouveler votre adhésion pour 2021. Qu’est-ce qui motive votre décision ?
Jean-Sébastien Herpin : Cette décision est, pour l’heure, provisoire, car je suis profondément attaché à EELV au niveau national, mais foncièrement déçu au plan local. Sachant que mon adhésion financerait également le local, je ne souhaite pas reprendre ma carte. C’est une addition de plusieurs faits, comme par exemple des libertés prises vis-à-vis des statuts, qui m’ont conduit à prendre du recul. Mais c’est naturellement et surtout motivé par l’élection suspecte à la tête de la Métropole du duo Chaillou/Grouard, l’un socialiste, l’autre Les Républicains. Les réponses à mes légitimes questions sur cet accord douteux, qu’elles proviennent de Jean-Philippe Grand (chef de file des écologistes Orléanais et tête de liste d’OSE, NDLR)
ou des socialistes, ne m’ont pas du tout convaincu. On ne peut pas avoir un président socialiste à la tête de la Métropole sans avoir passé un accord avec Serge Grouard qui n’est pas homme à lâcher l’os qu’il convoite. Ce dernier aurait d’ailleurs pu s’allier avec la droite classique, mais il ne l’a pas fait…
En quoi cet accord vous semble-t-il préjudiciable quant à la bonne marche de l’opposition municipale ?
J-S.H. : On se retrouve tout simplement à Orléans avec une opposition amorphe, assommée, absente des débats. À moins qu’elle ne soit complice de la majorité de droite du fait des accords passés à la Métropole. Et pour être clair, entre les positions des uns et des autres à la mairie ou à la Métropole, on ne sait plus qui soutient quoi, notamment sur des dossiers aussi importants que le développement durable. J’essaye pourtant de suivre les minutes de nos conseils municipaux, notamment sur Magcentre, mais je ne vois rien qui montre un sursaut de l’opposition, ni un positionnement compréhensible. Et pour être encore plus clair, une liste socialiste qui a eu un moins de suffrages que OSE au premier tour des municipales, ne peut se retrouver à la manœuvre, à cette petite manœuvre.
Que faudrait-il pour que les choses reviennent dans l’ordre et qu’éventuellement vous repreniez votre carte EELV ?
J-S.H. : Sous la précédente mandature, il y avait un bon numéro de duettistes entre Jean-Philippe Grand et Corinne Leveleux-Teixeira sur un certain nombre de dossiers. Il faudrait que ça reparte dans ce sens. Et les sujets ne manquent pas, comme l’expulsion des SDF de la gare, l’action sociale en générale, mais aussi s’interroger sur les déplacements de Serge Grouard à Paris pour occuper le plateau de CNews. Il vient d’ailleurs de réagir vivement à la décision du maire écologiste de Lyon, Grégory Doucet, d’introduire des menus végétariens à l’école, alors qu’une mesure similaire figurait dans notre programme. Mesure que l’on retrouve également appliquée par des maires LR, comme à Puteaux, dans les Hauts-de-Seine. Il faudrait réagir vivement en conseil municipal, d’autant qu’un menu végétarien est une bonne solution pour réconcilier toutes les sensibilités, que l’on soit croyant ou pas.
Avez-vous bon espoir que les choses bougent positivement au niveau de l’opposition municipale ?
J-S.H. : Je tiens à préciser que, parmi les anciens membres de la liste OSE, je suis loin d’être le seul à être déçu. Je ne participe d’ailleurs plus aux réunions internes où certains avancent des critiques, mais sans qu’elles viennent dans le débat public. Pour que je décide de reprendre ma carte, il faudrait que l’opposition se réveille, vraiment. Qu’elle joue de nouveau son rôle sans accepter de se retrouver pieds et poings liés par l’accord métropolitain. Si les élus continuent de se taire, nous risquons d’aller vers un implosion du groupe d’opposition. Pour répondre à votre question, gouverner c’est prévoir. Ce n’est pas à moi d’avoir un quelconque espoir, mais à eux de m’en donner. La balle est dans leur camp.
Propos recueillis par Mourad Guichard
Photo de Une : Jean-Sébastien Herpin (EELV) lors de la manifestation Black lives matter de juin 2020. Photo Mourad Guichard