Orchestres de l’Orléanais : chacun son style mais la passion pour tous ! #7 L’orchestre du Chapitre

De nombreux orchestres symphoniques émaillent le paysage orléanais et font résonner le département de musiques riches et variées… Sauf en cas de pandémie où ils sont cruellement réduits au silence. Pour autant, ils existent et leur dynamisme perdure malgré ce contretemps majeur qui n’a rien de musical !

Magcentre se propose d’aller à la rencontre de ces formations, des plus prestigieuses jusqu’aux plus modestes, des plus anciennes jusqu’aux plus récentes, et d’explorer, pour vous lecteurs, les abîmes de recherche et d’expression que prend la musique symphonique sous les archets, souffles ou baguettes des musiciens, qu’ils soient amateurs ou professionnels.

Un défi en ces périodes de confinement ? Un pari au contraire et une évidence : pendant la crise, la musique et la vie continuent ! De belles rencontres et surprises nous attendent.

Aujourd’hui, l’Orchestre du Chapitre

L’histoire de l’Orchestre du Chapitre est intrinsèquement liée à celle de Gildas Harnois, son chef et fondateur au palmarès impressionnant, et construite sur des rencontres. Et les rencontres de Gildas Harnois sont tout sauf banales, témoignant à la fois d’une grande inventivité et d’une grand écoute.

Gildas Harnois, fondateur et chef de l’Orchestre du Chapitre. ©Audrey Saulem

Mais commençons par le commencement

En 1996, Gildas Harnois est étudiant en classe de flûte au conservatoire de Boulogne. Pour son diplôme, il décide de présenter le concerto de Mendelssohn, écrit pour violon et transcrit pour flûte. Il réunit quelques musiciens pour l’accompagner et confie la direction à un ami, Clément Joubert, alors également étudiant à Boulogne et actuel Chef de l’Inattendu. Devant la réussite du projet, il décide de poursuivre l’expérience. Il s’initie à la direction d’orchestre, notamment avec Jean-Marc Cochereau. L’ensemble instrumental s’étoffe, et s’organise en association en 1998. L’orchestre du Chapitre est né, et prend le nom de la salle où il répète : les caves du chapitre, sous la cathédrale d’Orléans, à côté du parking souterrain, salle aujourd’hui interdite pour raisons de sécurité.

L’orchestre prend sa vitesse de croisière et développe sa personnalité. L’accent est mis sur la musique du XXe siècle. Puis les recherches du jeune chef s’ouvrent sur des espaces inexplorés. Il aime faire des juxtapositions entre musique savante et musique populaire. C’est ainsi qu’un programme de musiques irlandaises verra se côtoyer des ballades avec des musiques d’Aaron Copland. Un répertoire d’Argentine proposera des pièces originales composées par une chanteuse, à côté de pièces de Ginastera…

L’opérette tente aussi l’orchestre du Chapitre, et trois productions verront le jour dans les années 2010 2012. Citons aussi un concert mémorable au zénith d’Orléans, avec William Sheller et 1000 élèves des collèges de l’orléanais. Vous avez dit diversité ?

L’orchestre du Chapitre avec les enfants et William Sheller au zénith Orléans en 2008 ©Christine Harnois

Le fonctionnement de l’orchestre

À ses débuts, l’orchestre s’est réuni une semaine en Ardèche, un moment fort qui a « soudé » le groupe et a permis de solidifier un programme, avec deux concerts sur place et cinq au retour dans la région Centre.

Ensuite, le fonctionnement est celui habituellement pratiqué par les orchestres professionnels, avec répétitions centrées sur un projet, environ cinq jours avant le concert.

Gildas Harnois, authentique dans ses propos comme dans son rapport à la musique, souligne que les musiciens orléanais sont ceux que l’on rencontre à l’Orchestre Symphonique d’Orléans ou à l’Inattendu. Ceci s’explique par le réseau orléanais, vivant et riche, mais que Gildas Harnois essaie de renouveler, en invitant des musiciens d’autres villes, Blois, Tours (où il a été enseignant pendant plusieurs années) ou Paris. Pour élargir l’ « entre soi » orléanais.

Le tournant de 2014

Cette année-là, le cursus professionnel de Gildas Harnois l’amène à prendre la direction de l’orchestre des Gardiens de la paix à Paris. Sa disponibilité est moindre et l’Orchestre du Chapitre doit trouver d’autres marques.

Parallèlement, lui, l’enfant de Cléry-Saint-André où l’on dénombre au moins quatre générations de sa famille, assiste au Son et Lumière sur la basilique Notre Dame. Ce spectacle, organisé par Olivier Jouin et une équipe d’une centaine de bénévoles, rassemble chaque année près de 700 spectateurs. La dynamique associative lui rappelle les temps où à Orléans une « chorale johannique » fédérait une centaine de choristes amateurs pour les fêtes de Jeanne d’Arc. Fort de ces réflexions, Gildas Harnois se propose d’abord pour le choix des musiques. Puis, un projet réunissant les savoir faire de l’équipe du son et lumière avec les ouvertures musicales de Gildas Harnois voit le jour. Le « grand Chœur de Cléry » est né. Et tout naturellement, l’orchestre du Chapitre y trouve sa place.

Depuis six ans, un concert magistral remplit la basilique de Cléry chaque année en septembre, réunissant les musiciens de l’orchestre, des solistes, un grand chœur amateur, un petit chœur d’enfants, et une équipe technique rodée aux arcanes de l’espace scénique et de la communication. Les spectateurs sont au rendez-vous de ces concerts thématiques (trois ont déjà été consacré à la musique mariale, un à Jeanne d’Arc).

Concert marial à Cléry 2019 ©Pascal Foulon

Et demain ?

La question revient comme un leitmotiv chez chaque orchestre ou formation musicale, mais Gildas Harnois la formule avec l’authenticité qui le caractérise : Comment se relever dans l’après covid ? Comment le chœur va-t-il traverser l’épreuve du silence ? Comment inventer d’autres fonctionnements qui tiendront compte de cette période d’inactivité qui fait se redéfinir les pratiques musicales ?

Malgré tout, Gildas Harnois est confiant. Lui qui explore actuellement l’univers de la composition (il semblerait qu’une œuvre soit produite prochainement ?) reste inconditionnel de la synergie du concert. « La transmission de la musique se vit sur le moment lors d’un concert et rien n’y peut remplacer la relation humaine. »

Laissons à ce talentueux chef d’orchestre qui fourmille d’idées la place qui est la sienne avec l’orchestre du Chapitre et ses nombreux prolongements, au service d’une musique toujours réinventée et qui rassemble.

Anne-Cécile Chapuis

Lire aussi : #6 Les violons d’Ingres

 #5 L’inattendu

#4 Opus 45 

#3 Philantroppo

#2 L’ensemble orchestral Confluence

#1 L’orchestre symphonique du Loiret

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