Alors que se profilent les élections régionales les 13 et 20 juin prochains les élus débattent ce jeudi du budget primitif qui fait une large place à l’investissement (+77%), à la relance et à la solidarité. Alors que le président François Bonneau est candidat à sa réélection de nombreux élus y voient d’abord le début de la campagne électorale.
François Bonneau, président de la région Centre-Val de Loire ©Elodie Cerqueira
C’est une session inhabituelle voire curieuse qui se tient ce matin à l’hôtel régional à Orléans. Le président François Bonneau ne sera en effet entouré que des vice-présidents et de deux élus pour chaque groupe politique, le reste de l’assemblée -une cinquantaine d’élus- étant connecté en distanciel. Et pourtant c’est sans doute la session la plus importante de l’année puisqu’il s’agit de discuter des finances et donc des projets à engager et à financer. A l’origine le vote sur le budget primitif ne devait intervenir qu’après le renouvellement de l’assemblée régionale initialement prévu en mars prochain. Mais le scrutin ayant été repoussé aux 13 et 20 juin, il fallait voter ce budget par des élus… qui ne le seront plus dans quelques semaines.
« Une des régions les mieux gérées ! »
D’un montant de 1,7 milliard d’euros ce budget primitif accuse une hausse record de 24% alors que les investissements -si l’on ajoute à ce BP le financement de rames de trains TER et des crédits européens- s’envolent de 67% avec un abondement supérieur de 324 millions aux investissements de 2020. « Nous avons élaboré un budget exceptionnel, se réjouit François Bonneau, nous avons fait le choix de la solidarité et du rebond d’activité. Il est articulé à la crise pour répondre à la fragilisation de tous les acteurs régionaux, des entreprises, des salariés comme des jeunes ».
Blois – Municipales 2020 – Marc Gricourt, maire sortant. ©Jean-Luc Vezon
Si la région peut se permettre cette ouverture des vannes à la « quoi qu’il en coûte » c’est d’abord le fruit d’un « changement de paradigme » comme l’explique Marc Gricourt vice-président en charge des finances : « nous sommes parmi les trois régions les mieux gérées en France, nous pouvons accroître les investissements ». La région recourt désormais largement à l’emprunt (avec des taux très avantageux) avec des indicateurs de gestion dégradés et une dette qui avoisine le milliard d’euros. Si François Bonneau à nouveau candidat en juin prochain ne peut trop glorifier son bilan, Marc Gricourt n’a pas cette pudeur : « les engagements pris et tenus depuis 2015 ont largement joué un rôle d’amortisseur de la crise auprès des territoires, de l’activité économique, de l’emploi et de la solidarité envers les habitants de cette région ».
Relance verte tous azimuts
Cette résilience face à la crise sera le pivot de la prochaine campagne électorale. Les investissements sont donc déployés dans toutes les directions et tous les territoires avec une préoccupation environnementale prioritaire. Ce sera vrai pour les déplacements du quotidien avec l ’amélioration des liaisons et des équipements ferroviaires, mais aussi avec l’efficacité énergétique, avec des programmes de recherche ou encore avec le développement d’une filière d’hydrogène verte.
Un effort particulier sera fléché en direction de la jeunesse « en grande détresse matérielle et psychologique ». Des aides vont être poursuivies (cartes alimentaires), d’autres mises en œuvre (ordinateur, accompagnement psychologique, aide de 1 000 euros pour des jobs étudiants portés par des associations, renforcements des aides au service civique et surtout aux emplois associatifs via Cap’Asso). C’est en faisant feu de tout bois – ce qui est loin de satisfaire les oppositions de droites ou la grogne écologiste- que l’actuelle majorité veut clore son mandat tout en préparant le prochain.
Jean-Jacques Talpin
Paysage presque dégagé pour les 13 et 20 juin
Longtemps fluctuant le calendrier électoral est désormais fixé avec des scrutins départementaux et régionaux prévus les 13 et 20 juin. Même si la campagne électorale n’a pas encore débuté officiellement (elle sera d’ailleurs sans doute limitée ET en en grande partie relayée par voie numérique) le paysage politique se dégage progressivement. François Bonneau se présente à nouveau à la « tête d’un vaste rassemblement » qui devrait rassembler une partie de la gauche mais sans les écologistes. EELV qui s’est senti pousser des ailes depuis les européennes veut partir seul au combat derrière le panache blanc de Charles Fournier (Loir-et-Cher) qui rêve publiquement d’arriver en tête au soir du 13 juin pour l’emporter le 20 à la tête d’un regroupement de toute la gauche. Malgré tout avec François Bonneau le PS milite toujours pour une union rose-verte et peut être rouge. Le parti communiste emmené par Sylvie Dubois (Saran, Loiret) devrait faire alliance sous peine de disparaître une nouvelle fois de l’hémicycle régional.
Quelle participation ?
A droite le combat manquera un peu de sel avec le retrait surprise de Guillaume Peltier le fringuant député de Loir-et-Cher et n°2 de LR qui laisses sa place de leader à Nicolas Forissier, ancien maire de La Chatre et secrétaire d’État de Jacques Chirac. Le Rassemblement National (30% aux élections de 2015) a également fait le choix de la jeunesse et du renouvellement avec une tête de liste confiée à un quasi inconnu. Aleksandar Nikolic, 34 ans, d’Eure-et-Loir.
Reste l’inconnue de la République en Marche dont on susurre toujours que la liste pourrait être conduite par le ministre Modem Marc Fesneau avec peut être le soutien de Philippe Vigier (ex-UDI) qui s’est rapproché de la majorité présidentielle. Ces deux élus formaient le trio de la droite aux élections régionales de 2015. Mais la principale inconnue et la clef du scrutin sera la participation qui pourrait être faible, voire très faible, interdisant aujourd’hui tout pronostic.