Des riverains réunis dans un collectif et deux associations s’opposent à l’urbanisation d’un « poumon vert » à l’Est de la ville et demandent la « sanctuarisation » de ce secteur pour le mettre à l’abri des « appétits des promoteurs ».
Venelles de Saint Marc : un poumon vert encore préservé … mais jusqu’à quand ? Photo Jean-Jacques Talpin
A l’Est d’Orléans dans un carré délimité par les rues Saint-Marc, Ambert, Lavedan et par le faubourg Bourgogne subsiste un îlot de verdure presque encore préservé. Desservi par des venelles, certaines accessibles aux automobiles mais la plupart piétonnes, ce secteur est mité de petites propriétés, souvent sans grande valeur car non constructibles, refuges de retraités cultivant leurs jardins. Mais depuis quelques années le quartier se « boboïse », attirant une nouvelle population plus jeune mais déchaînant aussi les appétits de promoteurs en mal de conquêtes.
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C’est l’objet d’une mobilisation de riverains proches de la venelle de la Raffinerie, voie piétonne étroite reliant la rue Georges Goyau à la rue Saint-Marc. Le « collectif de défense de la venelle de la Raffinerie », « l’association de la venelle Bellevoie » et « l’Association pour un quartier vert et tranquille » (AQVT) viennent ainsi de se mobiliser à travers une pétition signée par 143 riverains et adressée aux élus locaux.
« Stratégie d’accaparement »
L’objet du conflit est la création d’un petit lotissement de quatre lots venelle de la Raffinerie aménagée par la SCI Goyau dirigée par un professionnel de l’immobilier résidant rue Saint Marc et donc… lui-même riverain des venelles. Cette SCI a acquis un terrain arboré de près de 4 000 m2 en cours d’aménagement après l’autorisation de lotir décerné par la ville d’Orléans en mai dernier.
Venelle de la Raffinerie. Photo Jean-Jacques Talpin
L’achat d’une propriété proche permet d’élargir la voie d’accès vers ce terrain enclavé et même d’envisager une extension avec deux autres lots sur des terrains hier clos mais désormais accessibles. L’association AQVT par la voix de son président Michel Moinet décrit le processus de « cette stratégie d’accaparement » : « création d’une SCI puis achat discret et furtif de petits lots de terrains à vil prix, agrégation de lots et maillage furtif, achat au prix fort d’une propriété jouxtant le terrain permettant au terrain de devenir constructible, ensuite massacre à la tronçonneuse pour éliminer toute végétation, phase de bétonnage et enfin vente des lots et profitabilité associée au détriment du patrimoine ».
Patrimoine historique et environnemental
Michel Moinet qui a réalisé une « étude d’appropriation progressive du secteur des venelles du quartier Saint-Marc par des promoteurs qui détruisent ce patrimoine historique de la ville » rappelle d’ailleurs que ce processus est engagé depuis plusieurs années à l’exemple de « l’horreur » du Clos de Jasnières, rue aux Ligneaux.
Terrain du lotissement. Photo Jean-Jacques Talpin
Contre ces « promoteurs qui kidnappent progressivement ce secteur », collectif et associations ont décidé de se battre pour défendre leur environnement et ce patrimoine historique, mais aussi poumon vert, havre de protection pour la faune sauvage, lieu pour flâner, etc.
Les opposants ont donc écrit à la ville qui a enjoint « au promoteur de stopper immédiatement les travaux entrepris au-delà du périmètre du lotissement accordé ». La ville rappelle que dans le cadre de son Plan Local d’Urbanisme elle a « protégé 330 cœurs d’îlot principalement situés dans le secteur des venelles ». Elle souligne donc que l’opération rue Georges Goyau « se traduit par une opération de seulement 4 lots à bâtir sur ce terrain de plus de 4 000 m2 de manière à conserver une bonne partie du boisement existant classé à parité en cœur d’îlot et en espace boisé classé ».
Entrée du futur lotissement avec maison à raser. Jean-Jacques Talpin
Mais collectif et associations veulent aller plus loin et demandent à la ville « un engagement formel à bloquer toute demande future de création de lotissement sur l’ensemble de ce secteur ».
Jardins ouvriers ou familiaux ?
Elles souhaitent aussi que la ville impose à la SCI Goyau de nouvelles contraintes : recalibrer les accès goudronnés, geler l’extension du lotissement, revitaliser la végétation. Pour l’avenir les opposants au bétonnage aimeraient qu’une association de jardins ouvriers ou de jardins familiaux acquiert les petites parcelles au fil des disponibilités pour les exploiter avec une dimension sociale et historique.
A défaut, ce poumon vert de Saint-Marc, lieu de passage piéton et cyclable vers la Loire connaitra le même destin que bien des quartiers dénaturés voire défigurés par une urbanisation galopante.
Jean Jacques Talpin
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