[Billet] On n’est pas des pigeons, par Sainte Nitouche et Saint Pansard ! Notre bonne ville de Vendôme aurait cédé ses bijoux de famille, râlent quelques amis loiréchériens. Est-ce un ragot de marché colporté par une perfide poissonnière ? Saint-Valentin oblige, voilà qui anime quelque peu le royaume.
“Prince, je t’envoie cette ode,
Trafiquant mes vers à la mode
Que le marchand baille son bien,
Troque pour troq’ : toi qui es riche,
Toi, roi des biens, ne sois point chiche
De changer ton présent au mien”.
Sacré Pierrot. En sa maison natale de la Possonière, Ronsard le bien-aimé, poète de la Renaissance, a-t-il écrit ces vers en imaginant ce qui s’est passé ce 4 février 2021, dans sa bonne ville de Vendôme ? Bien malin qui pourrait l’affirmer, certes, mais d’aucuns lettrés soulignent le fait avec amusement. Ne voilà-t-il pas que l’édile et sa majorité ont tout simplement accepté de céder le nom de Vendôme à un marchand de bijoux. Ainsi, pour tout gage de 10 000 euros, le groupe LVHM estampillera du nom de la ville une collection prestigieuse, certes, qui sera notamment vendue dans les bijouteries parisiennes…de la Place Vendôme. Voilà qui pouvait justifier quelques colonnes dans la presse, mais aussi moultes interrogations populaires, relayées par l’opposition, alertée benoîtement par le poids grandissant du même groupe dans la création d’emplois au niveau local.
Nom de nom, voilà qui interpelle, sans aucun doute. Quitte à craindre que d’autres édiles souhaitent faire de même pour leur commune, parfois de façon facétieuse. Nous ne nous amuserons pas, ici, à leur souffler quelques idées, imaginant mal, par exemple, ce qui pourrait arriver à Vatan, dans l’Indre, département qui s’honore déjà de posséder la seule commune de France nommée Saint-Valentin. Mais celle-ci, devenue depuis quelques années un haut lieu touristique de voyages amoureux, et possédant un restaurant au doux nom de “14 février“, pourrait aussi revendiquer des bijoux “Saint-Valentin”.
Las, ami Ronsard. Que ne peut-on faire avec un nom. Ainsi, en ajoutant un “i” à celui de ton manoir natal, la poésie deviendrait beaucoup moins inspirée par les muses. Mathilde Panot, élue de la République en Ile de France, en a récemment fait les frais. Cette native de Tours, élève des écoles de la métropole orléanaise jusqu’à sa majorité, connue pour son franc-parler, s’est vue traitée de “poissonnière” en plein hémicycle. Un propos reconnu sexiste et malveillant qui valut une sanction à l’auteur, plusieurs articles dans les médias, et quelques échanges peu gracieux sur les réseaux dits sociaux.
Allons, à l’image de l’illustre Rochembeau, lui aussi enfant de Vendôme, il est parfois plus facile de gagner son bâton de Maréchal sur des terres étrangères qu’en son pays. Là où les pigeons ne daignent même pas respecter votre statue, et encore moins votre nom.
Bon Mardi Gras, les cousins. N’oubliez pas de mettre votre masque, et de saluer Saint Pancras le lendemain.
Néo Triboulet
