De nombreux orchestres symphoniques émaillent le paysage orléanais et font résonner le département de musiques riches et variées… Sauf en cas de pandémie où ils sont cruellement réduits au silence. Pour autant, ils existent et leur dynamisme perdure malgré ce contretemps majeur qui n’a rien de musical !
Magcentre se propose d’aller à la rencontre de ces formations, des plus prestigieuses jusqu’aux plus modestes, des plus anciennes jusqu’aux plus récentes, et d’explorer, pour vous lecteurs, les abîmes de recherche et d’expression que prend la musique symphonique sous les archets, souffles ou baguettes des musiciens, qu’ils soient amateurs ou professionnels.
Un défi en ces périodes de confinement ? Un pari au contraire et une évidence : pendant la crise, la musique et la vie continuent ! De belles rencontres et surprises nous attendent.
Aujourd’hui : L’inattendu
Un orchestre qui porte bien son nom
Tout le concept de cet orchestre est contenu dans son titre… Il souhaite surprendre, casser les codes, explorer d’autres territoires, revisiter les contours de la musique symphonique, tout en préservant une qualité professionnelle de haut niveau. Il a fait irruption dans le paysage orléanais voici un an, mais a déjà à son actif de nombreux concerts sous une autre appellation.
L’Inattendu au Zénith ©Bertrand Deshayes
Deux origines pour une identité propre
L’inattendu a une histoire, ou plutôt une filiation, laquelle s’inscrit dans la lignée directe de la « Musique de Léonie » et de la « Fabrique opéra ». En effet, depuis six ans, le zénith d’Orléans résonne d’opéras grandioses réalisés par des acteurs locaux alliés aux grandes pointures musicales dans des productions originales et… inattendues ! L’orchestre, impliqué dans ces événements, était jusqu’à une époque récente, composé de musiciens professionnels recrutés pour la circonstance. On parlait de l’orchestre de la Fabrique ou de l’orchestre de la Musique de Léonie. Aujourd’hui, ce dernier a pris ses marques. Et il ne fait pas que prendre un nom : il développe son identité et ses particularités.
Les musiciens de l’Inattendu ©Bertrand Deshayes
Un style particulièrement original
L’inattendu joue « dans la cour des grands ». C’est un ensemble de professionnels à géométrie variable qui réunit pour chaque projet une soixantaine de musiciens, choisis dans un « vivier » qui en dénombre une centaine. Le réseau s’origine dans les enseignements de Pierre Cochereau, dans la bande de copains qui enseignent sur Orléans ou ailleurs, dans les liens que Clément Joubert aime à entretenir avec les uns et les autres.
L’univers de l’Inattendu et son chef, entre affiches, décors et costumes, à la permanence, 22 rue d’Alsace-Lorraine à Orléans. ©Anne-Cécile Chapuis
Les concerts sont l’occasion de rencontres, entre les musiciens bien sûr mais aussi avec le public. Clément Joubert aime expliquer, partager, décortiquer, donner les clés de compréhension, et désacraliser la musique symphonique. Pour ce faire, il puise dans tous les répertoires et insiste à plusieurs reprises sur la musique qui est «un moyen, un chemin» pour aller vers le public ou le territoire.
Un « grand » chef aux célèbres bretelles rouges !
Les talents de Clément Joubert sont multiples et il les cite négligemment sans en faire gloriole : chef d’orchestre bien sûr, mais aussi professeur, flûtiste, orchestrateur et… clown (sic!) !
La passion et l’inventivité sont ses deux moteurs. Il est issu d’une famille de musiciens bien connus sur Orléans, dont il entretient la tradition d’une « musique-plaisir » qui sort totalement des sentiers battus. Avec son frère Julien Joubert, compositeur, pédagogue et créateur de la Musique de Léonie, il a monté de nombreux concerts et prestations.
Pendant le premier confinement, l’Inattendu a produit cinq concerts en ligne. De belles réalisations sur de la musique très variée, orchestrée par Clément, parfois interprétée par Julien au chant avec des bonus plein d’humour et qui traduisent à la fois l’esprit de l’Inattendu, ainsi que celui de la période actuelle, avec cette musique d’ensemble si bizarre quand elle est interprétée chacun chez soi… avec conviction !
Des projets plein la tête
Les projets sont nombreux et encore quelque peu confidentiels. Nous avons pu soulever le rideau en entendant parler de musiciens-comédiens, de musiques des années soixante à nos jours incluant Claude François ou Mickael Jackson, d’opérette, de grande saga opéra… ainsi que des lieux comme Meung-sur-Loire (avec qui se noue un partenariat) ou le Campo Santo. L’Inattendu souhaite s’adresser au plus grand nombre, depuis les amateurs de classique jusqu’aux néophytes voire les béotiens, jeunes ou vieux, tous ceux qui aiment écouter, chanter, danser… tout semble permis à l’Inattendu qui n’attend qu’une chose : pouvoir partager la musique, toutes les musiques !
Les rendez-vous sont pris, les projets bouillonnent. Reste à se laisser surprendre par une musique (de qualité, de qualité !) qui sort de l’ordinaire, d’en découvrir les trouvailles et facéties, et se laisser embarquer par la bonne humeur communicative du jeune chef, qui sait allier humour et professionnalisme, le tout dans un humanisme fondamental et convaincant. Longue vie à ce jeune orchestre !
Anne-Cécile Chapuis
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