La pratique se développe de plus en plus en région Centre Val de Loire, à l’image de l’échelle nationale d’après le baromètre du mécénat d’entreprise. Près de 6,5% des entreprises de la région le pratique.
La conférence était suivie en direct sur Facebook
C’est un domaine qui, pour l’instant, ne connaît pas la crise. Le mécénat se développe de plus en plus en Centre – Val de Loire, comme dans l’ensemble de la France. La présentation des chiffres a eu lieu ce mercredi 27 janvier au Lab’O d’Orléans (Loiret) par Admical et Esprit Mécénat à travers le baromètre du mécénat d’entreprise en France 2020. « Jusque là, on était surtout présent à Paris auprès des grandes entreprises, indique en préambule Marion Baudin, responsable promotion du mécénat et développement régional chez Admical. Aujourd’hui, on a la conviction que l’avenir du mécénat se trouve dans les régions, auprès des petites entreprises et des ETI (entreprises de taille intermédiaires). »
Il existe trois types de mécénat : financier (le plus répandu), mais aussi en nature ou de compétences. Selon les résultats du baromètre présentés, la majeure partie des entreprises mécènes sont des TPE (64%) et des PME (32%), devant les ETI (4%) et les grandes entreprises (0,3%). En revanche, ces dernières sont les locomotives du budget mécénat en France, supportant 53% du budget total de mécénat en France (estimé à 3,5 milliards d’euros environ), contre 23% pour les ETI, 18% pour les PME et 5% pour les TPE.
Mécène à tout prix
Ce décalage entre les grosses et plus petites entreprises se reflète également dans le don médian. Celui-ci va de 800 à plus de 845 000 euros selon la taille de la boîte. « C’est aussi intéressant de voir la part des entreprises mécènes par la taille de l’entreprise, poursuit Marion Baudin. Ainsi, on voit que TPE il y en que 3,3% qui déclarent leurs dons en France [2,7% en 2016], beaucoup ne déclarent pas leurs dons soit car elles ne connaissent pas le fonctionnement de la déduction fiscale, soit parce que le don leur parait trop petit et qu’elles n’ont pas envie de bénéficier du levier fiscal, soit par manque de temps, etc. Chez les PME, ce sont 22,7% [contre 20% en 2016] ça commence à être significatif, les ETI : 46,7% [43,8% en 2016], la pratique est bien ancrée, et les GE : 82,6% [contre 81,4% en 2016], une pratique qui est rentrée dans les mœurs. Ce qui est positif c’est que ça progresse dans toutes les catégories par rapport au dernier baromètre. »
Plus précisément en Centre – Val de Loire, le don moyen s’élève à 8 133 euros pour une somme totale de 31,5 millions d’euros déclarés, concernant 3 870 entreprises (soit 6,5% d’entre elles). Entre 2010 et 2018, le nombre d’entreprises ayant déclaré des dons en région Centre a été multiplié par 3,3. Quant au montant des dons déclarés, il a été multiplié par 2,9. Une tendance à l’augmentation qui a des répercussions réelles au niveau local, puisque 80% des entreprises qui font du mécénat le font à l’échelle locale. Enfin, les grands secteurs soutenus par les mécènes n’ont pas bougé depuis la dernière étude : le social pour 22% du budget national du mécénat, la culture et le patrimoine ensuite avec 18% et l’éducation pour 15%.
Pas qu’envers les associations
Le mécénat concerne aussi les collectivités. Le Département du Loiret, par exemple, est particulièrement impliqué. Sylvie Herdhuin, chargée de mission mécénat du Département depuis trois ans, multiplie les actions pour attirer les mécènes auprès de entreprises ou d’associations. Une manière de recréer le lien avec les entreprises perdu en 2015 lorsque les Départements ont perdu la compétence économique en 2015. « En tant que collectivité, on pourrait trouver étrange d’aller taper aux portes des entreprises mais le département du Loiret était uniquement connu pour ses missions de bâtisseur, explique-t-elle lors d’une table ronde animée par Clémence Deback, fondatrice d’Esprit Mécénat et déléguée régionale d’Admical.. Toutes les autres missions, notamment d’aide sociale à l’enfance ou d’actions sur les bénéficiaires du RSA étaient cachées. Il faut savoir que les budgets d’un département ne sont pas extensibles. On doit être plusieurs autour de la table pour pouvoir notamment apporter un petit plus aux usagers. C’est pourquoi je tape à la porte des entreprises et ensuite cela se fait vraiment en fonction des valeurs de chaque chef d’entreprise qui nous irons sur tel ou tel domaine. »
Et cette politique de recherche de mécènes a d’ores et déjà porté ses fruits : le groupe Partnaire et la Poste se sont associés au Département du Loiret pour offrir huit permis de conduire à des jeunes de l’aide sociale à l’enfance ou encore la douzaine de vélos offerts aux enfants de la Maison de l’enfance d’Orléans. Cette recherche sera encore plus facilitée par la mise en place de We, une nouvelle plateforme sociale du mécénat développée par Esprit Mécénat.
Delphine Toujas
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