De nombreux orchestres symphoniques émaillent le paysage orléanais et font résonner le département de musiques riches et variées… Sauf en cas de pandémie où ils sont cruellement réduits au silence. Pour autant, ils existent et leur dynamisme perdure malgré ce contretemps majeur qui n’a rien de musical !
Magcentre se propose d’aller à la rencontre de ces formations, des plus prestigieuses jusqu’aux plus modestes, des plus anciennes jusqu’aux plus récentes, et d’explorer, pour vous lecteurs, les abîmes de recherche et d’expression que prend la musique symphonique sous les archets, souffles ou baguettes des musiciens, qu’ils soient amateurs ou professionnels.
Un défi en ces périodes de confinement ? Un pari au contraire et une évidence : pendant la crise, la musique et la vie continuent ! De belles rencontres et surprises nous attendent.
Aujourd’hui, l’ensemble symphonique Philantroppo
Philantroppo, c’est beaucoup plus qu’un orchestre ! C’est avant tout une démarche d’ouverture et de rencontre en musique avec des personnes frappées par le handicap.
Philantroppo en répétition à Chanteau (Loiret). ©Michel Thiblet
L’origine remonte à 2008 avec la volonté de deux musiciens, Yves Vidal et Clément Joubert , d’aller vers les publics défavorisés, et de « faciliter l’inclusion des personnes en situation de handicap pour garantir leur droit à la différence et leur place dans notre société » (Article 1 du projet associatif de Philantroppo)
Un fonctionnement en session de quatre jours
Un projet ambitieux ! Et pourtant la recette est simple, en apparence. Chaque année, Philantroppo propose une session ouverte à tout musicien intéressé, de niveau cycle 2 minimum, et quel que soit son instrument. Il s’inscrit en décembre, reçoit ensuite des partitions à préparer, et a rendez-vous en mars, pour quatre jours de répétition et trois concerts.
Aux dires des participants, la première répétition est hasardeuse, chacun se cherche dans une configuration que tout le monde découvre in situ. Puis, la magie de la musique d’ensemble s’installe, le savoir-faire du chef d’orchestre fait des prouesses et la motivation générale fait le reste. Le point d’orgue intervient lors du troisième jour, lorsque les personnes handicapées participent à la répétition. La musique de Philantroppo prend alors tout son sens.
Un engagement auprès de personnes en situation de handicap
Chaque année, une association différente est partenaire du projet. Il s’agit bien de partenariat car, bien sûr, les recettes du concert sont au profit de ladite association mais il ne s’agit pas d’une simple remise de chèque. Une répétition a lieu dans le lieu de vie des personnes qui découvrent la configuration orchestrale et ces personnes sont invitées à assister au concert final. On a même vu le chef confier la baguette à Benoît, un jeune handicapé motivé et manifestement ravi de l’expérience.
Tout ceci n’est pas sans conséquence sur le vécu des musiciens qui alors prennent conscience que la différence n’est pas synonyme de barrière et que la musique peut être un formidable vecteur de rencontre et de connaissance mutuelle.
Les chefs d’orchestre
Floriane Hanrot, chef d’orchestre de Philantroppo sur les sessions 2018 et 2019. ©DR
Plusieurs chefs se sont succédé depuis 2008. Leur rôle consiste à choisir le thème et les morceaux programmés chaque année, à réécrire certaines partitions en fonction de l’effectif annoncé ou du niveau des inscrits, à réaliser des enregistrements pour le travail individuel en amont, à monter les œuvres en temps compté et à diriger les concerts.
Lors des deux dernières sessions, c’est Floriane Hanrot qui a pris la baguette. Elle qui a une expérience pédagogique de professeur de contrebasse, de direction de l’harmonie de Mareau-aux-Prés ou d’enseignante auprès d’ensemble à cordes à Blois, apprécie cette expérience où chacun fait de son mieux, cherche à aller dans le même sens pour contribuer à gommer les frontières entre valides et handicapés.
Pour 2022, le relais sera pris par Delphine Paquin, professeur de flûte au conservatoire d’Orléans
Une association dynamique
Les deux co-présidentes, Anne Tabart et Catherine Miquel, sont pleinement engagées dans le projet. Respectivement violoncelliste et clarinettiste (basse), elles parlent de l’expérience avec passion, voire émotion.
Anne Tabart et Catherine Miquel, co-présidentes de Philantroppo ©AC Chapuis
Pour autant, elles gardent les pieds sur terre, en négociant des salles (bien souvent les municipalités mettent des salles à disposition gratuitement) en rémunérant les chefs, développant les partenariats, gérant les inscriptions, organisant les concerts.
Les ressources provenant des concerts et des inscriptions des musiciens permettent chaque année de remettre un chèque d’une moyenne de 2 000 euros à l’association partenaire.
Mais chacun s’accorde à dire que le « bénéfice » est bien supérieur à celui d’un apport financier. C’est le sentiment d’avoir contribué à un mieux-être et, au-delà, d’avoir concrètement participé avec son instrument et sa musique, à faire avancer la cause du vivre ensemble. Un beau projet, plein de sens et d’espoir !
Anne-Cécile Chapuis
Pour plus d’information : http://www.philantroppo.fr/