Ce lundi 18 janvier, partout en France, a commencé la vaccination des plus de 75 ans. Dans la commune de Fleury-les-Aubrais, la maire socialiste, Carole Canette, se sent abandonnée par les pouvoirs déconcentrés de l’État. Et les candidats à la vaccination peinent à se faire piquer.
L’accueil du centre de vaccination de Fleury les Aubrais (Loiret) ouvre ses portes le 18 janvier 2020. ©Mourad Guichard
« On nous dit que notre pays est en guerre contre le virus, nous répondons présents pour aider l’armée, nous allons de l’avant et quand on se retourne, l’armée n’est plus là. » Une métaphore guerrière pour traduire le désarroi de Carole Canette, maire socialiste de Fleury-les-Aubrais, et celui de ses services municipaux. L’édile de la ville accueillant l’un des cinq centres de vaccination du Loiret, l’avait un peu en travers de la gorge, ce lundi 18 janvier, premier jour de vaccination pour les plus de 75 ans.
Carole Canette, maire PS de Fleury les Aubrais, dans le centre de vaccination de la ville. ©Mourad Guichard
Selon elle, hormis les vaccins, par ailleurs en nombre insuffisant, l’État laisse les collectivités se débrouiller logistiquement et financièrement. « La décision de l’ouverture d’un centre à Fleury a été prise par les pouvoirs publics lundi 11 janvier et nous avons réussi l’exploit d’être prêts avant le week-end, explique la maire. La réserve communale a été mobilisée, ainsi que des personnels médicaux et paramédicaux, dont un médecin en retraite. » Manquant de personnels, c’est encore à la commune de Fleury de trouver des médecins en tapant aux portes du Conseil de l’Ordre des Médecins, des hôpitaux et cliniques alentours. « Il y a pourtant une pharmacie des armées non loin d’ici, pourquoi n’est-elle pas mobilisée ? », questionne l’élue, par ailleurs première secrétaire fédérale du parti socialiste du Loiret.
Dose de vaccin Pfizer au centre de vaccination de Fleury les Aubrais (Loiret) le 18 janvier 2020. ©Mourad Guichard
En visite sur les lieux en ce premier jour de vaccination, Thierry Demaret, secrétaire général de la préfecture, tente de répondre à ces questions légitimes : « L’État ne va pas tout organiser », assume-t-il. Quant aux moyens matériels et logistiques, c’est au maire de solliciter ses homologues des autres communes, notamment via la Métropole ».
Car à ces besoins humains, se sont ajoutés des besoins matériels également pris en charge par la commune, tels un potentiomètre, un saturomètre, des compresses, des masques… Bref, tout ce que nécessite un plateau de préparation de vaccination. « Nous avons dû mettre en place un espace qui puisse proportionnellement accueillir cinq fois la population de notre ville, soit un bassin de plus de 100 000 habitants, dont certains viennent d’Artenay, c’est à dire en dehors de la Métropole », précise Carole Canette qui indique par ailleurs que les dépenses engagées par sa ville devraient être remboursées à terme, par l’État.
En parallèle à ce bras de fer institutionnel, sur la terrasse de La Passerelle, lieu choisi pour accueillir ce centre de vaccination, les personnes âgées se pressaient avec plus ou moins de fortune. Parmi elles, Marlène et Anne-Marie, venues des communes proches d’Orléans et de Saran. « Nous n’avons pas pu nous faire vacciner parce que nous n’avons pas réussi à nous inscrire sur le site Doctolib, malgré nos nombreux essais. Pareil pour le numéro de téléphone dédié. Et nous vous assurons avoir tenté matin et soir ! »
Patiente se faisant vacciner au centre de vaccination de Fleury les Aubrais (Loiret) le 18 janvier 2020. ©Mourad Guichard
Comme elles, une centaine de personnes âgées avaient dû rebrousser chemin à la mi-journée, incertaines de pouvoir obtenir un rendez-vous à Fleury faute de doses de vaccin suffisantes et donc de créneaux de vaccination disponibles. « Des personnes qui avaient pourtant un rendez-vous à Orléans-Madeleine se sont vues orienter vers d’autres sites, dont celui de Fleury qui se trouve saturé », confirme un cadre municipal.
Du coup, certains volontaires au voyage ont tenté de prendre plusieurs rendez-vous pour être certains d’obtenir une place. Un levier qui a peut-être contribué à saturer un peu plus encore les services de réservations débordés.
À ce jour, dans le Loiret, les pouvoirs publics assurent avoir une visibilité à six semaines. Au-delà, il faudra compter avec la disponibilité de nouvelles doses de vaccins produites par les différents laboratoires internationaux.
Mourad Guichard