L’INSEE Centre – Val de Loire a publié sa dernière étude sur la conjoncture de la région, intitulée ‘’Un trimestre de reprise éphémère avant un nouveau confinement’’. Sans surprise, l’activité économique est rythmée par les mesures sanitaires prises par l’Etat.
L’entre deux confinements a été propice à la relance économique avant un nouveau coup de frein. C’est le constat tiré par l’INSEE Centre – Val de Loire qui a publié sa note de conjoncture régionale du troisième trimestre 2020, intitulée ‘’Un trimestre de reprise éphémère avant un nouveau confinement’’. L’étude s’articule autour de cinq axes : l’emploi salarié, le taux de chômage, les autorisations de construction de logements, les créations d’entreprises ainsi que l’activité touristique.
D’emblée, l’INSEE Centre – Val de Loire dresse le constat : « En Centre – Val de Loire, comme ailleurs en France, 10 mois après le début du premier confinement, la situation sanitaire demeure le principal déterminant de l’activité. Le deuxième confinement est plus graduel que le premier, mais ses effets se cumulent aux pertes d’activité déjà enregistrées. Les incertitudes persistantes sur le développement à court terme de l’épidémie continuent peser sur l’économie, malgré la perspective d’une campagne de vaccination. »
Après un recul brutal entre mars et mai 2020 suite au premier confinement, l’économie s’est redressée sur tout le territoire national et la région Centre – Val de Loire ne fait pas exception. Néanmoins, l’étude signée Caroline Chalot souligne la fragilité de cette reprise économique qui est largement conditionnée par l’évolution de l’épidémie, en témoigne le deuxième confinement qui laisse présager une nouvelle chute en fin d’année. Selon les estimations de l’INSEE, en novembre 2020, l’activité économique en Centre-Val de Loire serait en retrait d’environ 12 % par rapport au niveau du quatrième trimestre 2019.
Rebond de l’emploi salarié sauf dans l’industrie
Dans la région, l’emploi salarié repart à la hausse au troisième trimestre (+ 1,7%, la moyenne nationale hors Mayotte s’établit à + 1,6%) après deux trimestres fortement marqués par la crise sanitaire. Cette progression s’explique notamment par une croissance des effectifs dans l’intérim pour un total de 34 200 emplois. Tous les départements connaissent une hausse des emplois salariés et dans tous les secteurs, à l’exception de celui de l’industrie (de – 1,1 point à – 0,3 point) dont la situation ne cesse de se dégrader.
« La progression est principalement portée par le secteur de l’intérim (+ 26 %), poursuit le document. Les services marchands hors intérim se redressent (+ 1,5 %), grâce notamment au secteur de l’hébergement et restauration qui rebondit durant la saison estivale (+ 6,1 %), alors qu’il connaissait un repli sans précédent au dernier trimestre (- 8 %). La construction bénéficie également d’un regain, mais plus modéré (+ 0,8 %), après un trimestre de stabilité. »
Avec 26% de croissance au troisième trimestre, les effectifs dans l’emploi intérimaire poursuivent leur remontée en Centre – Val de Loire. Au niveau national hors Mayotte, la progression est mois élevée (+ 22,8%). « Cette hausse ne compense cependant pas la forte chute du premier trimestre 2020, nuance Caroline Chalot. L’évolution sur un an reste ainsi très négative, tant au niveau régional que national (respectivement – 8,6 % et – 10,3 %). »
Des disparités selon les départements.
Ainsi, la plus importante croissance de l’emploi salarié concerne le Loiret (+ 2,4%), « redynamisé par un secteur intérimaire qui continue de rattraper ses pertes (+ 28,5 %) et un important rebond dans le tertiaire non marchand (+ 2,0 %) qui lui permet de dépasser son niveau d’avant-crise ». Puis viennent le Loir-et-Cher et l’Eure-et-Loir, respectivement avec + 1,7 % et + 1,5%, malgré le recul de l’emploi industriel (- 1,1%). Une progression de + 1,5 % également pour l’Indre, qui enregistre la plus importante hausse de la région du secteur de l’intérim (+ 46%).
L’Indre-et-Loire, qui subissait le recul le moins important de la région au deuxième trimestre 2020, affiche une évolution plus contenue (+ 1,4%). Enfin, la plus faible progression concerne le Cher (+ 1,3 %), malgré une belle remontée dans l’intérim et le tertiaire marchand hors intérim (respectivement + 34,4 % et + 1,8 %).
Le taux de chômage redécolle, tout comme les créations d’entreprises
En baisse continue depuis le troisième trimestre 2019, le taux de chômage régional a connu un niveau historiquement bas au deuxième trimestre 2020 (6,8%). Cette baisse, dite en trompe-l’œil, est donc suivie d’une hausse importante (+ 1,4 point) pour atteindre 8,2%. Au niveau national, la hausse trimestrielle est plus marquée (+ 1,8 point), et le taux de chômage reste supérieur à celui de la région (9,0 %). A signaler que tous les départements sont concernés par cette hausse, allant de + 1,2 à + 1,6 point.
Autre secteur à connaître une hausse après une brutale chute suite à l’arrêt de la plupart des activités mais également la fermeture des centres de formalité des entreprises : les créations d’entreprises (+ 51,9%). Leur nombre s’élève à 6 280, soit une hausse de 2 140 unités. Ce trimestre compense ainsi le retard accumulé depuis le début de l’année 2020. Au niveau de la France entière, la progression est légèrement inférieure (+ 48,9 %). « Tous les secteurs sont concernés par cet important rebond, note Caroline Chalot. L’industrie et la construction, plus particulièrement impactées par la crise sanitaire durant le premier semestre, enregistrent respectivement + 62 % et + 46,8 %. Le secteur commerce, transports, hébergement et restauration qui a subi l’inflexion la moins forte connaît la hausse la plus importante ce trimestre : + 68,7 %. Les services progressent plus faiblement (+ 42,4 %). Sur un an, la croissance redevient nettement positive, tant au niveau de la région (+ 18 %) qu’au niveau national (+ 20 %). »
Pour finir, les défaillances d’entreprises continuent leur repli, tant au niveau régional que national (respectivement – 14 % et – 9,8 %). Sous l’effet des mesures de soutien aux entreprises en difficulté qui reportent les mises en faillites pour certaines, les conséquences de la crise sanitaire sur la santé des entreprises ne se font pas encore sentir au troisième trimestre 2020. Cette situation devrait encore se prolonger au quatrième trimestre 2020, avec le second confinement.
Delphine Toujas