Près d’Argenton-sur-Creuse, sur leur ferme des Jariges, dans l’Indre, Anne et Sylvain exploitent depuis un an, un système de méthanisation. Une étape supplémentaire et essentielle vers une autonomie totale de l’exploitation agricole tant sur un plan énergétique qu’alimentaire.
Anne et Sylvain savent ce qu’ils veulent : atteindre l’autonomie alimentaire et énergétique. Et ces paysans de l’Indre se donnent les moyens pour y parvenir. Depuis un an, un méthaniseur rythme la vie de la ferme. Son but ? Produire du gaz qui, une fois acheté par Engie, sera aussitôt acheminé vers la ville voisine d’Argenton-sur-Creuse (Indre). « Actuellement, nous continuons à nourrir nos véhicules aux énergies fossiles qui polluent et se tarissent », explique Sylvain. « Le méthaniseur, lui, s’alimente de fumier et de paille couverts de végétaux intermédiaires et de bouse de vaches. »
Sylvain, devant sa fabrique de biogaz près de sa ferme des Jariges, dans l’Indre, tend à un e autonomie alimentaire et énergétique ©Mourad Guichard
Sur un terrain situé à quelques encablures des Jariges, l’exploitation agricole principale, trônent deux dômes dans lesquels l’activité va bon train. « Il se passe, dans le plus grand bol, ce qui se passe dans le ventre d’une vache », image l’agriculteur. La masse ainsi obtenue va digérer pendant 200 jours en réaction continue. C’est-à-dire que la matière organique y est introduite au fur et à mesure.
Ensuite, une fois la matière digérée, elle est stockée avant d’être traitée pour en faire du gaz combustible. « Le gaz de ville ainsi produit part donc sur Argenton par le biais d’une tuyauterie enterrée à faible pression », précise Sylvain. Une production équivalente, en quantité d’énergie, à un million de litres de carburant par an ; ce qui pourrait, pour une très faible part, contribuer à alimenter le parc de tracteurs de la ferme.
Dans l’antre du méthaniseur des Jariges (Indre). ©Mourad Guichard
Reste le digestat, résidu du processus de méthanisation qui sera stocké et utilisé comme super engrais, l’idée étant de consolider le tout bio déjà présent sur l’ensemble de la ferme. « Notre autonomie s’accompagne également du développement du photovoltaïque et de la récupération des eaux de pluie », insiste celui qui a dû emprunter trois millions d’euros pour ce projet de méthanisation, 300 000 autres euros ayant été mis sur la table par l’Ademe via la Région Centre. Le couple espère un retour sur investissements d’ici dix ans.
La ferme d’Anne et Sylvain, qui occupe une surface de 460 hectares, exploite une grosse centaine de têtes. Chaque jour, 25 tonnes de matière organique provenant de la ferme sont charriées. Donc sans désagrément pour le voisinage, ce qui vient tordre le cou à l’idée que la méthanisation pourrait engendrer de quelconques nuisances. Parallèlement, le couple anime plusieurs activités pédagogiques en direction d’enfants autistes et propose des gîtes à la location, via le réseau Accueil Paysan.
Mourad Guichard