Face aux événements politiques qui agitent leur pays d’origine, des militants chiliens du Loiret se mobilisent pour soutenir les prisonniers politiques, leurs familles, les femmes en lutte pour leurs droits, mais aussi les nombreux salariés privés d’emploi du fait de la pandémie.
Chaque 11 septembre, à Saint Jean de la Ruelle, les Chiliens du Loiret commémorent le renversement du régime démocratique du président Allende. Ici, José Luna, président de l’Association franco-chilienne du Loiret. DR
L’importante communauté chilienne, qui habite le Loiret pour
des raisons historiques, est sur le pied de guerre. Les membres qui la composent observent les événements politiques qui agitent le Chili, voyant des centaines de militants progressistes placés en détention préventive. «
Notre campagne d’information et de récolte de dons porte notamment sur la situation des jeunes qui ont participé aux manifestations d’octobre 2019 », explique José Luna, président de l’Association Franco-chilienne du Loiret ; structure qui organise à Saint-Jean-de-la-Ruelle, chaque 11 septembre, la commémoration du renversement du régime démocratique du
président Allende par le dictateur Pinochet et ses alliés américains. «
Tout est parti d’une volonté de changer la constitution héritée de Pinochet, mais c’est l’augmentation du prix du ticket de métro qui a mis le feu aux poudres », poursuit-il. «
On peut faire un lien avec le mouvement des gilets jaunes et l’augmentation du prix du diesel », assure Oscar, un autre militant. «
Au total, nous comptabilisons à ce jour 10 000 prisonniers politiques, une trentaine de morts et plusieurs centaines de personnes éborgnées par les forces de police. »
Plusieurs millions de manifestants
Aux mobilisations d’octobre et novembre 2019 qui ont vu plusieurs millions de manifestants descendre dans les rues de Santiago-du-Chili, a succédé la marche des femmes pour la parité. Elles étaient un million, le 8 mars, à l’occasion de la Journée internationale des Droits des Femmes. « Ce pays riche vit depuis des décennies sous un modèle néo-libéral où tout repose sur le privé. L’éducation, l’électricité, la santé, tout y est privatisé », dénonce Oscar. Au Chili, le salaire minimum avoisine les 350 000 pesos, soit 400 euros mensuels.
Dans le Loiret, une autre association œuvre à la récolte des dons afin d’organiser des soupes populaires. « En plus de ces problèmes politiques et économiques, il y a la pandémie de Covid-19 qui frappe les salariés », souligne David de l’association Ocarina 45. « Les usines ferment et ils se retrouvent au chômage, sans indemnités. Certains se retrouvent à la rue ». Ocarina 45 tente également de venir en aide aux prisonniers politiques qui, pour leur grande majorité, ne savent pas pourquoi ils sont derrière les barreaux, assurent les militants loirétains. « Il y a bien une campagne pour demander le respect des Droits de l’Homme, mais à ce stade, les signatures ne servent plus à rien. La classe politique chilienne de droite veut conserver ses privilèges », regrettent-ils.
Mourad Guichard