De nombreux orchestres symphoniques émaillent le paysage orléanais et font résonner le département de musiques riches et variées… Sauf en cas de pandémie où ils sont cruellement réduits au silence. Pour autant, ils existent et leur dynamisme perdure malgré ce contretemps majeur qui n’a rien de musical !
Magcentre se propose d’aller à la rencontre de ces formations, des plus prestigieuses jusqu’aux plus modestes, des plus anciennes jusqu’aux plus récentes, et d’explorer, pour vous lecteurs, les abîmes de recherche et d’expression que prend la musique symphonique sous les archets, souffles ou baguettes des musiciens, qu’ils soient amateurs ou professionnels.
Un défi en ces périodes de confinement ? Un pari au contraire et une évidence : pendant la crise, la musique et la vie continuent ! De belles rencontres et surprises nous attendent.
Aujourd’hui, l’orchestre Symphonique du Loiret
L’OSL pour les intimes, affiche 20 ans d’existence. Drôle d’année pour fêter un anniversaire, car même s’il s’en passe des choses en 20 ans, l’épisode Covid n’était pas prévu au programme… Pour personne. Mais l’enthousiasme reste intact.
L’OSL en grand effectif lors d’un précédent concert en 2018. DR
À l’origine, dans les années deux-mille, cet orchestre s’est constitué pour offrir un espace symphonique aux professeurs des écoles de musique du Loiret. De beaux concerts ont eu lieu et l’orchestre s’est attaché à des productions « à géométrie variable » pour couvrir un large répertoire. La formation complète peut rassembler 40 à 50 musiciens (cordes, bois, cuivres, percussions). Des projets en musique de chambre comme des stages de formation pour élèves sont régulièrement organisés. De nombreuses collaborations avec des chœurs, des solistes et même des comédiens ont donné à entendre de prestigieuses réalisations.
Plusieurs chefs successifs ont pris la baguette de l’ensemble (des noms connus que l’on retrouve à la tête des plus grandes formations comme Philippe Gabez, Claude-Henry Joubert, Clément Joubert ou encore Alejandro Sandle) mais l’option actuelle de l’OSL est de « naviguer » sans chef attitré : soit l’orchestre joue sans direction soit il fait appel à des chefs invités comme Guy-Claude Charcellay ou Simon Proust.
Et aujourd’hui, le Loiret ouvre ses frontières à de nombreux musiciens venus de Blois, Sens, Limoges, Méréville… qui prennent place parmi les musiciens locaux.
Des projets qui ratissent large
La présidente, Emmanuelle Huet, a à cœur de développer l’aura de l’OSL et, s’appuyant sur un réseau important de partenaires, de « donner la possibilité à des musiciens de s’exprimer », de « porter les jeunes » quels qu’ils soient, et surtout s’ils sont en difficulté sociales. C’est ainsi qu’un projet « PROMS » a vu le jour en direction de jeunes relevant des services de Protection Judiciaire. Sur 5 à 6 mois, environ 40 jeunes ont été accompagnés par Sylvain Adeline, Jean-Claude Giffaut et le groupe Syrano pour créer textes et musiques façon slam : découverte d’instruments, hip-hop, chorale urbaine étaient au programme de ce projet mobilisateur soutenu par la DRAC, la Région Centre Val de Loire et de nombreux parrains de tous bords (élus, artistes, banques, sponsors…).
Quelques productions récentes de l’OSL ©AC Chapuis
Une répétition cordes en direct
Ce dimanche 20 décembre, une surprise se prépare. Douze musiciens à cordes répètent dans la grande salle du conservatoire de St Jean de la Ruelle.
La joie de se retrouver pour de la musique d’ensemble est manifeste et le programme est de circonstance. On y entend le Concerto pour la nuit de Noël de Corelli, de toute beauté, où le violon solo tisse une guirlande de sonorités pures et joyeuses auxquelles l’ensemble des cordes donne la réplique. Puis c’est le Choral du veilleur de JS Bach, dans un arrangement pour cordes seules de Peter Lang ou encore une Danse ukrainienne de Leontovytch, morceau intéressant où des grands tutti évoquent des sonneries de cloches avant de laisser une mélodie rythmée passer de pupitre en pupitre.
Répétition cordes de l’OSL le dimanche 22 décembre ©AC Chapuis
Les musiciens sont là en, ce dimanche matin, actifs, attentifs, coopératifs. Sous l’impulsion du premier violon Valérie Ingert, la musique prend forme.
Un moment de pause permet à chacun de ré-affirmer la joie de pouvoir jouer ensemble et salue l’initiative de l’OSL, cet orchestre qui, après s’être un peu cherché, trouve aujourd’hui une identité (le mot est évoqué à plusieurs reprises par la présidente) basée sur la diversité, l’ambiance conviviale et où l’ouverture semble la carte maîtresse.
Séance de travail et d’enregistrement le 22 décembre 2020 ©AC Chapuis
Et, comme le souligne une altiste, c’est un projet qui « donne une belle vision de la fin de cette année 2020 », par ailleurs si douloureuse et incertaine. Un joli message de « joyeux Noël » envoyé à tous qui sera diffusé sur facebook (Loiret.fr) les 24 et 31 décembre.
Un rendez-vous de musique et d’espérance à ne pas manquer.
Anne-Cécile Chapuis