Il était un fidèle du public orléanais et du Loiret. Claude Brasseur, ce géant d’une fougueuse générosité, homme de cinéma et de théâtre brûlant de sensibilité et de sincérité, s’est éteint ce mardi à l’âge de quatre-vingt-quatre ans. A l’occasion de la vingt-huitième saison du CADO d’Orléans, c’est en 2015 que Claude Brasseur interpréta “La Colère du Tigre”, pièce de Philippe Madral dans une mise en scène de Christophe Lidon, actuel directeur du CADO depuis 2015.
cl CADO
Estelle Boutheloup, collaboratrice de Magcentre rencontra Claude Brasseur dans les coulisses de la soirée de présentation de saison au Théâtre d’Orléans ouverte à quelque mille spectateurs. Claude Brasseur, au franc-parler, passionné déclara, à son adresse : « Clémenceau a été l’un des tout premiers à se rendre compte de l’importance de l’impressionnisme. En tant que membre du gouvernement, il va faire réaménager l’Orangerie pour que Monet expose ses toiles. Alors qu’il a fait dépenser des fortunes dans cette restauration, Monet va refuser de livrer ses Nymphéas. Clémenceau va alors se retrouver dans une merde noire et le prendre comme un affront personnel ».
En 2017, Claude Brasseur reviendra à Orléans afin de donner pour le Cercle du Cado, toujours dans une mise en scène de Christophe Lidon “L’Indigent philosophe”, texte de Marivaux.
Aujourd’hui, le nom de ce compagnon de route qui avait fêté les dix ans du CADO en 1998, vient ainsi s’ajouter à ceux de grands artistes disparus qui ont ému le vaste public du Centre national de création Orléans Loiret créé par Loïc Volard et Jean-Claude Houdinière. Citons entre autres François Perrier, Michel Piccoli, Jean-Louis Trintignant et bien entendu Claude Rich avec qui il donna en 1991 ce merveilleux “Souper” minimaliste de Jean-Claude Brisville mis en scène par Jean-Pierre Miquel. Suivront le somptueux “A tort ou à raison” de Ronald Harwood, mis en scène par Marcel Bluwal en 2001, “Conversation avec mon père” de Herb Gardner toujours mis en scène par Marcel Bluwal en 2002, puis “Mon père avait raison” de Sacha Guitry, dans une mise en scène de Bernard Murat en 2007.
A présent, bon nombre de spectateurs se souviennent de Claude Brasseur qui venait jouer, accessible, au Théâtre d’Orléans dans une ville qu’il aimait comme une loge. On se souvient aussi que l’autre titre de “L’Indigent philosophe” était “La philosophie de la joie”. Alors on se souvient de ce sourire mordant, de cette vie telle une flamme haute et contagieuse. Du crépitement d’un grain de voix. Nul doute que Claude Brasseur continue d’arpenter, avec tellement d’attention envers Michel Bouquet, comme un songe, le plateau de ce théâtre d’Orléans où bruissent encore les applaudissements reconnaissants pour un renversant “A tort ou à raison”.
Jean-Dominique Burtin.
Le CADO