Passionnant. Dans la préface du personnel ouvrage d’art “Louis- Joseph Soulas, Sa vie son temps”, Christiane Noireau, écrivaine, salue la précieuse initiative des descendantes du peintre graveur qui ont entrepris d’éditer les documents que Robert Sire avait rédigé pour la biographie de son maître né à Orléans et Beauceron de souche (1905-1954).
Une fresque d’une inimitable efficacité
Et Christiane Noireau, spécialiste de l’œuvre de Soulas, de souligner
“la fresque d’une inimitable efficacité” de Robert Sire, celle du chirurgien-dentiste orléanais né en 1925 à Lusignan, médecin qui se double d’un dessinateur hors pair, premier Prix des Beaux- Arts d’Orléans, caricaturiste qui émerveille, dessinateur qui a créé tout autant pour
La République du Centre que pour bon nombre de publications.
Chaque fois, il y campera avec finesse et précision nombre de personnalités politiques, artistiques et sportives de son temps. Tout récemment, son évocation de
Maurice Genevoix fut mise à l’honneur par les
Archives municipales et communautaires d’Orléans.
“L’humour sans méchanceté ni agressivité” est la devise de cet homme souriant, discret, d’une radieuse humilité, membre des Amis des Musées d’Orléans, artiste dont chacun reconnaît que d’un trait,
“il fixe une expression dans sa vérité immédiate”.
Louis-Joseph Soulas, un artiste remarquable
Robert Sire : “Louis-Joseph Soulas reste l’une des personnalités les plus attachantes qui ont illustré la vie culturelle d’Orléans et de sa région au siècle dernier. Un grand artiste sans doute le meilleur de sa génération pour le burin écrivait Roger Secrétain”. Et Robert Sire, l’élève de ce maître dont il dresse scrupuleusement, affectueusement, respectueusement “le calendrier de son existence” d’ajouter : “Il avait une vision de la déformation des choses qui permettait de révéler la réalité qui n’était pas immédiatement visible. C’était un homme d’une grande sensibilité. Les dessins de ses camarades prisonniers étaient extraordinaires. Louis Joseph Soulas était un homme remarquable, je lui dois beaucoup et il occupe une très belle partie de ma jeunesse”.
Un parfait “calendrier d’existence”
S’ouvrant en couverture sur une fraîche vue marine, à savoir “Doris sur la plage de Cotainville “, une gouache de 1949, cet ouvrage révèle ainsi combien le chantre de la Beauce, tant au bois qu’au burin, était un artiste à la main enchanteresse. De fait, au fil de cent-cinquante-six pages qui nous prennent par le regard, tant par l’écrit que par l’iconographie, voici que s’égrènent dans un passionnant fondu enchaîné les premières commandes (1905-1925), les techniques et l’élan d’après-guerre (1925-1927), le début de la notoriété et des œuvres illustrées (1928-1934), la consécration artistique à l’été 1939. Suivent aussi les évocations de l’incorporation, de la reprise des cours aux beaux-arts d’Orléans, de l’occupation d’Orléans et de la libération, de son installation dans la maison orléanaise (1945-1950), de sa Légion d’honneur (1949), de sa brutale disparition (1954).
Une œuvre d’une puissante pureté
De pages en pages on ne peut qu’être touché par la puissance et la précision de l’œuvre de Louis- Joseph Soulas, ce que révèlent, entre autres, ce tumulte d’arbres sur une rivière dans un bois deux tons de 1920, ou la reproduction du bandeau gravé du Cinéclub Orléanais de 1945 dont il fut le président.
Louis-Joseph Soulas et les Artistes Orléanais Un président d’une grande éloquence
Louis Joseph Soulas
C’est en 1924 que Louis-Joseph Soulas, jeune artiste montant, sorti deux ans auparavant de l’école Estienne ou il avait appris le métier de graveur sur bois, qu’il exposera dans les tous premiers salons des AO (Salle des Jacobins).
En 1943, il accepte la présidence des Artistes Orléanais.
Ceux qui l’ont connu, se souviennent encore des expositions des AO de cette époque.
Mais plus que de l’exposition elle-même, ils se souviennent surtout des discours du président à l’occasion du banquet annuel qui se déroulaient dans les salons de la Villa Sébastopol. Discours très attendu, chaque fois modèle du genre, où Soulas donnait libre court à son imagination débordante.
Louis-Joseph Soulas conservera la présidence de la Société des Artistes Orléanais jusqu’à sa mort en 1954. A chaque fois qu’ils le peuvent, les AO rendent hommage à leur ancien président, saluant “l’humaniste et le grand artiste qu’il était”.
Benoit Gayet, président des Artistes Orléanais : “Merci à Robert Sire pour sa biographie consacrée à Soulas, mais merci aussi à l’homme de l’art, qu’il est, illustrateur et caricaturiste de talent qui a su croquer avec talent un grand nombre de personnalités de son temps, orléanaise ou non comme Louis-Joseph Soulas ou Maurice Genevoix.“
A voir, encore, la belle entrée du village de Saint-Péravy-la-Colombe, la clarté des champs de Beauce au temps des moissons, les moulins, ou une vue enchanteresse et festive d’un comice agricole au pied de la cathédrale d’Orléans. A voir aussi ces portraits de musiciens, compositeurs au monde intérieur tourmenté.
Avec attention, Robert Sire a tenu à citer les nombreux hommages de personnalité de l’impressionnant
“cénacle” culturel d’Orléans de l’époque : Roger Secrétain, René Berthelot,
Jean Zay, Maurice Genevoix, Antoine Mariotte entre autres. Figurent aussi des lignes plus récentes telles que celles de Julien Ertweld pour Les Nouvelles d’Orléans, en 1991.
Dans cet ouvrage conçu en mémoire de Louis-Joseph Soulas, tous rendent hommage à cet artiste délicat et intense, révélateur d’espaces éloquents de lumière, un créateur qui écrivait, si poétiquement : “Il faut conduire le burin comme une mariée à la messe, c’est un geste de tendresse et de sensibilité qui passe par le cœur”.
Jean-Dominique Burtin
“Louis-Joseph Soulas, Sa vie son temps, Peintre et graveur”
par Robert Sire.
AGMT Editions. 156 pages. Prix : 29, 90 €