C’est le plus vaste territoire jamais inscrit en France ! Depuis 20 ans, le Val de Loire a rejoint la liste prestigieuse du Patrimoine mondial. C’est sous l’égide de l’Unesco, au cours de la 24ème session du Comité du Patrimoine mondial, tenue à Cairns en Australie, du 27 novembre au 2 décembre 2000, qu’une partie de la Loire, entre Sully-sur-Loire et Chalonnes-sur-Loire, a obtenu cette distinction. Comment l’Unesco a-t-elle réussi pour que des sites soient ainsi reconnus dans un patrimoine mondial ?
Le château d’Amboise ©Jean-Luc Vezon
Construire la paix
L’Organisation des Nations Unies pour l’Education, la Science et la Culture (en anglais : United Nations Educational, Scientific and Cultural Organization) ou Unesco, est une institution internationale issue de l’Organisation des Nations Unies (ONU). Elle fut créée en novembre 1945 à la suite des terribles dommages de la Seconde Guerre Mondiale. Après les graves destructions soldatesques, les patrimoines culturels et naturels étaient menacés par la reconstruction, l’urbanisation galopante, les catastrophes naturelles et le début du tourisme de masse. Le constat international de la fragilité de la paix, de certains biens et lieux donna naissance à l’Unesco. Afin de tenter de bannir, dans la conscience humaine, la guerre et ses dévastations, elle choisit pour devise : « Construire la paix dans l’esprit des hommes et des femmes. »
La solidarité internationale pour les biens culturels
La notion de Patrimoine mondial ne fut pas facile à imposer au sein de l’Unesco. Nul ne peut imaginer aujourd’hui la détermination sans faille et les efforts de diplomatie déployés par les promoteurs de cette idée, Michel Batisse et Gérard Bolla pour la faire accepter avant d’en faire admettre les mesures de protections qui en découlaient. Après les oppositions puis les conflits de pouvoirs, ce concept de Patrimoine mondial fut enfin approuvé le 16 novembre 1972 lors de la Conférence générale de l’Unesco. L’objectif d’établir une solidarité internationale à l’égard des biens culturels et naturels les plus précieux pour l’humanité était enfin atteint.
Avoir une valeur universelle exceptionnelle
La convention du Patrimoine mondial de l’Humanité est basée sur un triptyque fondamental :
- Poser le principe qu’il existe des biens qui présentent un « intérêt exceptionnel » et une « valeur universelle ». Appartenant ainsi au patrimoine commun planétaire, toute la communauté internationale doit participer à leur protection.
- Définir une liste évolutive des monuments, des sites ou des territoires qui répondent à des critères prédéfinis.
- Associer à ces biens matériels immobiliers(monuments, ensembles architecturaux, sites historiques et archéologiques), des « biens culturels » et des « biens naturels ».
Lesquels plus tard, seront réunis sous le seul terme de « Patrimoine culturel mondial ».
Pour figurer sur la liste du Patrimoine mondial, les sites doivent obéir aux critères d’orientation définis par le Comité du Patrimoine mondial, composé de représentants de 21 États ayant signés la Convention. Ce Comité se réunit une fois par an afin d’examiner les candidatures qui doivent avoir une valeur universelle exceptionnelle et satisfaire à au moins un des dix critères de sélection.
Le château de Chambord (41), un après-midi d’été 2020… ©Elodie Cerqueira
Le Val de Loire, plus vaste territoire jamais inscrit en France
Le 30 novembre 2000, le Comité du Patrimoine mondial de l’Unesco a inscrit le Val de Loire sur sa liste au titre des paysages culturels vivants et sur la base des critères (I), (II) et (IV). C’est le territoire le plus vaste jamais inscrit en France par l’Unesco. Il s’étend sur 280 km et couvre une superficie d’environ 800 km2. Il concerne deux régions (Pays de la Loire et Centre-Val-de-Loire), quatre départements (Loiret, Loir-et-Cher, Indre-et-Loire et Maine-et-Loire) et 164 communes. La zone impliquée ne se situe pas uniquement le long du fleuve. Ainsi sont également inclus la rivière du Loiret depuis sa source, le château et le domaine de Chambord, le site de la Pagode de Chanteloup, la confluence et le cours de l’Indre jusqu’à Azay-le-Rideau, la confluence de la Vienne avec le pays de Rabelais jusqu’à Chinon et le site de l’abbaye de Fontevrault.
Dans cette classification il a été reconnu que :
- Le Val de Loire est remarquable pour la qualité de son patrimoine architectural, avec ses villes historiques telles que Blois, Chinon, Orléans, Saumur et Tours, mais plus particulièrement pour ses châteaux de renommée mondiale, comme celui de Chambord.
- Le Val de Loire est un paysage culturel exceptionnel le long d’un grand fleuve. Il porte témoignage sur un échange d’influences de valeurs humaines et sur le développement harmonieux d’interactions entre les hommes et leur environnement sur deux mille ans d’histoire.
- Le paysage du Val de Loire, et plus particulièrement ses nombreux monuments culturels, illustre à un degré exceptionnel les idéaux de la Renaissance et du siècle des Lumières sur la pensée et la création de l’Europe occidentale.
La France bénéficie aujourd’hui de 45 sites sur cette liste du Patrimoine mondial qu’elle doit valoriser et protéger. Trente-sept demandes sont en attente d’inscription. L’instruction des dossiers peut prendre plusieurs années d’autant que les enjeux climatiques, la biodiversité et le développement durable sont désormais inclus dans l’orientation des choix de l’Unesco.
Jean-Paul Briand