[Chronique]
Yves Rousset, préfet de Loir-et-Cher, quittera ses fonctions le 27 décembre prochain au terme d’un parcours professionnel remarquable. Tour à tour éducateur au ministère de la justice, syndicaliste CFDT et préfet (Bouches-du-Rhône, Haute-Loire et Loir-et-Cher), Yves Rousset, pur produit de la méritocratie républicaine, illustre le meilleur de la haute fonction publique.
Pour son départ, Yves Rousset a réuni la presse locale (dont MAGCENTRE.FR) avec qui il a pris plaisir à travailler depuis son arrivée. ©Jean-Luc Vezon
Souvent, les préfets passent et l’histoire continue. Yves Rousset est presque passé mais ceux qui l’ont côtoyé garderont un souvenir vivace de ce grand serviteur de l’État toujours affable et à l’écoute de ses interlocuteurs. Marqué par le saccage fou de sa préfecture du Puy-en-Velay, le 2 décembre 2018, lors de l’acte III des Gilets Jaunes, Yves Rousset y fit preuve de sang-froid et de courage ce qui lui valut de finir sa carrière en Loir-et-Cher à la demande expresse de Jacqueline Gourault ministre de la Cohésion des territoires et des Relations avec les collectivités territoriales.
Depuis le 3 mai 2019, date de son arrivée dans cette terre centriste, l’homme concède avoir pris « du bonheur à travailler avec des élus qui font passer l’intérêt général avant leurs désaccords, un bien précieux qui fait avancer le territoire ». Un Loir-et-Cher fort prisé du Président de la République et des ministres avec pas moins 58 visites officielles en 2019 ce qui place le département au 6e rang national.
Main de fer dans un gant de velours
Réputé pour son franc-parler, Yves Rousset ne transige jamais avec le respect de l’ordre et de la sécurité, ce bien-commun trop souvent piétiné. Rapport d’activité établi, Yves Rousset s’en va donc avec le sentiment du devoir accompli. Pendant les crises de la COVID-19, il aura tenu avec vigueur le gouvernail de l’État : présent sur le terrain pour faire appliquer les directives, consultant élus locaux, ou animant avec fermeté et bienveillance les réunions bi-journalières du Comité opérationnel. Soucieux du collectif, il rendra hommage au professionnalisme des services et agents de l’État qu’il a dirigé avec fierté.
Yves Rousset le 18 mars 2020 lors du 1er contrôle des attestations de déplacement Covid-19 à la Patte d’Oie à Blois. ©Jean-Luc Vezon
L’organisation des obsèques de Valéry Giscard d’Estaing le 5 décembre à Authon et la préparation de la campagne de vaccination Covid-19 seront les derniers dossiers importants pris à bras le corps par Yves Rousset avec la poursuite de la réforme structurelle de l’État.
Entré à l’ENA (promotion “Cyrano de Bergerac”) à 42 ans, Yves Rousset va désormais consacrer sa vie à d’autres desseins. Des fondations, des associations l’attendent pour contribuer à développer l’éducation dans les quartiers les plus populaires ou pour organiser l’action de bénévoles au bénéfice des plus démunis. Cet humaniste invétéré va aussi œuvrer à faire vivre l’indispensable devoir de mémoire au sein de l’association de la 2e Division Blindée dans laquelle son père combattit au côté du Général Leclerc.
La Maurienne havre d’une retraite méritée pour Yves Rousset après une longue carrière professionnelle. ©Jean-Luc Vezon
Ce passionné d’histoire va aussi s’atteler à l’écriture d’un livre. Depuis les alpages de Montaimont, au cœur de la belle montagne de Maurienne où il va poser ses valises préfectorales, nul doute qu’il trouve l’inspiration pour nous faire partager sa confiance dans l’action publique. Dans notre société individualiste et mercantile, celle-ci est plus que jamais indispensable pour la cohésion républicaine. Au long de sa brillante carrière, Yves Rousset, aura contribué à réhabiliter ces valeurs.
Le 94e préfet de Loir-et-Cher depuis l’an VIII devrait être désigné lors d’un prochain conseil des ministres pour prendre ses fonctions rapidement.
Jean-Luc Vezon