Vers un rebond du PIB de 5 % en 2021

Quel est l’impact économique de la crise sanitaire et surtout quelles seront perspectives de croissance pour 2021 ? Un webinaire co-organisé par la Banque de France, l’INSEE et la Direccte CVL, le 17 décembre, a permis d’entrevoir les possibles évolutions  macroéconomiques.

Faiblesse persistante de l’inflation, conditions d’emprunt très avantageuses (taux négatifs pour les banques), hausse de l’épargne des français (21 % du revenu disponible, soit + 6 points en 2020) mais aussi recul du commerce mondial et forte chute du PIB : la pandémie impacte lourdement notre système économique.

« L’économie française a chuté plus fortement que l’Allemagne mais rebondit plus fort. C’est inédit, notre PIB va chuter de 9 % cette année. Mais, le retour à la normale ne signifie pas que les entreprises vont retrouver le chiffre d’affaires non réalisé » a d’abord expliqué, chiffres à l’appui, Cédric Reversat, adjoint au directeur régional de la Banque de France.   

Après cette plongée, le PIB devrait remonter progressivement de l’ordre de 5 % en 2021 et 2022 selon les prévisions de la BDF. Accélérateur de changements, la crise a en tout cas révélé l’interdépendance des économies et fait émerger le commerce en ligne qui a représenté un tiers des ventes durant le second confinement. Point positif, elle démontre aussi la résilience des entreprises et des consommateurs. Grâce à ces derniers, l’économie touristique par exemple ne s’est pas effondrée avec une hausse des dépenses des résidents de 9 % en juillet-août.    

La région CVL s’en sort un peu mieux 

Pierre Garcia directeur régional de la Direccte Centre-Val de Loire a présenté la situation dans notre région. En novembre, selon les secteurs, l’activité se situe à 30 % de la normale pour l’hôtellerie-restauration), 88 % pour les services marchands, 90 % pour l’industrie et est proche de 100 % pour le BTP. L’activité partielle concerne toujours 71 887 salariés (283 327 en avril).

Côté emploi, ça repart en particulier dans l’intérim où on comptabilisait 33 600 intérimaires en octobre (21 600 en mars). Après une baisse « en trompe l’œil » due au mode de calcul imposé par le Bureau international du travail, le taux de chômage se situait à 6,8 % au deuxième trimestre. Attendu, le chiffre du 3e trimestre pourrait marquer une forte hausse à l’image du national (+ 1,9 point à 9 %). Globalement en région CVL, 126 690 personnes étaient sans emploi fin juin soit une hausse de + 1,7 % sur un an (+ 9,5 % en France).    

Incertitudes pour 2021

« La vague est passée, elle est plus petite que celle à venir. Grâce à des mesures exceptionnelles (PGE et dispositif d’activité partielle mais aussi la formation avec le FNE qui bénéficie à 7 800 salariés), nous avons pu contenir les licenciements économiques », a déclaré Vincent Bernard directeur des études de l’INSEE en précisant que leur volume global s’élevait à 3 500 avec une part importante dans l’aéronautique (1).

En place depuis l’été et jusqu’au 31 juin 2022, le dispositif d’APLD (2), mis en œuvre dans le cadre d’accords collectifs, devrait permettre d’amortir les conséquences de la pandémie. A ce jour, 231 établissements, essentiellement des petites entreprises de moins de 50 salariés, en ont fait la demande au bénéfice potentiel de 9 300 salariés. L’industrie est le principal secteur à recourir à l’APLD avec le commerce et l’hôtellerie-restauration.

Demeure l’inconnu du Mur de la dette quand les entreprises devront rembourser le PGE et les prêts bancaires qui ont été ajournés. « Le premier palier devrait se situer mi 2021 mais il est clair qu’il y aura des défaillances d’entreprises », avertit Emmanuel Lemaux, commissaire aux restructurations et à la prévention des difficultés des entreprises.

Conséquence des aides massives, les liquidations judiciaires ont été anormalement basses en 2020 de l’ordre de – 40 à 45 %. « Il y aura nécessairement un rattrapage car des entreprises qui n’étaient pas en bonne santé ont pu bénéficier de trésorerie », poursuit E. Lemaux. La capacité des entreprises à retrouver du cash sera donc un point clef. Et le commissaire de conclure : « En cas de difficulté, pour anticiper une dégradation, il reste possible de solliciter un mandat amiable auprès du tribunal de commerce. »

Jean-Luc Vezon

(1) Au 14/12, on dénombrait 71 PSE et 10 procédures de ruptures conventionnelles collectives touchant à + de 80 % l’industrie.

(2) Activité partielle de longue durée.

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