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Nouveau passe-droit pour les amoureux de la gâchette. Un communiqué de la préfecture du Cher daté du 4 décembre pointe les difficultés de cinq éleveurs de faisans du département qui « n’ont pas pu écouler leur production (sic) de 30 000 faisans et 10 000 perdrix ».
La raison est simple: la chasse de ce petit gibier était interdite depuis le 30 octobre à cause du confinement. Une annonce qui donne, une fois de plus, des droits supplémentaires aux chasseurs en leur permettant de tirer des faisans et des perdrix jusqu’au 31 janvier 2021. Le gros gibier reste lui dans le viseur puisque les chasseurs peuvent déjà par dérogation tuer les sangliers depuis le 9 novembre. Pas pour le plaisir, ni le loisir, ni le sport, non pour “réguler” leur population avec rappelons-le l’objectif d’en abattre 15.000 (sic) d’ici la fin de l’année pour notre seule région.
Les chasseurs peuvent à nouveau sortir leurs fusils. ©ASPAS
Le mot “réguler” prêtait déjà à sourire quand on sait que les chasseurs sont en partie responsables de la prolifération des cochangliers avec notamment la pratique de l’agrainage qui consiste à les nourrir en forêt pour les empêcher de s’en prendre aux cultures de maïs, avec le succès que l’on sait !
Mais là les masques tombent, ce qui n’est guère prudent en cette période, puisque l’arrêté préfectoral l’indique noir sur blanc : ce sont bien des faisans et des perdrix d‘élevage qui vont être lâchés en forêt quelques jours voire quelques heures avant le passage des chasseurs pour que les éleveurs puissent faire leur beurre. Des volatiles élevés pour être ensuite tirés sans leur laisser aucune chance puisque nourris par la main de l’homme, ils ne s’en méfient pas.
La chasse de loisir est une activité “essentielle” pour ceux qui la pratiquent en forêt mais elle l’est beaucoup moins pour ceux plus nombreux qui s’y promènent. Cette “activité” a été rétablie le 28 novembre à moins de 20 km du domicile et pendant une durée journalière maximale de 3 heures. Au moins sur ce point, la loi a été la même pour tout le monde !
Enfin, comme l’exige la loi, le communiqué précise « qu’une consultation du public est organisée du 4 au 24 décembre inclus sur ce projet ayant une influence sur l’environnement ». Nous voilà rassurés.
Sophie Deschamps