Au cœur de la manifestation orléanaise de ce samedi 12 décembre, plusieurs intermittents du spectacle étaient venus alerter les pouvoirs publics sur leur situation et demander la réouverture des lieux de spectacles. Certaines structures, comme la Scène Nationale d’Orléans, poursuivent leurs travaux, sans public, mais pour être prêts le jour encore incertain de la réouverture.
Environ 600 personnes ont de nouveau manifesté, samedi 12 décembre, dans les rues d’Orléans pour protester contre la loi « sécurité globale » incluant, notamment, l’interdiction de diffuser les images de violences policières. Dans le cortège, qui voyait fleurir les banderoles de nombreuses organisations politiques et syndicales (Solidaires, PCF, UCL, NPA, LO France Insoumise, CGT, Sud Commerce, FSU…), se trouvaient, en nombre, des intermittents du spectacle placés derrière le camion-sono de Sud Culture Loiret.
Alerter les pouvoirs publics
Une manière d’alerter les pouvoirs publics sur la situation faite aux lieux de spectacles en cette période de crise sanitaire. « Pourquoi les lieux de culte et les centres commerciaux restent-ils ouverts, tandis que les cinémas et les théâtres, qui ont fait des efforts d’adaptation incroyables, restent-ils clos ? », questionne Stéphane Liger, secrétaire du syndicat. « Il faut d’ailleurs noter que Roselyne Bachelot, ministre de la Culture, n’était pas présente durant les annonces du premier ministre. Une manière de dire le peu de considération que semble avoir ce gouvernement pour la culture et ses acteurs », poursuit-il. Selon lui, l’ambiance chez ces professionnels du spectacle est « morose », certains d’entre eux n’ayant travaillé que cinq jours depuis le mois de mars, date du premier confinement.
Face à cette situation, des recours pourraient être déposés, seul moyen de contraindre l’exécutif à prononcer la réouverture des théâtres et cinémas. En attendant cette éventualité (la date de réouverture des lieux de spectacles est officiellement programmée au 7 janvier), de nombreuses structures continuent leur activité. Sans public, naturellement. Mais dans le souci d’être prêts le jour où la vie culturelle repartira.
Travailler sans public
C’est le cas de la Scène Nationale d’Orléans. « Nous n’avons rien annulé et demandé aux intervenants s’ils voulaient venir travailler sans public, notamment pour présenter leur travail à des professionnels », détaille François-Xavier Hauville, son directeur. « Ce qui nous anime, c’est de tout faire pour préparer la reprise. Si les spectacles ne sont pas répétés, ils ne pourront être joués une fois sortis du marasme ». Côté finances, la structure cherche à trouver des solutions « plutôt que de profiter des aumônes », assure encore le directeur. « Nous sommes naturellement aidés par l’État au travers de l’activité partielle, mais le maître mot c’est de poursuivre l’activité ». La semaine prochaine, une chorégraphe va d’ailleurs investir les plateaux pour un nouveau spectacle à venir.
Pour le 7 janvier ou les jours suivants ? «On pourra peut être vous dire mardi ce qui va se passer, mais pour l’heure, on ne sait pas du tout où on va », regrette François-Xavier Hauville. Si les places payées pour les spectacles reportés peuvent être remboursées, les spectateurs ont aussi la possibilité de renoncer à ce remboursement. Les sommes ainsi récoltées iront intégralement aux artistes et aux créations, assure la Scène Nationale qui laisse chacun libre de son choix.
Mourad Guichard