Régionalisation oblige, la CMA 41 cèdera la place au 1er janvier prochain à une chambre des métiers et de l’artisanat régionale. Elle a tenu la dernière assemblée générale le 8 décembre dernier dans un climat de grande incertitude.
83 ans après sa création, dernière assemblée générale pour la CMA 41. ©Jean-Luc Vezon
Il s’agit sans doute de la fin d’une époque pour certains, d’un temps béni pour d’autres. Celui où l’action locale était décidée en proximité, au plus près par les artisans ressortissants de la CMA 41, une vieille dame qui a vu le jour en 1937. Mais l’État et sa loi Pacte en ont décidé autrement dans un souci de rationalisation… et d’économies.
« Face à une réforme imposée, il y a deux choix : subir ou être proactif. Désormais, déchargé des charges du quotidien, vous pourrez désormais vous concentrer sur vos accompagnements, vos solidarités, ce qui fait le sel de votre métier. Pour cela, il existe plusieurs leviers : Plan de relance, Contrat de Plan Etat-Région et, bien sûr, l’investissement public », affirme le préfet Yves Rousset. L’avenir jugera mais pas sûr que ses propos rassurent une organisation et ses élus, à l’image de Richard Stobiena seul d’entre eux à être intervenu lors de l’assemblée générale du 8 décembre 2020, qui avait des airs de veillée funèbre.
Yves Buret, président de la CMA 41, Yves Tomasi, secrétaire général et Richard Stobienia élu. ©Jean-Luc Vezon
Au préalable Stéphane Buret, qui restera donc le dernier président de la CMA 41, introduit le rendez-vous annuel en stigmatisant « la maltraitance des entreprises de proximité », acteurs non essentiels d’une économie française à la dérive. Taxis, traiteurs, restaurateurs, artisans d’art… ils sont nombreux à voir leur chiffre d’affaires dégringoler à une période de l’année où ils en réalisent entre 40 et 60 %. Avec ses pairs, Stéphane Buret a donc multiplié démarches et rencontres (Stéphane Baudu député) pour alerter y compris sur la détresse psychologique.
« Il faut inventer de nouvelles formes de commercialisation » dixit le président. Face à la crise, la CMA 41 joue donc elle aussi la partition du numérique, solution miracle du moment. Elle vient ainsi de recruter une conseillère numérique qui réalise des diagnostics gratuits.
Une organisation aux contours incertains
Quelle sera la forme de la future Chambre des Métiers et de l’Artisanat Régionale (CMAR) dont le siège sera dans la capitale de région ? Si des groupes de travail ont tracé les contours au long ce ces derniers mois, on y verra plus clair le 11 janvier prochain, date de l’assemblée générale au cours de laquelle la CRMA deviendra la CMAR.
Sous la houlette d’un secrétaire général (qui pourrait être Olivier Lachaize), huit directions seront mises en place animées par un binôme élu/directeur territorial : accueil-relation client & formalités, développement territorial, marketing ingénierie et développement commercial, fonctions supports, ressources humaines, marketing et communication, l’Université régionale des métiers et de l’artisanat (URMA) et Économie et offres de service. Cette dernière direction aura un rôle central car l’un des enjeux de la régionalisation est bien de « faire du chiffre » ou, si on veut être politiquement correct, de vendre des prestations de service.
Quel impact pour le Loir-et-Cher ?
« Il ne faut pas être abattu, nous allons rebondir », déclare Stéphane Buret, qui avec Yves Tomasi secrétaire général de la CMA 41 devraient être en charge de l’URMA (quatre CFA, six centres de formation continu et six centres d’orientation, soit 400 salariés sur 600). Sur le volet ressources humaines qui fait l’objet d’une préparation minutieuse, on annonce que la réforme se fera à périmètre constant sans suppressions de postes (1).
Les effectifs d’apprentis restent stables en 2020. ©Jean-Luc Vezon
Gérard Bobier, futur président, aura donc du pain sur la planche pour donner une légitimité à cette CMAR. On peut se demander ce que pensent les artisans de cette régionalisation qui pourraient bien, in fine, faire le jeu des métropoles probables futures grandes gagnantes de cette révolution de l’artisanat…
Jean-Luc Vezon
(1) Une commission paritaire régionale transitoire a été créée. Elle est saisie des questions sociales relatives à la réorganisation des CMA.