En pleine crise sanitaire, décernés avec trois semaines de retard, par solidarité avec les librairies fermées, les prix Goncourt et Renaudot ont été décernés ce lundi 30 novembre. Le Goncourt a été attribué à Hervé Le Tellier pour « L’Anomalie » roman moderne et gai et le Renaudot à Marie-Hélène Lafon pour « Histoire du fils » écrit de main de maître.
L’annonce faite via une visioconférence Zoom, loin du restaurant Drouant, a fait souffler à l’image, un vent de modernité, présentant les jurés sous des jours inattendus, prompts à plaisanter gaiement derrière leur ordinateur dont le maniement nécessitait pour certains une assistance extérieure : Pierre Assouline souriant devant un fond animé de plage de palmiers, Éric-Emmanuel Schmitt trônant devant une muraille de livres de La Pléiade, Françoise Chandernagor exigeant derrière ses lunettes noires qu’on fermât les portes autour d’elle…
Côté Goncourt, le choix d’Hervé Le Tellier pour «L’Anomalie» brillant roman où l’on croise un tueur professionnel cuisinant des plats végétariens, avec une forme éclatée, très visuelle, promet une prochaine adaptation en série.
Côté Renaudot, Marie-Hélène Lafon a triomphé avec « Histoire du fils » une fresque familiale ancrée dans la réalité rurale. Vivant la plupart du temps en Auvergne, l’autrice n’est pas tout à fait une femme de réseaux germanopratins, et le prix vient consacrer une écriture sèche, obstinée, humaine, splendide, dévolue à la description d’une réalité paysanne qui a rarement les honneurs de la littérature.
Marie-Hélène Lafon était l’invitée du CDN d’Orléans le 7 octobre dernier dans le cadre d’un Automne de rendez-vous.