Près de 800 à 2.500 personnes, selon les sources, ont manifesté dans les rues du centre-ville d’Orléans dans le calme ce samedi 28 novembre 2020 contre la loi de sécurité globale, et notamment contre le fameux article 24.
Manifestation contre la loi de sécurité globale le 28 novembre 2020 après-midi © SD
C’est dans une ambiance bon enfant que près de 2.500 personnes masquées (selon les organisateurs) et respectant tant bien que mal les distances sociales se sont retrouvées à 14h place de Gaulle. C’est là que s’est formé un cortège qui a défilé ensuite dans le centre-ville en passant par la place du Martroi, pour finir symboliquement en haut de la Rue de la République au pied de Place d’Arc.
Des manifestants qui ont donc répondu en nombre à l’appel des syndicats et des partis politiques, mais ravis aussi de se dégourdir les jambes, et de retrouver des connaissances par cette belle après-midi ensoleillée. La colère, elle, était inscrite sur les pancartes : « Nos libertés se meurent en toute sécurité », « Cachez ces violences policières que je ne saurais voir » , « Effacer les images n’efface pas la violence ». Elle s’entendait aussi dans les slogans scandés tout au long du défilé ; « C’est pas à Darmanin de faire la loi ! » ou « Y’en a ras-le-bol de cet état policier ! »
Les manifestants avaient concocté des slogans percutants durant la manifestation anti loi sécurité globale du 28 novembre 2020 © SD
En ligne de mire, la loi de sécurité globale votée en première lecture à l’Assemblée Nationale le 24 novembre. Un texte qui crée des divisions au sein même de la majorité gouvernementale puisque dans le Loiret deux députés sur six ont voté contre, Caroline Janvier (REM) et Richard Ramos (MODEM). C’est surtout l’article 24 de cette loi qui demande le « floutage » des policiers filmés, mais aussi les “bavures” policières de la semaine ( expulsion “musclée” des migrants place la République le 23 novembre 2020 et l’agression le 21 novembre d’un producteur de musique) qui ont fait descendre les personnes dans la rue (en plein confinement faut-il le rappeler) tant ils ont l’impression quand on les interroge dans le cortège « de vivre dans une société absurde… que c’est tout en ensemble qui fait déborder le vase et qui grignote les libertés, notamment celle de la liberté d’expression ».
D’autres sont plus précis et évoquent l’affaire Benalla : « Si cette loi avait été voté plus tôt, on n’aurait pas eu les révélations des différentes affaires Benalla, parce que c’est un passant qui a filmé les faits avec son téléphone ». Beaucoup demandent par ailleurs l’abrogation de toute la loi car selon un manifestant « c’est une loi qui transforme la police en une milice anonyme au service du seul Etat et qui va selon lui attiser les rancoeurs et la violence de ceux qui détestaient la police avant, ça ne protègera personne. » D’autres, plus fatalistes estiment que cette manifestation citoyenne « n’empêchera pas la loi de passer mais au moins on aura été là ».
Beaucoup de jeunes dans la manifestation orléanaise du 28 novembre 2020 contre la loi sécurité © SD
Des jeunes étaient aussi présents à l’instar de ce futur journaliste qui estime que « avec cette proposition de loi, on manque une occasion de réconcilier la société civile avec sa police et qu’il faut rappeler la nécessité d’une information libre. »
Les policiers eux se sont fait très discrets tout au long du défilé où les manifestants ont croisé rue de la République toutes les personnes qui voulaient profiter de ce premier jour de réouverture des commerces. Et après les discours et les slogans, la manifestation a même pris des airs de kermesse avec l’Internationale et Bella Ciao, avant que chacun rentre chez soi… se reconfiner.
Sophie Deschamps