Depuis le printemps dernier, un nouveau système de surveillance et d’alerte anti-crue fonctionne sur le canal d’Orléans. Mis en place par le Département du Loiret, il doit contrôler et prévoir le niveau d’eau pour mieux anticiper d’éventuelles inondations.
En fonction depuis le printemps, des capteurs surveillent les niveaux d’eau du canal pour prévenir le risque inondation. Explications d’Y.Bergot, A.Touchard et M.Gaudet (de g.à d.). ©EB
« On a été inondé par les eaux de la forêt avant celles du canal… Sur le Cens, les capteurs ont été arrachés », se souvient Frédéric Mura, maire de Fay-aux-Loges. Pour beaucoup de Loirétains, 2016 reste un gros traumatisme avec 278 communes sinistrées dont Fay-aux-Loges particulièrement avec des ouvrages totalement noyés comme ici le pont du Nestin. « Avec ce système on aurait pu atténuer légèrement l’inondation, même si la crue était inévitable, mais surtout avoir plus de temps pour anticiper, réagir, permettre aux communes de déclencher leur plan et prévenir les habitants », souligne Marc Gaudet, Président du Conseil départemental du Loiret.
Aux allures de radar, le capteur qui s’élève au bord de l’écluse du Nestin est l’une des nouvelles stations de mesure de hauteur d’eau installées le long du canal depuis 2019, en complément du réseau déjà existant sur les affluents (Bionne, Cens, Oussance, Crénolle), soit 21 stations au total. « Sept nouveaux capteurs ont été posés sur le versant Loire, de Combreux à Orléans, le côté le plus à risque, explique Yves Bergot, responsable du service départemental canaux et environnement, et 14 équipent les étangs d’alimentation du canal. »
Une modélisation hydraulique fine
Explication aux élus du modèle hydraulique avec le logiciel. ©EB
Opérationnel depuis le mois de mai dernier, ce nouveau système (300 000 €) est plus performant. « Couplé à un nouveau modèle hydraulique, un logiciel va croiser différentes données et calculer en continu le niveau d’eau et de saturation des sols, mais aussi la pluviométrie de Météo France pour connaitre la capacité du canal à supporter la cote critique et que l’on puisse le cas échéant déclencher les procédures et informer les maires ». Et si la pré-alerte ou l’alerte est avérée, une deuxième modélisation est lancée au niveau de chaque station pour prévoir la hauteur des eaux à 3 ou 6 heures. L’information est alors envoyée aux maires par SMS et par mails, et les services du Département entrent en contact avec les communes. « Toutes ces données alimenteront une plateforme que les communes et les gestionnaires pourront ainsi consulter sans être dépendants du Département ».
Des clapets pour évacuer l’eau
Mais ce n’est pas tout, pour renforcer ce dispositif, des clapets mobiles vont être installés au fond du canal en amont des écluses. « Les portes des écluses se ferment en V. Placé 3 à 4 mètres en amont, le clapet crée ainsi un sas. Et en cas de crue, il permet d’ouvrir les deux portes de l’écluse simultanément pour évacuer le plus gros volume d’eau possible et le plus rapidement, explique Alain Touchard, vice- président en charge de la Commission bâtiment, route, canaux et déplacement. Les travaux de celui de Fay-aux-Loges démarreront en 2021. » Un peu comme le projet de digue de Venise mais en plus petit… Coût de l’opération 1,5 millions d’euros par clapet. L’idée étant de former une chaîne Donnery, Mardié (Pont aux Moines), Combleux.
De nouveaux investissements qui s’ajoutent aux quelque 5 millions d’euros déjà engagés sur le canal depuis 2 ans par le Département qui en sera pleinement propriétaire en janvier-février 2021.
Estelle Boutheloup