Orléans très impliquée dans la lutte contre les violences conjugales

En cette journée internationale de lutte contre les violences faites aux femmes du 25 novembre 2020, entretien avec Dominique Tripet, conseillère municipale PCF d’Orléans, ex-présidente du Planning familial d’Orléans, à qui l’ancien maire LR, Olivier Carré, avait confié en 2016 une mission « pour la prise en charge des femmes victimes de violence ». Une mission qui a porté ses fruits avec l’ouverture d’une maison-refuge à Orléans le 1er septembre dernier.

Dominique Tripet, chargée d’une mission municipale pour aider les femmes victimes de violence © SD

Les tee-shirts violets sont de sortie ce 25 novembre 2020 un peu partout en France, pour la journée internationale de lutte contre les violences conjugales, avec une manifestation à 18 heures place de la République à Orléans. Parmi les manifestant(e)s, il y aura bien sûr Dominique Tripet, élue PCF à Orléans, ex-présidence du planning familial qui a piloté la mission « pour la prise en charge des femmes victimes de violence » qu’Olivier Carré, maire LR lui avait confié en 2016. « Une mission éteinte aujourd’hui, souligne d’emblée l’élue avec fierté, car grâce à la forte implication des responsables du CCAS, nous avons atteint notre objectif, à savoir l’ouverture, en ville le 1er septembre 2020, d’une maison-refuge pour les femmes victimes de violences conjugales. »

Un lieu (l’adresse est tenue secrète pour des raisons de sécurité) qui comprend huit appartements pouvant accueillir en urgence femmes et enfants, dont un destiné à une famille nombreuse et un autre à une personne handicapée. Un refuge donc où les femmes violentées peuvent se poser et rester 15 jours voire un mois si nécessaire, le temps de se retourner, de trouver un autre logement, une école pour les enfants mais aussi de gérer d’éventuels problèmes financiers qui vont souvent de pair avec un départ précipité du domicile. Une maison animée  par l’association orléanaise la Halte et gérée par la mairie. 

Une hausse des  violences conjugales pendant les deux confinements

Et la crise sanitaire on le sait n’arrange rien. Les chiffres font froid dans le dos : + 22 % de violences durant les deux premières semaines du premier confinement et + 9% pour la seule première semaine du second. Et déjà 83 féminicides en France en 2020 : « Et encore s’insurge Dominique Tripet, on ne compte pas les féminicides induits, c’est-à-dire les femmes qui se suicident suite à des violences conjugales qui les détruisent physiquement mais aussi psychologiquement avec un chiffre énorme de 300 à 400 suicides par an. » Une loi vient d’être votée pour inclure ces suicides dans les chiffres officiels des féminicides, donc en 2021, on saura exactement combien de femmes ont mis fin à leurs jours en 2020 à la suite de leurs sévices.

La nécessité d’intervenir dès la première agression 

La mission municipale a aussi travaillé sur la nécessité absolue « d’intervenir sur les agresseurs dès la première violence, pour qu’ils prennent conscience de leurs actes et surtout prévenir un meurtre ». Par ailleurs, estime Dominique Tripet, « on ne met pas encore assez de moyens en France pour que ce soit l’agresseur qui quitte le domicile conjugal. » (à l’exception notable de la ville de Douai, NDLR) précisant toutefois : « Les femmes n’ont pas toujours envie de revenir dans l’endroit où elles ont été agressées. » De plus, concernant les formations dispensées aux policiers et aux gendarmes pour bien accueillir ces femmes traumatisées dans les commissariats, l’élue estime « qu’elles ont certes le mérite d’exister mais qu’elles ne sont pas assez nombreuses ».

Et quand on lui parle de l’exemple de l’Espagne qui a débloqué de gros moyens et a vraiment fait reculer les violences conjugales, ces dernières années, l’ex-présidente du Planning Familial soupire : « En France, on est très en retard. Nous ne voulons reconnaître contrairement à l’Espagne que nous sommes encore dans une société machiste. Il suffit de regarder par exemple le tout petit nombre de femmes élues dans les instances de la Métropole pour s’en convaincre. »

Sophie Deschamps

Si vous êtes victime ou témoin de violences conjugales, vous pouvez composer le 3919, (accessible de 9h à 22h du lundi au vendredi et de 9h à 18h le samedi et le dimanche) mais aussi le 17 ou le 114.

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