Jean-Paul Morat, figure locale aux nombreuses facettes vient de tirer sa révérence à l’âge de 81 ans. Depuis plusieurs mois, cet ancien chansonnier, patron de restaurants, expert comptable, écrivain, chroniqueur et humoriste, vivait retiré dans une maison de repos du côté d’Olivet (Loiret). C’est ce grand bonhomme facétieux et rigolard qui est à l’origine de la chute du RPR. « Excuse-moi, Monsieur le Premier Ministre, je ne l’ai pas fait exprès », écrira-t-il plus tard dans un récit autobiographique éponyme.
Jean-Paul Morat (facebook 2009)
Alors qu’il est employé aux Charpentiers de Paris, depuis le début des années quatre-vingt, Jean-Paul assiste, médusé, à un ballet virtuel. Celui d’employées fictives, l’une d’elles allant jusqu’à réclamer son cadeau de Noël que l’expert comptable ira lui porter à domicile. Une situation surréaliste dans un Paris où règne le tout-puissant parti chiraquien. C’est en 1995, après avoir quitté l’entreprise pour se lancer à plein temps dans la restauration et le cabaret, puis avoir subi des menaces d’hommes venus l’interroger avec insistance, que Jean-Paul écrit à un jeune juge : Éric Halphen. Ce dernier se saisit de l’affaire avec une rigueur monacale. Il fait condamner Alain Juppé et Jacques Chirac dans une série de procès retentissants. Exit la maison RPR.
Bonjour Orléans, où Jean-Paul décide de s’installer. Une nouvelle vie commence. Dans son salon rempli de cassette VHS, il se laisse séduire par Internet et ouvre « Les cahiers d’un chat de gouttières », un blog caustique où il livre son humeur du moment. Il y raille les ballotins de chocolats institutionnels destinés aux « petits vieux », dégomme les acteurs politiques et fait part de ses coups de cœur.
Jean-Paul participe, dans la foulée, à une émission « tour de table » d’une radio locale. Il a son public. Et s’entiche de nouveaux amis parmi lesquels Tahar Ben Chaabane, Yves Bodard, Jean Bousquié, mais aussi Antoine Bardet, l’ancien blogueur potache en qui il voyait un digne héritier.
Les soucis de santé plombant, Jean-Paul est contraint de se retirer dans une maison médicalisée, à Olivet. Touché par la Covid-19, il s’est éteint, ce vendredi matin, 20 novembre, à l’âge de 81 ans.
La rédaction de Magcentre présente à l’ensemble de ses proches, ses plus sincères condoléances.
Mourad Guichard